Marion Norbert-Riberolle : « On n'est pas des machines »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Il n'y a pas eu de miracle pour Marion Norbert-Riberolle. La Française rêvait d'un nouveau titre de Championne du Monde Espoirs ce dimanche à Ostende mais comme depuis le début de saison, elle a été en retrait et doit se contenter d'un Top 10 (voir ici). C'est lucide sur sa performance du jour qu'elle s'est présentée en zone mixte au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Quel sentiment domine après ce résultat ?
Marion Norbert-Riberolle : Se satisfaire d'un Top 10, ce serait du foutage de gueule. Clairement, un Top 10, on s'en fout. Je n'étais pas venue pour ça mais j'aurai quand même profité. Aujourd'hui (dimanche), c'était ma dernière course avec mon vélo arc-en-ciel. J'aurai quand même fait la course avec le dossard numéro 1. Ça n'arrive pas à tout le monde de courir un Championnat du Monde en tant que vainqueur sortant. Je pense que j'aurai assez profité du maillot.

UN MAUVAIS DÉPART

Comment s'est passé ton début de course ?
Un peu comme l'année dernière, j'étais bloquée au départ. Je n'ai pas réussi à bien partir. Mais je me suis dit que ça pouvait quand même aller, parce que ça m'était déjà arrivé. Je me suis dit que j'allais bien me débloquer. Ensuite, à la première passerelle, je me suis accrochée avec Amandine (Fouquenet), du coup j'ai dû descendre du vélo. Je suis repartie loin. Du coup, à la grande passerelle, j'ai levé la tête en haut et j'ai vu que j'étais déjà loin pour jouer aux avant-postes. Quand je descendais la passerelle sur la plage, je voyais déjà les filles au bout. Je savais après deux tours que c'était fini pour moi, que je n'allais pas gagner. Les filles qui étaient devant n'allaient pas toutes subir une crevaison ou une grosse défaillance.

As-tu lâché dans la tête à ce moment-là ?
Non. Si j'avais lâché là, je pense que je n'aurais même pas été au départ. Dans le dernier tour, j'ai vraiment vu que c'était mort. C'est là que j'ai vraiment réalisé. Je me suis dit "allez, regarde ton beau vélo. Regarde ton dossard 1. C'est le dernier tour, profites-en." Je n'ai pas de regret à avoir. Si j'avais fait une belle saison, j'aurais eu de gros regrets. Je termine 10e, à 2'11'', au bout de 37 minutes de course. C'est loin des espérances, mais c'est comme ça. La vie ne va pas s'arrêter pour moi.

La course a finalement été assez courte...
Finir avec 36 ou 39 minutes de course, ça m'a fait bizarre. J'ai trouvé que la course n'avait pas duré longtemps. J'ai cru que ça allait durer 50 minutes. Mais de toute manière, avec un, deux ou trois tours de plus, je n'aurais pas pu gagner. La plus forte a gagné. Les filles qui sont devant, on les attendait. Je n'étais pas la favorite aujourd'hui.

« IL Y A QUINZE JOURS, JE VOULAIS ARRÊTER LE VÉLO »

Es-tu arrivée dans la forme que tu voulais ?
Si en début de saison on m'avait posé cette question, j'aurais dit non. J'espérais arriver plus en forme, c'est sûr. Mais on fait avec les moyens du bord et les moyens que j'ai eus ces dernières semaines et même toute la saison. Il y a encore quinze jours, je voulais arrêter le vélo. Mais je me suis dit que c'était le moment de continuer.

Comment as-tu appréhendé cette partie dans le sable ?
Franchement, j'étais complètement paumée. Quand je suis arrivée, je ne savais pas par où passer. C'était trop bizarre. Ce n'était pas du tout comme lorsque j'avais reconnu le parcours. Je voyais François Trarieux, au loin, qui me disait de passer à gauche. Mais pour moi, dans ma tête, c'était bizarre de passer là. J'avais l'impression que ça m'en rajoutait beaucoup. Après, je ne suis pas une spécialiste du sable.

Comment as-tu vécu ce Championnat du Monde à huis-clos ?
Honnêtement, la personne la plus importante pour moi était là aujourd'hui, c'est ma maman. Ça m'a fait énormément de peine que mes petites soeurs ne soient pas là, c'est sûr. Mais j'avais vraiment besoin de ma mère à mes côtés, surtout après ce que j'ai vécu. Il manquait des personnes au bord du circuit, mais je les avais dans ma tête. C'est sûr que ça manque d'être poussée par le public. Mais le virus est toujours là. On peut déjà être heureux d'avoir des courses. On verra ce qui se passera dans les mois à venir. J'espère qu'on pourra vite revenir à la normale.

« MA CARRIÈRE EST À PEINE COMMENCÉE »

A quoi va ressembler la suite pour toi ?
Il me reste encore six cyclo-cross à faire. J'ai envie de prendre du plaisir. Il y aura ensuite une belle saison sur route qui m'attend, avec les classiques. J'espère notamment finir la saison des classiques avec Paris-Roubaix. Mais avant ça, je vais bien profiter des derniers cross.

Comment espères-tu rebondir après cette année difficile ?
Certains ont dit l'année dernière que c'était un coup de chance, lorsque j'ai gagné. Je ne pense pas que ce soit le cas. Je sais ce qu'il faut faire pour être Championne de France ou Championne du Monde. Les sacrifices, je les ai déjà faits. Cette année, j'étais moins bien, mais ce n'était pas facile mentalement. On a beau faire des sacrifices, si la tête n'y est pas à 200%, ça ne peut pas marcher. Maintenant, je sais ce qu'il faut refaire pour revenir au plus haut niveau. J'ai eu 22 ans cette année, ma carrière est à peine commencée. J'étais Espoir dernière année. Maintenant, j'ai encore tout à prouver chez les Élites. Depuis qu'il a commencé le vélo, Mathieu Van der Poel n'est pas Champion du Monde tous les ans. C'est pareil pour Wout van Aert. On n'est pas des machines. Mais justement, des saisons comme ça permettent de rebondir et de revenir encore plus fort.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Marion NORBERT RIBEROLLE