Face aux WorldTeam, les Conti vont devoir « calibrer les objectifs »

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

Comme tous les ans, le calendrier français va reprendre ce dimanche à l’occasion du Grand Prix La Marseillaise. Sept WorldTeams font cette année le déplacement. UAE Team Emirates débarque dans la cité phocéenne avec l’ancien Champion d’Europe Matteo Trentin, par exemple, alors que la Lotto-Soudal va aligner John Degenkolb, Philippe Gilbert ou encore Tim Wellens. Du costaud. Mais ce ne sera qu’une mise en bouche avant de voir 22 formations dont la moitié de WorldTeams sur l’Etoile de Bessèges, dès mercredi. Parmi les coureurs engagés : Michal Kwiatkowski, Geraint Thomas (Ineos Grenadiers), Bauke Mollema, Vincenzo Nibali, Mads Pedersen (Trek-Segafredo), Alberto Bettiol, Rigoberto Uran (EF Education-Nippo), Lennard Kämna (Bora-Hansgrohe)... Pour ne citer qu’eux. Le plateau sera peut-être encore plus riche (!) au Tour de la Provence - avec l’arrivée de nouvelles équipes comme la Deceuninck-Quick Step et son Champion du Monde Julian Alaphilippe - puis au Tour des Alpes-Maritimes et du Var.

FAIRE PREUVE DE RAISON MAIS RESTER AMBITIEUX

Mais alors, comment les formations Continentales St-Michel-Auber 93 et Xelliss-Roubaix Lille Métropole vont-elles bien parvenir à exister au milieu de toutes ces armadas ? Le plateau est très relevé sur chaque course. Maintenant, entre le papier et la réalité… Il faudra voir dans quelle forme arrivent les coureurs. Tout le monde repart de zéro. Contrairement aux autres années, aucun coureur n’arrivera sur le Tour de la Provence ou dans le Var après avoir déjà couru en Australie ou en Argentine, ce qui peut changer la donne. Cela étant, dans tous les cas, ce sera du haut niveau ! Pour une Conti comme la nôtre, ce sera compliqué”, concède pour DirectVelo Frédéric Delcambre, le directeur sportif de l’équipe nordiste. Avant, quand on venait à Bessèges, on savait que l’on pouvait taper des résultats. Même chose lorsqu’il y avait le Tour Med’ qui suivait. Puis tu montais de trois crans à partir du Tour du Haut-Var, se souvient-il. Maintenant, c’est moins évident, tu peux passer à côté de ton mois de février car tu es directement sur du très lourd”.

Dans ces conditions, faut-il revoir les objectifs à la baisse ? “Pas spécialement”, promettait Yoann Paillot il y a quelques jours, lui qui a pris l’habitude de cibler l’Etoile de Bessèges et son chrono d’Alès chaque saison (lire ici). Faire un gros coup est compliqué toute l’année, avec ce plateau ou non, alors ça ne change rien à nos espérances, répond Frédéric Delcambre. Il faut simplement mettre le curseur au bon endroit. Quelle serait une bonne performance ? Qu’est-ce qui serait considéré comme un échec ? C’est la question qu’il faut se poser avant la première course. Pour moi, un Top 10 en haut du Ventoux est une très bonne performance, même si certains diront sûrement que ce n’est pas une victoire… Pour autant, il faut quand même être ambitieux. Tu ne peux pas arriver sur une course en disant à tes gars que ce serait bien de faire 20e, sinon on ne va pas y arriver”. 

RELATIVISER LES ÉVENTUELS ÉCHECS

Du côté de St-Michel-Auber 93, Stephan Gaudry sait qu’il ne faudra pas manquer le peu d’opportunités qui vont se présenter. Il faudra bien calibrer les objectifs. Là où tu pouvais viser un Top 5 par le passé, il faudra peut-être viser un Top 10, effectivement. Il faudra surtout être opportunistes et malins, en allant gratter des bonifications, par exemple. Parfois, ça ne se joue pas à grand-chose. Prendre quelques secondes d’avance avant le chrono de l’Etoile de Bessèges est toujours intéressant. On sait qu’il n’y aura pas 36.000 ouvertures dans le mois, on ne rêve pas. Mais il faut y croire”. Sans doute y’aura-t-il aussi un travail psychologique à effectuer entre le staff et les coureurs après un mois de février qui ne représentera pas totalement ce que pourrait être la suite de la saison pour ces deux équipes. “Si c’est dur, le plus important sera d’échanger après la course et de remotiver les mecs, mais les coureurs parlent déjà entre eux. Les plus expérimentés savent ce qu’il faut dire aux plus jeunes pour les rassurer, si besoin”, ajoute le technicien de « RLM ».  

L’essentiel sera donc d’y croire, et de “relativiser les éventuels échecs. On demandera simplement aux mecs de faire du mieux possible, et de courir en faisant en sorte de ne pas avoir de regrets une fois la ligne d’arrivée franchie”, rappelle Frédéric Delcambre, lequel est convaincu que ses coureurs se feront plaisir à courir dans des pelotons aussi qualitatifs. “Ils doivent aussi en profiter. Courir face à des Champions du Monde, c’est pas mal non ? Ils font aussi ce métier pour ça, c’est une part de rêve qu’ils vont vivre. Il faut simplement qu’ils comprennent qu’ils n’ont pas à faire de complexe, tout en étant respectueux de ces coureurs-là. Ce n’est que du sport. Il faut tenter, et espérer que ça puisse sourire”. Stephan Gaudry, pour sa part, prend l’exemple du néo-pro Jason Tesson, le Champion de France Amateurs en titre. “On est obligé de le prévenir. Les coureurs les plus expérimentés comme Romain Cardis ou Tony Hurel vont le prendre sous leurs ailes. Il sera là pour apprendre en début de saison, on ne peut pas trop lui en demander directement. Il ne fera que l’Etoile de Bessèges et la Drôme Classic en février. On lui a expliqué pourquoi… Sur les autres courses, entre le plateau et les parcours… C’est du très solide. Il vaut mieux procéder comme ça”. Avec prudence et humilité, mais non sans l’espoir de réaliser un bien joli coup quand une ouverture se présentera.

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