Lucinda Brand : « Tout le poids des frustrations est tombé »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Lucinda Brand l'a enfin fait. La Néerlandaise a décroché son premier maillot arc-en-ciel ce samedi au Championnat du Monde de cyclo-cross à Ostende (voir classement). La sociétaire de Baloise Trek Lions exprime à DirectVelo sa joie d'être montée à 31 ans sur la plus haute marche du podium après avoir goûté aux 2e et 3e places ces trois derniers hivers.

DirectVelo : Que représente pour toi ce premier titre mondial ?
Lucinda Brand : C'est très particulier. Je suis passée de peu à côté ces dernières années. Dans les 100 derniers mètres, tout le poids des frustrations des saisons précédentes est tombé. Ce titre en appelle d'autres. C’est un maillot magnifique. Bien sûr, je me sens très bien. Je dois encore réaliser la portée de ce que je viens d’accomplir. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’en rendre compte après avoir franchi la ligne.

Tu avais dit avant la course que si tu remportais la médaille, ce serait une saison parfaite. Qu’as-tu pensé quand tu as franchi la ligne ?
J’étais vraiment fière. Je me suis dit : « Finalement, je l’ai fait, ça tourne à ton avantage ». Dans le final, je me suis un peu mise en colère en me disant : "ça ne peut pas recommencer comme les années précédentes. Tu dois vraiment le faire maintenant". C’était un gros soulagement quand j’ai fini la course. J’ai travaillé dur avec mon équipe. Il ne faut pas attendre pour prendre sa chance de gagner. Je vieillis. Il y a tellement de jeunes qui poussent. C’était ma chance, je l’ai prise.

« J’AI CONTINUÉ DE CROIRE EN MOI »

Comment as-tu géré ta course ?
Je savais qu’il ne fallait pas que je me précipite au départ. Même s’il fallait bien partir pour être devant, j’ai ensuite pris mon rythme. Je pense que j’ai très bien fait même si c’est facile de le dire après avoir gagné. En début de course, Denise Betsema a pris un bon départ et a rapidement creusé un bel écart. J’étais loin derrière après le premier tour. J’ai continué de croire en moi. En voyant la course des Espoirs, j'ai vu qu'il fallait bien doser et ne pas renoncer. J'ai su remonter. Quand une erreur est commise par les autres concurrentes ou qu’un passage dans le sable est moins bien effectué, les positions peuvent facilement changer.

À l’entame du dernier tour, vous étiez toutes les trois devant (avec Annemarie Worst et Denise Betsema). Comment s’est déroulé ce dernier tour ?
Je pense que j’ai réalisé une très bonne partie dans le sable. C’était vraiment le but de tout mettre ici. Dans le champ, je me suis retrouvée avec Annemarie (Worst). Nous avons pris des trajectoires différentes. Nous nous sommes croisées, puis nous nous sommes retrouvées en même position. Malheureusement, elle a chuté. C'est dommage que le contact avec Annemarie se termine par une chute. J'aurais aimé une autre issue pour elle mais je ne peux rien y changer. C’était vraiment glissant partout. Il fallait vraiment rester concentré pour ne pas glisser quelque part et jusqu’au dernier virage.

A propos de la chute, qu’est-ce que vous vous êtes dit à l’arrivée avec Annemarie Worst ?
Je me suis excusée, je lui ai dit que ça n’aurait pas dû se passer comme ça. Ça aurait été mieux s’il ne s’était rien passé. Mais elle était totalement d’accord avec ça. C’est le cyclo-cross. Elle était à l'extérieur et j'ai plongé à l'intérieur du virage où j'avais plus de stabilité. Chacune prend ses trajectoires et des fois, tu te touches.

« JE ME SENS PRESQUE BELGE »

Quelle était l’importance de la course à pied ?
C’était vraiment important, il y en avait beaucoup. Nous n’avons peut-être pas vraiment réalisé de différences dans les parties à pied, mais c’est aussi comment tu récupères après avoir couru. Quand tu sautes sur ton vélo, soit tu pédales, soit tu as plein d’acide lactique. Je suis heureuse d’être bonne en course à pied. Ça prouve que je me suis bien et beaucoup entraînée dans le sable lors des dernières semaines. Je suis restée en Belgique en janvier. J'ai limité les déplacements. Je me sens presque belge.

C’était une course très énergivore… Où penses-tu avoir fait la différence ?
Je pense que la combinaison de toutes les différentes parties a rendu la course dure. Je n’étais pas la meilleure dans le sable. Mais la combinaison avec la course à pied était ma force.

Contrairement à d’habitude, il n’y avait pas des milliers de personnes pour te féliciter. Comment as-tu ressenti ça ?
C’était vraiment différent. Je suis montée quelques fois sur le podium du Championnat du Monde. Normalement, tout le monde se retrouve devant le podium. Les gens applaudissent et chantent l’hymne. C’était un sentiment vraiment très spécial et une ambiance différente. Le public manque à tout le monde. Mais nous devons d’abord être vraiment contentes de la chance que nous avons de pouvoir courir.

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