Marion Norbert-Riberolle : « Ma philosophie a changé »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Marion Norbert-Riberolle s’est rassurée le week-end dernier avant de remettre en jeu son titre mondial, chez les Espoirs, ce dimanche à Ostende. La sociétaire de la Starcasino CX Team revient pour DirectVelo sur sa saison compliquée où elle a perdu sa couronne nationale. La cycliste de 22 ans dévoile également son nouvel état d’esprit dans la perspective de son dernier Championnat du Monde de cyclo-cross dans la catégorie U23. 

DirectVelo : Le week-end dernier, à Overijse, tu as obtenu ta meilleure place de la saison en Coupe du Monde (voir classement) et tu as fini, la veille, dans le Top 10 à Hamme…
Marion Norbert-Riberolle : À Hamme, ça s’est vraiment super bien passé pour moi. C’était la première fois depuis septembre que j'étais libérée mentalement. J’avais l’impression de prendre du plaisir. Je me suis retrouvée moi-même sur le vélo. J’ai joué à l’avant de la course pour le Top 5. Avec l’entraînement effectué en amont, je commençais à fatiguer dans les deux derniers tours. J’étais dans un bon état d’esprit le lendemain à Overijse. Je savais que ce n’était pas vraiment à ma convenance avec la bosse dès le départ. Mais j’étais dans le Top 10 dans les premiers tours. Dans le dernier tour, j’ai réalisé le quatrième meilleur temps. François (Trarieux, le sélectionneur de l’Équipe de France, NDLR) était étonné et content que je me sois battue comme ça. Ça faisait longtemps que je n’avais pas repoussé mes limites. Ça a finalisé ma préparation pour le Championnat du Monde. J’étais contente de ce week-end, ça m’a redonné confiance.

Qu’est-ce qui n’allait pas ces derniers temps ? 
Je n’avais pas la tête à faire du vélo. Je commençais un peu à désespérer au niveau de ma vie personnelle. J’avais vraiment perdu l’envie. Ces derniers mois, c’était super difficile mentalement. Je ne trouvais pas l’envie. Je me posais des questions, si j’avais la volonté d’arrêter le vélo… Ça me trottait tout le temps dans la tête à la fin de chaque course. Ça devenait plus une obligation. Le corps était présent, mais mon esprit n’était pas là. Après ma chute au Championnat de France, j’ai complètement débranché dans ma tête. C’était la première fois de ma vie que c’était le vide total. Ma mère me demandait de dire quelque chose, et je n’avais aucun ressenti et aucune expression. Je n’avais ni joie, ni déception. C’était super bizarre, je me sentais mal. J’ai mis quelques jours à m’en remettre. 

« LA SAISON OÙ J’AURAI APPRIS LE PLUS SUR TOUT »

Que retiens-tu de cette saison avec le maillot de Championne du Monde et de Championne de France ?
Un maillot, ça peut tout changer dans la tête. Ce n’est pas facile à porter. Je me suis mis énormément de pression dès le début de saison surtout avec mon maillot de Championne de France. On se sent beaucoup regardée. On est épiée de tous les côtés. J’ai beaucoup appris cette saison. C'est la saison où j’ai vraiment le plus appris sur tout. Ça a changé ma philosophie en cette fin de saison. J’ai toujours eu du mal à faire les choses moi-même. Je suis encore jeune, ça ne pourra que me faire aller vers l’avant. Je sais ce qu’il faudra reproduire ou pas. On aimerait bien effacer cette saison et tourner une page. Mais il faut finir la saison et prendre du plaisir sur les dernières courses.

Dans quel état d’esprit es-tu avant ce Championnat du Monde ?
Je m’en fous de faire 2e, 3e, 4e ou 5e. Je veux gagner. L’objectif est de ramener un deuxième maillot dans le placard et une nouvelle médaille dans ma chambre. Ce n’est jamais arrivé qu’une Espoir gagne deux fois de suite. Ça m’affecterait plus de perdre mon maillot de Championne du Monde que celui de Championne de France même si j’ai plus porté ce dernier (elle n’a revêtu le maillot arc-en-ciel que lors du Championnat d’Europe ainsi qu’avant et après les courses Elites où elle devait être en tunique bleu-blanc-rouge, NDLR). Je l’ai carrément accroché en face de mon lit avec la médaille. C’est le plus beau maillot. On veut toujours le garder. Je sais ce que c’est de gagner un titre mondial, ce sont des sensations énormes. Je sais ce qu’il faut faire pour aller rechercher ces émotions. Cependant, je ne suis pas favorite, je suis outsider. Si je ne gagne pas, je vais quand même relativiser. Si Kata Blanka Vas ou Manon Bakker ne s’imposent pas, ce sera une grosse déception pour elles car elles ont été au top toute la saison. Elles ont tout à perdre. De mon côté, j’ai tout à gagner, je n’ai rien à perdre. Avec toutes les péripéties que j’ai connues, le podium aura tout de même un goût de victoire.  

« JE NE VOULAIS  PAS QU’ON M’INFLUENCE »

As-tu hésité entre les épreuves Espoirs et Élites ?
C’est une question que mon entraîneur se posait à l’époque. Il aurait préféré que je fasse le Championnat Élites. Mais c’est moi qui ai pris la décision de courir avec les Espoirs. Cette décision m’appartenait, je ne voulais pas qu’on m’influence. Je me suis posée toute seule dans ma chambre. J’ai toute la vie devant moi pour être chez les Élites, alors autant profiter de cette dernière année Espoirs. Je ne veux pas brûler les étapes. Si j’avais joué le Top 5 ou le Top 3 chez les Élites toute la saison, peut-être que j’aurais fait un autre choix. Mais après la saison difficile que j’ai eue, je ne pouvais pas prendre ce genre de décision spéciale.

Comment te sens-tu sur le sable, qui sera une particularité du circuit du Mondial à Ostende ?
Je n’habite pas dans la partie de la Belgique où on peut beaucoup s’entraîner sur le sable. Il ne faut pas chercher à vouloir trop bien faire dans le sable. C’est super technique. Il faut se laisser aller comme si le corps était un chewing-gum, être super relaxée des bras et laisser guider son vélo dans l’ornière. Je suis quelqu’un d’assez brut, ce n’est pas toujours facile pour moi. Ce n’est pas une de mes qualités. Mais sur ce circuit, il faudra aussi descendre du vélo. On passe parfois plus vite en courant comme l’an passé à Dübendorf. C’est un de mes points forts, la course à pied. Il y a aussi une grande partie dans les labourés. Ça me rassure, ce n’est pas que du sable comme à Coxyde ou à Mol.

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Portrait de Marion NORBERT RIBEROLLE