Dunkerque Grand Littoral-Cofidis change ses plans

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Les problèmes continuent pour le sport amateur. Après une année 2020 déjà largement perturbée et orpheline de courses durant de longs mois, les annulations sont toujours à l'ordre du jour, alors même que la saison n’a pas encore repris sur le territoire français. Classique de la pré-saison, organiser des stages devient aussi un parcours du combattant. Charlie Leconte, manager de Dunkerque Grand Littoral-Cofidis, a été contraint de faire une croix sur le séjour prévu en Espagne, destination prisée des coureurs en hiver. Il décrit à DirectVelo une pré-saison avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en raison de la crise sanitaire.

DirectVelo : Pourquoi avoir annulé le stage en Espagne ?
Charlie Leconte : À cause de la Covid, c'est compliqué. Même si on avait trouvé un hôtel, les restrictions, les tests PCR… c'est un problème. On le fait à chaque fois, mais c'était compliqué d'aller là-bas. J'ai des coureurs belges. Quand ils rentrent ils doivent suivre une quarantaine d'une semaine. Certains travaillent, le patron n’est pas d'accord pour les laisser partir une semaine et reprendre une semaine de quarantaine derrière. Autre raison, c'est qu’on se demande si ce n’est pas trop tôt de faire un stage en janvier, en sachant presque que le début ne sera pas en février. On vit un peu au jour le jour. On est inscrit dans le Var, on se demande si ça aura lieu. Les réunions en préfecture sont le 2 février, d'ici là ça peut bouger. Je ne suis pas convaincu qu'il y aura l'ouverture. Donc on a préféré annuler.

À quand remonte la décision ?
La semaine dernière. On devait partir ce mercredi et y être le soir. Mais en début de semaine dernière, on a vu les restrictions un peu plus dures en Catalogne. Elles devaient être en place jusqu'au 17, mais on a vu que c'était encore prolongé jusqu'à la fin du mois. S’il y a des restrictions là-bas et qu'on ne peut pas bien travailler, en plus de l'incertitude du début de saison... Ce n’est peut-être pas utile d'aller dépenser 7 000 euros pour un stage qui ne sera pas bénéfique.

« TOUT LE MONDE A COMPRIS »

Comment Dunkerque va rattraper ce stage annulé ?
On est en stage en fin de semaine prochaine, à Nielles-lès-Bléquin, dans le Pas-de-Calais. Suivant ce qui va être dit début février, ou avant le Var, on va réfléchir à d’autres stages. On fera peut-être un regroupement avant les Boucles du Haut-Var, si elles sont maintenues. Sinon on fera un stage à la période où on était censé disputer la course. Surtout si on voit que la saison démarre vraiment fin février-début mars. Pourquoi pas une semaine en Espagne si on ne va pas dans le Var. Et puis peut-être un stage dans notre région. Quant à nos coureurs qui devaient prendre part au stage avec Cofidis (Guillaume Dauschy et Kylian Senicourt, NDLR), c’est annulé mais ils auront d’autres occasions a priori.

Comment les coureurs ont accueilli la nouvelle ?
Tout le monde a compris. Ils ne sont pas idiots, c'est une période compliquée. Certains sont partis en Corse pour 15 jours. Mais c'est vrai que ce n’est pas facile pour eux, ça ne l'était déjà pas l'an passé. Au Tour de l'Avenir, on avait des mecs qui se préparaient et ça a été annulé juste avant. Là c'est un peu moins strict car il y a l'entrainement, mais est-ce que les compétitions auront lieu, c'est moins sûr. S'entrainer sans savoir si les objectifs seront maintenus, c'est compliqué pour eux. Tout comme les entraineurs qui doivent garder les gars motivés. On dit qu'on part dans le Var le 12, mais on va attendre début février.

« POURQUOI AURIONS-NOUS PLUS DE DROITS ? »

Quel est le discours auprès des coureurs ?
On doit montrer qu'on est optimiste. Ils voient bien ce qui se passe, ils sont matures, ils voient tout chez eux et à côté. Les mesures prises en France, en Belgique, en Espagne, ils voient que ca va être compliqué de démarrer la saison... On dit que si le vaccin est là ça va aller, mais ça ne va pas changer grand chose au niveau des gestes barrières et autres mesures. En EHPAD, ils sont vaccinés, mais ils sont quand même avec les masques et dans le respect des gestes barrières. On tient les coureurs informés au jour le jour. On a 95% de nos courses validées, mais quand j’appelle des organisateurs, ils attendent, ils travaillent, ils font les démarches… mais ils ne savent pas s’ils pourront faire courir les gars. Et d’autres équipes ont aussi annulé leur stage.

Mais pas toutes… As-tu peur que Dunkerque soit handicapé par rapport à d’autres formations ?
Il y aura toujours une différence. Si on avait les moyens pour « hypothéquer » de l'argent on le ferait, mais on peut surtout mettre ce budget ailleurs pour la suite. Si on était sûr de courir les Boucles du Haut-Var, on partirait, mais là ce n’est pas le cas. Même pour février et mars... Le milieu professionnel est un peu protégé, car c'est leur gagne pain. Il y a des directives, mais on verra le début de saison avec la Marseillaise et Bessèges... Nous, dans le sport amateur, les matches de foot ou de rugby n'ont pas lieu. Donc pourquoi aurions-nous plus de droits ?

Tu n’as pas l’air très optimiste toi-même…
On est optimiste sur le travail des gars cet hiver, le recrutement, les partenaires, la gestion de la structure… On est prêt. Mais on a du mal à se projeter sur l'avenir. On a aussi les annulations des courses en Belgique, les organisateurs ne nous prennent pas par protection nationale. Ils doivent privilégier les équipes belges et délaisser les étrangères, donc on subit. On essaye de se recadrer et de changer nos programmes. On ira faire des courses 1,2,3 en France au lieu d’aller en Belgique. On espère au moins qu’on pourra attaquer en mars pour préparer les premiers objectifs comme la manche de Coupe de France à Saint-Etienne.

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