Pierrick Bailleux : « J’avais perdu le plaisir »

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

À la sortie d’un bon exercice 2019 chez les Juniors, la saison 2020 devait être celle de la découverte du plus haut niveau amateur pour Pierrick Bailleux. Finalement, elle a été pour le désormais ex-sociétaire du Guidon Chalettois (N1), son club de toujours, celle d'un grand virage et ce dès le mois de mars. Une pause qui s’est imposée à lui lors du confinement, un choix motivé par une certaine lassitude du haut niveau.

"J’ai couru plusieurs épreuves Elite en début d’année, et ça s’est très mal passé, relate-t-il auprès de DirectVelo. J’ai enchaîné les galères dès les Boucles du Haut-Var (il a disputé les 2e et 4e manches, NDLR), avec une grosse chute qui m’a emmené à l’hôpital, et des ennuis mécaniques. Ça m’a bien dégoûté de la compétition. Et lorsque le confinement est arrivé, j’ai complètement décroché. Je n’aime pas du tout le home-trainer, ça ne m’amuse pas, et j’ai commencé à sécher les entraînements. D’abord un, puis deux, puis les autres. Et je n’ai jamais repris."

« JE SENTAIS QUE QUELQUE CHOSE N’ALLAIT PAS »

Un décrochage progressif, donc, pour celui qui abordait pourtant sa première année dans les rangs Espoirs avec une certaine impatience, et des objectifs bien définis. "Je voulais gagner en 2e caté, et au moins réussir à suivre chez les Elites, explique le garçon de 19 ans. Mais dès ma première course, j’ai eu du mal. J’ai été lâché après 20 kilomètres, alors que chez les Juniors, j’arrivais à suivre. Je sentais que quelque chose n’allait pas. Je n’étais pas en grande forme, c’est vrai, mais quand je voyais que ceux que je battais l’année d’avant marchaient beaucoup mieux que moi, ce n’était pas facile."

Car Pierrick Bailleux était attendu en début d’année, après une saison 2019 où il avait remporté une étape et le général de la Prestige Junior-Tour du Val de Saône (Coupe de France) ainsi qu’une étape du Tour de Gironde, et terminé notamment 4e de la Bernaudeau Junior. Ces résultats lui avaient permis de terminer 24e du Challenge Morphologics-DirectVelo Juniors (voir le classement), et lui avaient ouverts les portes de la N1 du club du Centre-Val de Loire. Mais il n'a pas réussi à supporter les attentes liées à son statut de coureur prometteur. "Quand on me disait « Pierrick, aujourd’hui on compte sur toi », ça me mettait une pression de dingue. Je n’aimais pas ça. Ça peut en motiver certains, mais pas moi".

Et après ces premières semaines très compliquées, il a profité du confinement, décrété début mars, pour s’éloigner petit à petit des exigences du haut niveau. "Sans le confinement, je pense que j’aurais continué, souffle-t-il. Mais je ne regrette pas. Ça fait des années que je ne fais que du vélo, donc ça m’a permis de souffler et de profiter un peu plus sereinement. Je roule avant tout pour le plaisir. Chez les Juniors, c’était vraiment le cas. Mais cette année, dès le début, j’ai senti que j’avais perdu ce plaisir."

UN RETOUR AU PLUS HAUT NIVEAU AMATEUR DANS DEUX ANS ?

Membre du Guidon Chalettois depuis l'école de vélo, il juge par ailleurs avoir été bien encadré à ce moment-là par son équipe de toujours. Il relève ainsi le soutien de Stéphane Foucher, son directeur sportif. "Il me connait très bien, et il savait que je n’allais pas revenir sur ma parole. Mais il pensait que j’allais reprendre en 2021, et il m’avait même proposé une place dans l’équipe." Une proposition que Pierrick Bailleux a déclinée. 

Et à l'heure de regarder dans le rétro, le 3e de La Prestige Junior 2018 relève surtout un évènement qui l'a particulièrement marqué. "La première fois que j’ai porté la tenue de l’Equipe de France, j’ai eu des frissons. Ce n’était que pour un stage, mais c’était vraiment un honneur, et un des plus beaux moments de ma vie." Il a porté une seconde fois le maillot tricolore, à l’occasion du Tour du Pays de Vaud 2019.

Désormais, place à la suite pour Pierrick Bailleux. Libéré de la pression et des contraintes du cyclisme de compétition, il évoluera la saison prochaine en 2e Catégorie, au VC Fontainebleau-Avon : "L’équipe a été déçue que je change de club, mais elle a parfaitement accepté ma décision". Étudiant en BTS géomètre-topographe, il souhaite ainsi prendre deux ans pour finir ses études et retrouver un "vélo plaisir" avant, peut-être, et même si "ce sera difficile", de reprendre la compétition au plus haut niveau amateur.

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