Erwann Guenneugues : « Je n’ai pas trouvé ce que je cherchais »

Crédit photo Christian Cosserat / DirectVelo

Crédit photo Christian Cosserat / DirectVelo

Erwann Guenneugues n’a pas franchement marqué la saison 2020 de son empreinte. Après des années Juniors convaincantes (lire ici) et deux premières saisons intéressantes chez les Espoirs, le Breton n’est pas parvenu à confirmer son potentiel sur le dernier exercice annuel sous les couleurs du VCP Loudéac. Mais le longiligne coureur - résident à Languidic (Morbihan), à côté de Lorient, et étudiant en troisième année de Licence de Lettres Étrangères Appliquées - a profité de cette drôle de période pour prendre beaucoup de recul et s’imaginer de nouveaux horizons. Sans pour autant renoncer à ses rêves sur le vélo. C’est d’ailleurs avec la ferme intention de se relancer et de retrouver le haut des classements qu’il a fait le choix de changer une nouvelle fois de club pour rejoindre une autre N1 bretonne : Côtes d’Armor-Marie Morin-Véranda Rideau. Entretien pour DirectVelo

DirectVelo : On t’imaginait plus à ton avantage sur cette saison 2020. Que s’est-il passé ?
Erwann Guenneugues : J’ai mal géré cette saison mais je ne saurais pas vraiment comment l’expliquer. Je suis peut-être arrivé trop préparé dès janvier. J’ai eu un coup de mou dès les Plages Vendéennes. Je me sentais mieux au moment de la Route bretonne mais la saison s’est vite arrêtée. Le premier confinement m’a vachement démoralisé. J’avais la sensation de jouer gros sur cette année d’Espoir 3. Pour moi, c’était le moment où il fallait percer car l’année d’Espoir 4 devient pratiquement la dernière chance de passer pro, il ne faut pas se voiler la face. J’ai eu le sentiment que j’étais privé d’une partie de la petite période qu’il me restait pour faire mes preuves et ce n’était pas facile à vivre sur le moment.

« CE N’EST PAS NÉCESSAIREMENT UNE FIN EN SOI »

Et tu as lâché l’affaire pendant le confinement ?
Non, pas vraiment. Enfin… Disons que ce confinement était clairement un piège mais en quelque sorte, je ne suis pas malheureux d’être tombé dedans car j’ai passé l’un des meilleurs été de ma vie. J’ai pu en profiter, avec mes amis, découvrir de nouvelles activités etc. Mais j’ai quand même bien roulé. Peut-être même trop. J’en ai beaucoup fait. Je me suis beaucoup amusé avec Zwift mais en quelque sorte, je suis tombé dans un cercle vicieux. En parallèle, j’ai trouvé du travail dans une Biocoop. J’ai pris goût à cette vie plus “normale”. Tout ça m’a fait du bien et ça m’a fait relativiser ma vision du cyclisme. J’ai réalisé que, même si ce serait super de passer pro, ce n’est pas nécessairement une fin en soi. Il y a une vie à côté.

Mais le mois d’août a étrangement ressemblé à ton début de saison…
Physiquement, je me suis vite senti fatigué car j’avais beaucoup roulé à l’entraînement. Sur le stage de juillet avec l’équipe, je me sentais super bien, j’avais tout fait à bloc. J’étais globalement dans la même condition qu’à Calpe en janvier. En fin de compte, j’ai fait deux fois la même erreur. J’aurais dû en garder sous le pied et mieux gérer ces phases-là. Je suis arrivé sur les courses du mois d’août déjà fatigué physiquement et mentalement, comme en février.

L’hiver dernier, tu avais fait le choix de rejoindre le VCP Loudéac dans le but de passer pro : était-ce trop de pression ?
Il y avait forcément de la pression. Si on veut passer pro, on est obligé d’en avoir. J’étais allé à Loudéac pour ça, c'est sûr. C’est un objectif qui semble atteignable et loin à la fois. Il faut être bien physiquement mais aussi dans sa tête et ce n’était peut-être pas le cas cette année. Cela dit, encore une fois, je me dis que ce ne serait pas une fatalité que je ne passe pas pro. Il y a d’autres choses à vivre dans la vie. En prendre conscience m’enlève un poids.

« JE N’AI RIEN À LEUR REPROCHER »

Tu n’auras finalement porté les couleurs du VCP Loudéac qu’une seule saison !
Je n’ai pas trouvé ce que je cherchais. J’ai toujours baigné dans un monde du vélo qui se voulait très familial, avec des coéquipiers qui étaient aussi des amis avec qui je pourrais aussi partir en vacances. Au VCP Loudéac, les relations étaient un peu plus professionnelles.

Parce que chacun espère décrocher un contrat chez B&B Hôtels-Vital Concept ?
Oui. On a beau être coéquipiers, on sentait bien qu’il y avait une certaine rivalité dans le sens où si ton propre coéquipier fait un meilleur résultat que toi, c’est lui qui passe pro et pas toi. Le staff du club n’a rien fait pour ça, ils ne mettent pas ce genre de pression négative. Je n’ai rien à leur reprocher. C’est plutôt quelque chose d’inconscient qui se fait entre les coureurs. Franchement, c’est une superbe équipe dans laquelle j’ai beaucoup appris malgré tout. Je considère simplement que ce n’était pas un environnement favorable pour moi.

Pourquoi avoir fait le choix de rejoindre l’équipe Côtes d’Armor-Marie Morin-Véranda Rideau ?
Ils me voulaient depuis plusieurs saisons. Mais mon DS de la Crêpe souhaitait que je reste une année de plus entre Espoir 1 et 2. Puis l’année suivante, j’ai fait le choix de Loudéac en tant que réserve d’équipe pro. Thierry Pecheul (manager de Côtes d’Armor, NDLR) m’avait lancé une phrase qui m’a marqué : “Il fallait faire un choix, tu l’as fait, mais ça ne remet pas en cause nos affinités et peut-être que nous serons amenés à nous retrouver sur le même chemin plus tard”. J’avais trouvé ça très beau et il avait raison puisqu’on se retrouve aujourd’hui (sourire). Je suis très content de rejoindre l’équipe. Je vais y retrouver des amis très proches et une ambiance semblable à celle de la Crêpe, sûrement. Je pense que ça va me convenir. J’ai pris du recul mais je reste ambitieux. Je suis clairement déterminé pour 2021. 

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