Championnat d'Europe sur piste : « Il y avait un manque de béton »

Crédit photo Bettini - uec.ch

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Les pistards Juniors et Espoirs se sont retrouvés pour leur Championnat d'Europe la semaine dernière à Fiorenzuola en Italie. Sur la piste en ciment de 396 mètres, les sprinters français ont rapporté trois médailles, toutes grâce à Taky Marie-Divine Kouamé. Alexandre Prudhomme, qui encadrait les coureurs durant ce Championnat, revient pour DirectVelo sur le seul grand rendez-vous international de l'année pour les jeunes.

DirectVelo : Avec la saison 2020 sans beaucoup de repères, comment s'est faite la sélection ?
Alexandre Prudhomme : La sélection n'était pas facile à cause du Covid. D'habitude pour les Juniors, on se base sur le plan Savoir rouler vite. Cette année, on s'est basé sur les jeunes qu'on a vus au stage du mois de mars. Le stage du mois d'août a confirmé nos choix. Pour les Juniors filles, nous avons pris deux filles des pôles avec Taky Marie Divine du Pôle France et Julie Michaux du Pôle ultramarin.

UNE SÉANCE A LA CIPALE

Est-ce que les coureurs se sont entraînés sur une piste en ciment comme celle de Fiorenzuola ?
On n'a su que début septembre que le Championnat d'Europe aurait lieu sur une piste de 400 m, à Forli d'abord puis à Fiorenzuola (lire ici). Nous sommes allés à la Cipale (piste de 500 m NDLR) pour une séance. Deux autres étaient prévues mais il a plu. Et il y a eu peu d'épreuves sur des pistes en ciment cette saison.

Quels changements entraînait le choix d'un vélodrome en plein air ?
En vitesse par équipes, 400 mètres au lieu de 250 mètres au tour, ça joue énormément. Les démarreurs sont habitués à un effort de 250 m. On a dû adapter le braquet de Florian Grengbo et son effort. Le relayeur, Vincent Yon, est dans sa première année Espoirs mais c'était déjà son poste quand il est Champion du Monde Juniors en 2018 mais sur une piste de 200 mètres. Tom Derache était à son avantage sur 1200 mètres mais il fallait que devant, tout soit opérationnel.

La vitesse par équipes des Espoirs Hommes termine 5e, sans médaille...
On espérait une finale, petite ou grande, pour un podium pour les garçons. Ils ont déjà eu des résultats internationaux. Les braquets choisis n'étaient pas les plus adéquats. On a fait un pari audacieux en mettant plus gros. On n'a eu qu'un seul accès à la piste, comme toutes les équipes, avant la compétition pour tout travailler. Mais ce Championnat a été l'occasion pour les trois (Florian Grengbo, Vincent Yon et Tom Derache) de refaire de la vitesse par équipes.

LA PREMIÈRE AVEC TROIS FILLES PAR ÉQUIPE

C'était aussi la première fois que l'équipe de France présentait une équipe avec trois filles...
Au début, on était parti sur une vitesse par équipes de deux. Mais l'UCI a rappelé à l'UEC une semaine avant le Championnat qu'il fallait être à trois (lire ici). C'est un objectif d'avoir une vitesse par équipes capable d'aller à Paris. Il faut reconstruire un vivier. 5e, c'est encourageant avec une endurante, Flavie Boulais, sans énormément de travail. C'est déjà une satisfaction d'avoir pu aligner une équipe de trois.

Les trois médailles de Marie-Divine répondent-elles à ses objectifs ?
L'objectif était de jouer un maillot mais nous sommes déjà satisfaits des trois médailles. Elle a trouvé un peu plus forte sur sa route. Elle montre que son titre mondial de l'an dernier (au 500 m, NDLR) n'était pas de la chance et qu'on pourra compter sur elle dans un futur proche. A Fiorenzuola, elle était déjà contente d'être en finale de la vitesse et elle n'a pas poussé la balle jusqu'au fond des filets. La Russe (Alyna Lisenko, NDLR) était très forte mais il y avait la place. On avait changé ses braquets en fonction de la piste mais Marie-Divine est restée sur sa tactique d'une piste en bois. Mais ça s'apprend au fur et à mesure. D'une manière générale, il y avait un manque de "béton" chez les participants.

Mathilde Gros n'a pas eu de médaille, est-ce une déception ?
Mathilde n'aime que la victoire, elle serait de toute façon déçue par une médaille. Elle est en pleine période de travail en vue des JO. Elle n'est pas arrivée en forme optimale à ce Championnat, elle vise plus le Championnat Elite dans un mois. Mais c'est vrai qu'on n'aurait pas craché sur un maillot ou une médaille.

« ON A JOUÉ PLACÉ, PAS GAGNANT »

Est-ce que ses concurrentes du même âge ont pris un ascendant sur elle ?
Les Allemandes qui étaient très fortes ne sont pas sûres d'aller au Championnat Elites. Elles ont fait des stages sur des pistes en béton. Je ne pense pas qu'il y ait un impact psychologique dans un sens ou dans l'autre, du côté de ses adversaires.

Du côté des hommes, il n'y a pas de médailles...
Les Juniors sont à leur niveau, physique ou tactique. Thierry Fontanille, 4e en vitesse est à sa place. En keirin, ils ont été spectateurs. Chez les Espoirs, Tom Derache aurait mérité d'aller plus loin en vitesse (4e du 200 m lancé) mais il se fait déclasser en 1/4 de finale pour ne pas avoir gardé sa ligne. Vincent Yon est déclassé en 1/8 car il se rabat dans le couloir sans avoir une longueur franche d'avance. En keirin, Tom se fait aussi déclasser pour avoir roulé sur la côte d'azur en voulant éviter de faire tomber tout le monde.

Quel bilan général tires-tu de ce Championnat pour le groupe sprint ?
On revient avec trois médailles, quatre places de 4. On a joué placé mais pas gagnant. Parfois, on ne laisse pas de miettes aux autres...Les Russes et les Allemands étaient très bien préparés, nous sommes à notre place. On a appris avec chaque athlète et on repart au travail plus sereinement.

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