A Imola, l’Italie et l’UCI ont réussi leur pari

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

En quelques minutes, l’image fait le tour des réseaux sociaux. Alors que les médaillés sont en zone mixte pour répondre aux questions des journalistes, l’arche d’arrivée s’écroule sur la route. Le chrono Elites Hommes était terminé depuis à peine une trentaine de minutes. Cette péripétie restera anecdotique mais elle aurait pu être dramatique si le portique était tombé au moment où un coureur en terminait. C’est au final le seul incident notable d’un Championnat du Monde qui s’est organisé en moins d’un mois. “Habituellement, un Championnat du Monde s’organise en deux ou trois ans, là ce fut en trois semaines. Mais l’arche serait tombée de la même façon s’il y avait eu plus de temps de préparation”, estime un proche de l’UCI interrogé par DirectVelo. Il a fallu travailler une bonne partie de la nuit pour tout remettre en place. Et le samedi matin à 9h, quand David Lappartient part donner une conférence de presse, il n’y a plus la moindre trace de l’incident.

Travailler dans l’urgence pour ce Mondial d’Imola, l’organisation italienne - la même que celle du Tour d’Italie Espoirs - et l’UCI en avaient pris l’habitude au fil des jours. L’instance assure que Imola, ultra-favorite, a bien appris sa désignation la veille de l’annonce officielle, à savoir le 1er septembre. Face à la candidature italienne, il y avait celle de la Haute-Saône, désireuse d’accueillir l'événement du côté de la Planche des Belles Filles. Avec le recul, il est difficile d’imaginer le petit poucet français terrasser l’ogre italien tant Imola présentait des avantages. Au-delà de l’aspect financier, Imola avec son circuit automobile fermé présentait bien des atouts. “Les parcours sont intéressants, les routes ont été en partie ré-asphaltées. Il y avait des infrastructures de bonne qualité. La géographie était idéale, avec les aéroports, les trains… On était dans une zone bien équipée”, résume pour DirectVelo Louis Chenaille, le chargé des relations médias à l'UCI.

« PAS L’AMBIANCE HABITUELLE »

Une fois le lieu désigné, l’organisation, l’UCI, les collectivités ou encore les autorités locales ont dû mettre les bouchées doubles pour réussir ce pari. “Un vrai challenge”, dit Louis Chenaille. “Ce qui paraissait le plus important, c’est que les téléspectateurs sentent que c’est un événement majeur et de bonne qualité”, ajoute-t-il. Et sur place ? Certains indices montraient bien la course contre-la-montre livrée par l’organisation italienne. La veille de la première compétition, ils étaient encore nombreux à s’activer sur le terrain pour que tout soit prêt le lendemain. Mais le jour j, il était difficile d’imaginer que moins d’un mois et demi plus tôt, l'événement était encore prévu à 5h30 de route d’Imola, à Aigle et Martigny.

Côté ambiance, en revanche, ce n’était pas celle habituelle d’un Championnat du Monde. Contexte sanitaire oblige, il fallait être accrédité - ou payer pour prendre place en tribune - pour espérer voir, de loin, un coureur au départ des deux courses en ligne. L’accès au parking des équipes était également impossible pour les invités et les médias. “Dans l’autodrome, ce n’est pas l’ambiance habituelle d’un Championnat du Monde. On ne voit pas des gens avec des drapeaux etc. Les tribunes étaient vides pour les chronos et la course des féminines. Il y a des mesures sanitaires évidentes qu’il faut respecter. Il n’y a pas l’ambiance qu’on connaît mais c’était important qu’on le fasse. C’était essentiel. C’est mieux que rien”, estime un habitué du rendez-vous. Hors du circuit, pendant les chronos, DirectVelo croise un spectateur français qui peine à partager cet avis. “C’est mon 31e Championnat du Monde et je ne vais même pas réussir à voir l’arrivée”, soufflait l’homme qui n’arrivait pas à acheter des places pour accéder à la tribune. Le public italien, connaisseur, était lui loin de l’autodrome, et notamment massé dans la Gallisterna, le juge de Paix du circuit où Julian Alaphilippe s’est envolé dimanche après-midi.

« UN SUCCÈS GROUPÉ »

Des médias désireux de couvrir l’évènement n’ont eux pas été accrédités. Alors que l’UCI donne le sésame en temps normal à entre 500 et 600 journalistes, ils n’étaient environ que 350 cette année. “On a été plus sélectif, indique Louis Chenaille. Nous avons privilégié le qualitatif, avec ceux qui ont l’habitude de l'événement, ceux qui connaissent le cyclisme et savent comment travailler. Par exemple, les photographes vont sur le terrain, sur la ligne d’arrivée, dans des navettes... Il fallait des gens qui connaissent le métier. On a fermé les accréditations beaucoup plus tôt. On s’est gardé deux semaines pour adapter derrière ce qu’il fallait”.

Même si quelques frictions ont été aperçues, les accès étant très limités, il n’y a pas eu de couac majeur pendant les quatre jours de course. “Il faut tirer un chapeau à l’organisateur, dit Louis Chenaille. Il ne faut pas croire qu’une seule partie peut mettre en place un Mondial en trois semaines. Il y a les autorités, les collectivités, la police, les services de l’état… Tout le monde a joué le jeu. C’est un succès groupé. Sans se tresser des lauriers, on sait faire, on a des bons prestataires. On a senti très tôt que tout le monde jouait le jeu. On a senti une implication et un savoir-faire qui permet d’être serein dans ce qu’on fait”. Les commentaires élogieux de Thomas Bach, président du Comité International Olympique, ont été appréciés du côté de l’UCI. “Il a été assez impressionné car le cyclisme est un grand sport olympique, le 3e en termes de médailles et de participations. Et cette année, c’est certainement le seul qui est capable d’avoir un calendrier de plus de trois mois et un Mondial. Il a pu juger sur pièce. Il y a eu une reconnaissance de ce qui a été réalisé”. Titrés en Emilie-Romagne, Julian Alaphilippe, Filippo Ganna et Anna van der Breggen remercient encore les organisateurs.

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