Julien Bernard : « Du Julian tout craché »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Julien Bernard se marre au moment où il commence à raconter son inoubliable journée. “Me voilà pour la deuxième année de suite équipier d’un Champion du Monde”, dit l’habituel équipier du Danois Mads Pedersen chez Trek-Segafredo, et cette fois-ci homme de confiance de son compatriote Julian Alaphilippe.

LE TRAVAIL DE L’OMBRE

Le Bourguignon a été le premier tricolore au service du futur Champion du Monde. “Je pensais que c’était un circuit où il ne fallait pas rester derrière, mais c’est au final ce que Julian a décidé de faire. Je le ramenais à chaque fois au pied des bosses”. La suite s'est vue à la télévision. Quentin Pacher et Nans Peters ont tiré “le premier coup de pistolet” qui a mis une partie du peloton dans le dur. Il reste alors 70 kilomètres. “Des coureurs ont commencé à être distancés et, de mon côté, j’ai lâché juste après”. C’est depuis le bus qu’il a vu son pote porter son attaque décisive, avant de le rejoindre pour l’arrivée 100 mètres après la ligne.

A l’inverse de ses septs coéquipiers du jour, Julien Bernard ne sort pas du Tour de France. Il n’était pas franchement le coureur le plus attendu dans la liste de Thomas Voeckler. “Il manquait quelques grands leaders et sur le papier cette équipe ne faisait peut-être pas rêver, reconnaît le coureur de 28 ans, réputé pour son état d’esprit toujours irréprochable dans un collectif. Cependant la cohésion qu’on a montrée et la foi qu’on a eue en Julian ont permis d’aller décrocher ce titre. Parfois, il n’est pas nécessaire d’avoir une dream team pour gagner. Il faut que tout le monde croit en un mec, et aujourd’hui il a eu les jambes pour s’imposer”.

« ON LISAIT QU’IL AVAIT FAIT UN MAUVAIS TOUR DE FRANCE »

L’émotion monte au fil des minutes où il revient sur ce titre Mondial. “J’ai les larmes aux yeux en repensant au podium et à la Marseillaise. Julian a eu un hiver compliqué. C’est quelqu’un dont je suis proche et le voir gagner sur le Tour m’a déjà fait plaisir pour lui”. Et là, l’Auvergnat est Champion du Monde 23 ans après Laurent Brochard. Une éternité. “Je vais pouvoir dire que j’étais là. Dans une carrière, ce genre de choses compte. Ce qu’il nous a fait vivre est indescriptible”.

En zone mixte, Julien Bernard a pris le temps de regarder son téléphone alors que son leader enchaînait les interviews tout près de lui. Il a sans doute lu des messages bien différents des dernières semaines. “Julian ne faisait pas l’unanimité sur les réseaux sociaux, avait-il pu observer. On lisait qu’il avait fait un mauvais Tour de France, mais les gens ne se rendent pas compte de la difficulté des choses et ce dimanche, il a répondu de la plus belle des manières. Il est Champion du Monde avec la manière et je pense qu’il n’y a rien à dire”. Pourtant, le vainqueur du Faron sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var aurait pu rester encore longtemps à refaire cette journée inoubliable.

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