Kenny Elissonde : « Ce con, il m'a fait chialer »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Kenny Elissonde a vécu la victoire de Julian Alaphilippe à distance sur le circuit d’Imola. “J’essayais de m’arrêter pour voir sur les écrans géants ce qu’il se passait”. Mais c’est quand il a retrouvé son compagnon de chambre, que l’émotion a remonté. “Ce con, il m’a fait chialer”. Le coureur de la Trek-Segafredo raconte sa journée à DirectVelo.

DirectVelo : Comment avez-vous manœuvré sur ce Mondial ?
Kenny Elissonde : On a voulu mettre un coup à un peu plus de deux tours de l'arrivée, mais ensuite on est resté en second rideau. On ne voulait pas prendre les choses en mains parce que c'était encore trop loin de l'arrivée. Il y avait des parties plates qui étaient aussi difficiles entre les montées. Le but, après ce gros coup de vis, c'était vraiment de rester en second rideau et d'accompagner Julian le plus loin possible pour qu'il place son accélération après. Il est dans son jardin, Julian, quand ce sont des montées pentues avec des efforts courts et très intenses. Donc après, c'était à lui de faire ce qu'il sait faire le mieux.

Le plan était parfait...
C'est clair. On avait établi un plan de course et ça a bien fonctionné. Des journées parfaites comme ça, ça n'arrive pas très souvent dans le vélo, donc il faut l'apprécier. C'est une grande journée. Pendant tout le dernier tour, j'essayais de m'arrêter pour voir sur les écrans géants ce qu'il se passait. J'avais presque les larmes aux yeux pendant toute la fin du parcours. Mais dans la tente, c'était trop. J'ai craqué.

« JULIAN M’A DIT : JE SUIS COMME A LA VEILLE  D’UN MILAN-SAN REMO »

On t'a senti très ému à l'arrivée.
Ce con, il m'a fait chialer. Je ne pleure pas souvent, mais quand je suis allé le voir dans la tente, je n'ai pas pu m'en empêcher. C'est un coureur qui donne des émotions. Mais c'est aussi un ami. On fait chambre commune. Franchement, je suis fier d'avoir vécu ce moment-là. Je n'ai pas encore le recul nécessaire, mais je sais que je m'en souviendrai toute ma vie.

Comment le sentais-tu pendant la semaine ?
Je le sentais relax. Hier soir, Julian m'a dit : "écoute Kenny, je suis comme à la veille d'un Milan-San Remo". Il n'avait aucun stress. On a passé une semaine relax. On n'a pas vraiment parlé de vélo. Hier soir, on n'avait pas l'impression d'être la veille d'un Championnat du Monde. Je pense qu'il était dans un état de grâce. Pendant le Tour de France, tous les jours il me disait "j'en garde, j'en garde". Et il a tout mis dans la dernière montée aujourd'hui.

« CETTE JOURNÉE À IMOLA, C'ÉTAIT LA FOLIE »

C'est une journée dont tu te souviendras longtemps...
Dans 20 ans, j'espère qu'on refera le monde avec Julian et qu'on se dira "putain, cette journée à Imola, c'était la folie". Franchement, je n'ai pas encore les mots. Je n'ai pas le recul. Ce sont des émotions fortes. Il y a très peu de journées comme ça dans une carrière cycliste. J'ai la chance de la vivre aujourd'hui.

Une émotion qui semble partagée par beaucoup...
Je pense qu'il a fait vibrer toute la France, tous ceux qui sont fans de vélo. Quand il met des accélérations comme ça, c'est magique. Julian, c'est quelqu'un d'entier. C'est une personnalité. Il touche les gens et en plus de ça, il est spectaculaire sur le vélo. Les coureurs qui attaquent, qui font des démarrages fulgurants comme ça, on est obligé de les apprécier.

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