Geoffrey Bouchard : « Je n’ai pas de temps à perdre »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

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Geoffrey Bouchard est de retour sur les routes françaises, ce mardi, pour la 1ère étape du Tour du Limousin. Et c’est un événement ! En effet, le sociétaire de la formation AG2R La Mondiale n’a plus disputé la moindre compétition sur le sol français depuis le 30 juin 2019, c’était à l’occasion du dernier Championnat de France, à la Haye-Fouassière. Entre temps, il s’est fait connaître du grand public en décrochant le maillot de meilleur grimpeur du Tour d’Espagne 2019. Puis il a fait sa rentrée des classes, cette année, en Australie, avant d’enchaîner avec l’Italie et les Émirats Arabes Unis, avant que la saison ne soit interrompue. Début août, c’est enfin à l’occasion du Tour de Pologne et du Tour de Lombardie, deux courses WorldTour, qu’il a retrouvé les pelotons. “J’ai eu un petit souci au début du Tour de Pologne puisque je me suis cassé la gueule. J’ai été gêné quelques jours et j’ai eu du mal à batailler avec les meilleurs. Mais il reste encore beaucoup d’opportunités, le calendrier est dense”, se réjouit le coureur de 28 ans auprès de DirectVelo.

« IL A ÉTÉ COMPLIQUÉ DE ME MESURER À CE NIVEAU-LÀ »

Pour son retour dans l’Hexagone, l’ancien Champion de France Amateurs se retrouve flanqué du dossard n°1 en terres limousines. Vainqueur sortant, le Normand Benoît Cosnefroy n’est en effet pas présent pour remettre son titre en jeu cette année. Le natif de Dijon, qui a vécu à Varois-et-Chaignot (Côte d’Or) jusqu’à son adolescence mais est désormais installé en Isère, se retrouve donc cette semaine dans “un collectif plutôt homogène, sur une course de mouvements où on va essayer de tirer notre épingle du jeu”. Après un redémarrage de saison musclé pour l’ensemble du peloton, il s’attend à voir “des coureurs le couteau entre les dents avec un niveau assez dense”.

Sur les routes accidentées du Limousin, Geoffrey Bouchard devrait pouvoir trouver un terrain à sa convenance. Face à un plateau tout de même moins relevé que sur les épreuves WorldTour qu’il a disputées jusqu’à présent (voir les partants), il voudra sans doute se tester face aux meilleurs. “Depuis que je suis passé pro, je n’ai pas fait beaucoup de courses en Classe 1, finalement. Je suis directement passé des amateurs au niveau WorldTour. Dans ces conditions, il a été compliqué de me mesurer à ce niveau-là”. Le Tour du Limousin va ainsi lui permettre de faire le point sur sa progression des deux dernières années, lui qui avait découvert le milieu professionnel en qualité de stagiaire chez AG2R La Mondiale en août 2018, lors du Tour du Poitou-Charentes. “On va essayer des choses, que ce soit avec moi ou l’ensemble du collectif. On veut ramener de bons résultats et prendre de la confiance pour la suite de la saison”.

« J’AI COMPRIS QUE JE DEVAIS ÊTRE ACTEUR ET PAS SPECTATEUR »

Dès sa première saison pro, l’an dernier, le lauréat du Challenge BBB-DirectVelo 2018 a enchaîné les plus grosses courses du calendrier : UAE Tour, Tour de Catalogne, Tour de Suisse, Tour de Pologne, Tour d’Espagne… “Quand j’étais amateur, j’ai gagné des courses par étapes dont le Tour Alsace. L’équipe s’est donc dit que j’avais des capacités en montagne et on a vite décidé de s’axer là-dessus”. Un travail de progression sur la durée, démarré le plus tôt possible. Il faut dire que le garçon a débarqué chez les pros sur le tard, et qu’il a désormais 28 ans. Mais au même titre que Clément Champoussin, Jaakko Hänninen ou Aurélien Paret-Peintre, l’ancien membre du CR4C Roanne doit incarner l’avenir d’AG2R La Mondiale sur les courses par étapes. “J’enchaîne les courses d’une semaine car on considère que je récupère bien. Je ne vais pas enchaîner les manches de Coupe de France, par exemple, car ce n’est pas franchement ce qui me correspond le mieux”.

Geoffrey Bouchard l’admet volontiers : “Je n’ai pas de temps à perdre. Une carrière cycliste, il n’y en a qu’une dans une vie, alors il faut s’adapter le plus rapidement possible”. Le grimpeur voit les jeunes pousses de l’équipe grandir vite également, et il veut se faire une place de choix au milieu du collectif des ciel-et-terre. “Des garçons comme Aurélien (Paret-Peintre) ou Jaakko (Hänninen) n’ont pas perdu de temps non plus. Il faut saisir les opportunités dès qu’elles se présentent”. Athlète ambitieux mais de nature réservée, très discret, il a dû se faire violence pour espérer avoir des responsabilités chez AG2R La Mondiale. “Lorsque je suis arrivé chez les pros, j’étais trop timoré. Il a fallu que je me force et que j’arrête de regarder les autres avec des yeux de gamin. J’ai compris que je devais être acteur et pas spectateur”. Bien décidé à faire parler de lui, Geoffrey Bouchard entend enchaîner les expériences sur les Grands Tours, et ouvrir son compteur de victoires chez les pros. “Peu importe la course, il faut y arriver. Gagner, c’est un peu la base du vélo non ? On court pour ça, pour passer la ligne en premier”.

« IL N’Y A PAS UN MESSAGE CLAIR ET NET SUR LA FAÇON DONT VINCENT VOIT LE FUTUR »

En contrat avec AG2R La Mondiale - future AG2R-Citroën - jusqu’à fin 2022, Geoffrey Bouchard s’imagine-t-il en leader de l’équipe sur certaines grosses courses par étapes, après les départs officialisés de Romain Bardet, Alexandre Geniez et Pierre Latour ? “On sent que l’équipe adopte une nouvelle philosophie (lire notre dossier AG2R ici). On apprend les transferts au fur et à mesure. Pour l’instant, il n’y a pas un message clair et net sur la façon dont Vincent voit le futur de l’équipe d'ici 2022. Mais j’ai le sentiment qu’ils veulent changer leur fusil d’épaule et ne plus se contenter de viser le général des courses par étapes. L’idée, c’est de gagner plus souvent”. Y compris avec des coureurs de son profil. “Les autres grimpeurs ne seront plus là pour épauler Romain (Bardet). Chacun va pouvoir jouer sa carte”.

Mais pas question de s’enflammer pour autant. Geoffrey Bouchard rêve en grand, mais il sait aussi se montrer réaliste, et patient. “Il nous reste du chemin avant de pouvoir titiller le gratin mondial. D’ici-là, on va travailler consciencieusement. Des coureurs comme Egan Bernal ou Remco Evenepoel sont arrivés à un niveau énorme très jeunes. Peut-être que chez nous, des garçons comme Jaakko Hänninen auront besoin de plus de temps, mais ils peuvent exploser à 28 ans et devenir monstrueux en montagne”. L’Isérois, pour sa part, ne cache pas son envie de “jouer un général sur un Grand Tour”, à terme, après avoir “validé les étapes” nécessaires. Avant de retrouver les courses par étapes WorldTour, dont très certainement Tirreno-Adriatico, voilà en tout cas une occasion de se faire plaisir sur les routes du Limousin pour Geoffrey Bouchard. Ce sera également l'occasion de lui rappeler de bons souvenirs puisqu'en 2016, déjà au mois d'août, il avait remporté le Tour de la Creuse (Élite Nationale) à... Évaux-les-Bains, terme de cette première étape du Tour du Limousin. 

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