Féminines : Un calendrier amaigri qui pose problème

Crédit photo Julie Desanlis / DirectVelo

Crédit photo Julie Desanlis / DirectVelo

Ce samedi, la Périgord Ladies va représenter un rendez-vous important pour de nombreuses filles. Et pour cause : pour certaines d’entre elles, il s’agit (enfin) d’une véritable reprise en peloton après de longs mois d’attente. Pour d’autres, voilà déjà l’ultime préparation en compétition en vue des Championnats de France. Le calendrier très amaigri oblige en effet de nombreuses athlètes à se contenter de miettes en cette période estivale. C’est le cas, par exemple, d’Elsa Bros. “J’ai fait une cyclosportive en Maurienne avant le Chrono 47, et c’est tout. C’était l’occasion de reprendre doucement. Mais courir si peu, c’est forcément un problème”, résume pour DirectVelo la sociétaire du Chambéry CC. “La Périgord sera ma première vraie course depuis la reprise, et on est déjà mi-août. Je ne me fais pas d’illusions, je sais que ce sera très dur. Entre des filles du WorldTour et moi, il y a forcément un gros fossé. J’ai simplement essayé de compenser au maximum par de grosses charges à l’entraînement”. Même situation pour Ysoline Corbineau. “J’ai fait une Pass’ début août pour reprendre tranquillement le rythme de la compétition. Je disputerai une autre Pass’ le 23 août pour enchaîner après la Périgord”. Mais la concurrente du Team Elles Pays de la Loire préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. “On ne sait même pas si les prochaines courses seront maintenues ou annulées. Je prends donc les courses comme elles viennent sans me fixer trop d’objectifs. C’est déjà bien de pouvoir reprendre”.

Certaines filles du peloton vont donc effectuer leur véritable reprise ce samedi. D’autres, n’auront même pas l’occasion de se rendre en Dordogne pour retrouver le rythme. C’est le cas d’Ophélie Fenart, présente dans la liste des engagées mais qui a dû se désister à quelques jours de la course. “Je n’ai pas eu les jours de repos nécessaires. Cette saison, c’est compliqué de tout caler comme il faut. Entre les courses annulées et le jonglage boulot/vélo, c’est une hécatombe dans mon calendrier personnel (sourires). Je vais arriver sur le Championnat de France avec une seule course dans les jambes. Ça fait peur surtout que je vois d’autres filles enchaîner les stages de préparation et les courses”. La sociétaire de l’équipe du CC Boulou craint ainsi un niveau plus hétérogène que jamais dans les semaines à venir. “Ça fera forcément une grosse différence. Il y a déjà un écart à la base mais là, il sera encore plus grand. Heureusement, je vais pouvoir enchaîner plusieurs manches de Coupe de France en septembre… Mais dans ma tête, vu la situation, je suis déjà tournée vers 2021”.

PROFITER DU PEU D’OCCASIONS DE COURIR

Membre d’une équipe étrangère, Ceratizit-WNT, Laura Asencio a tenu à venir sur la Périgord Ladies avec l’équipe de France, car elle sent qu’elle manque de compétition, et c’est un problème. “À la base, je devais avoir un calendrier un peu plus étoffé, avec les Strade Bianche. Mais Lisa (Brennauer) a voulu y aller au dernier moment et j’ai sauté du groupe. J’ai donc demandé à Julien (Guiborel) si je pouvais venir à la Périgord, pour compenser. J’ai besoin de courir. Quitte à faire d'autres sacrifices. Ça me fait un gros voyage en voiture, cinq heures de route… Mais c’était la même chose pour aller courir en Espagne fin juillet et l’air de rien, ça épuise. Il faut passer par là pour courir, l’équipe veut limiter les déplacements en avion en ce moment”. Même Victorie Guilman, membre de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope, une formation WorldTour, n’a pas encore pu accumuler les jours de course. “Je voulais enchaîner mais malheureusement, il n’y avait pas de courses vers chez moi, même avec les hommes. Alors j’ai continué de m’entrainer. Je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de courses pour les filles”.

Mais alors, dans les semaines à venir, les filles se retrouveront-elles sensiblement toutes dans la même situation, ou des écarts peuvent-ils se creuser entre celles qui auront déjà couru plusieurs fois, notamment en WorldTour, et les autres ? “Je m’attendais à courir peu. J’avais même peur que l’on ne recourt pas du tout. C’est le jeu en cette année particulière, il faut faire avec”, répond Laura Asencio. “Personne n’a couru plus de quatre ou cinq fois pour l’instant. Il y a des filles qui n’ont toujours pas repris… Ce n’est pas une différence énorme non plus”, ajoute-t-elle. Ysoline Corbineau est sélectionnée pour le prochain Championnat d’Europe Juniors. Et à la Périgord Ladies sera l’une de ses seules occasions de prendre le rythme avant ce très gros rendez-vous. “Disputer le Championnat d’Europe avec cinq jours de course dans les jambes, ça va faire bizarre mais ce sera pour tout le monde pareil en Juniors. C’est ce qu’il faut se dire pour se rassurer”. Une tendance nette se dégage de cette situation : les filles ne veulent certainement pas se plaindre et, bien au contraire, profiter des quelques courses auxquelles elles auront l’occasion de participer. Sandrine Bideau (St-Michel-Auber 93) résume : “On prendra ce qu’il y a à prendre. Les courses devraient s’enchaîner maintenant, ça va aller”

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Laura ASENCIO
Portrait de Sandrine BIDEAU
Portrait de Elsa BROS
Portrait de Ysoline CORBINEAU
Portrait de Ophélie FENART
Portrait de Victorie GUILMAN