AG2R La Mondiale : La nouvelle génération prête à prendre le relais ?

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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La formation AG2R La Mondiale va fêter sa trentième saison dans les pelotons l’an prochain - ce qui en fait la plus ancienne équipe du peloton tricolore - et pour l’occasion, elle prépare une petite révolution. Le 30 juillet dernier, la structure WorldTour indiquait tout d’abord que le constructeur automobile Citroën allait devenir co-sponsor titre à partir de 2021, alors que José Messer - responsable du sponsoring dans l’équipe - avait annoncé la couleur dès le début d’année en affirmant être à la recherche d’un nouveau partenaire de poids. C’est désormais chose faite. L’arrivée du constructeur automobile français devrait permettre à l’équipe de revoir son budget - actuellement de 16,5 millions d’euros - nettement à la hausse, puisqu’il pourrait monter à quelques 22 millions d’euros, soit une augmentation de plus de 30%. Le changement s’annonce aussi et surtout du côté de l’effectif. Présent dans l’équipe de Vincent Lavenu depuis neuf ans et son passage chez les pros en 2012, après avoir été formé au Chambéry CF, l’antichambre de l'équipe, Romain Bardet (29 ans) va très probablement changer d’air en rejoignant le Team Sunweb. La confirmation officielle du départ du leader de l’effectif est attendue pour les prochains jours. Pierre Latour (26 ans), considéré comme le leader “N°2” d’AG2R La Mondiale dans les courses par étapes, s’est quant à lui engagé avec Total-Direct Energie pour les deux prochaines saisons. Un autre grimpeur de l’effectif actuel, Alexandre Geniez, va également quitter AG2R La Mondiale pour rejoindre la formation de Jean-René Bernaudeau.

DES RECRUES POUR LES CLASSIQUES MAIS UN VIVIER DE JEUNES GRIMPEURS 

Le départ des deux plus grands spécialistes maison des courses par étapes ne devrait pas être compensé par le recrutement de coureurs du même profil. L’équipe née en 1992 sous le nom de Chazal-Vanille et Mûre, devenue par la suite Casino (1996-1999) puis AG2R Prévoyance (2000-2007) semble en effet orienter son recrutement vers les chasseurs de Classiques du Nord. C’est d’ailleurs en ce sens que les arrivées des Flamands Stan Dewulf (Lotto-Soudal) et Gijs Van Houcke (CCC Team) ont d’ores-et-déjà été officialisées. Un autre belge, l’ancien Champion Olympique Greg Van Avermaet (CCC Team), le Luxembourgeois Bob Jungels (Deceuninck-Quick Step) et Lilian Calmejane (Total Direct Energie) sont également envoyés avec insistance du côté d’AG2R La Mondiale.

L’équipe pourrait donc nettement se renforcer en vue des Classiques mais quid des courses par étapes si Romain Bardet et Pierre Latour ne sont pas remplacés ? Ce sont les jeunes pousses de l’effectif qui sont amenés à prendre le relais. Des grimpeurs de talent, l’équipe en compte en effet déjà un bon nombre dans son effectif actuel. Parmi eux, trois étaient présents sur les routes du Tour de l'Ain ce week-end : Aurélien Paret-Peintre (24 ans) et Clément Champoussin (22 ans), tous deux formés au CCF. Le Haut-Savoyard est arrivé dans le groupe à l’été 2018, le Niçois cette année. Autre parcours mais même ambitions et même pari sur l’avenir pour Jaakko Hänninen. Le Finlandais de 23 ans, passé par l’AC Bisontine et l’EC Saint-Étienne Loire, a signé chez AG2R La Mondiale l’an passé après avoir remporté le Tour du Gévaudan (1.2) et décroché la médaille de bronze sur le Championnat du Monde Espoirs d’Innsbruck, en Autriche. Ce samedi, il s’est montré à son avantage en étant le dernier coureur échappé à résister au retour du groupe des favoris, lors de la 2e étape du Tour de l’Ain. Dans un anglais hésitant, le garçon n’a pas peur d’afficher ses ambitions. “On verra bien ce qu’il va se passer à l’avenir mais je suis très confiant quant à ma forme actuelle. L’année dernière, j’ai connu une mauvaise chute et ça m’a coûté pendant un moment. Maintenant, tout va bien. Je suis prêt à prendre des responsabilités. J’aurai ma carte à jouer et des opportunités, l’équipe va m’en donner”, promet le Scandinave.

CLÉMENT CHAMPOUSSIN ET AURÉLIEN PARET-PEINTRE ONT BESOIN DE TEMPS 

Nouveau dans l’équipe, le néo-pro Clément Champoussin veut se donner du temps.
“Je vais bien m'entraîner, bien faire les choses, et je verrai si ça vient. Si oui, tant mieux. Sinon, je ferai autre chose”, sourit auprès de DirectVelo celui qui déclare ne ressentir “aucune pression” actuellement. 4e du Tour de l’Avenir 2019, il doit incarner le futur de l’équipe AG2R La Mondiale sur les classements généraux. “J’ai déjà pas mal progressé sur le placement. Je ne descends pas trop mal non plus. Il faut que je prenne le rythme des courses maintenant. AG2R La Mondiale est une belle équipe”, rappelle-t-il en faisant référence au nombre de coureurs capables de performer actuellement dans l’effectif. “Ils n’attendent pas des résultats de moi dès maintenant”. Clément Champoussin se sentirait-il capable d’assumer un rôle de leader sur une épreuve dès les mois à venir ? “Physiquement, si j’en avais les moyens… Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas, je n’en ai pas encore les moyens. Alors je n’y pense pas”.

Aurélien Paret-Peintre, pour sa part, a déjà pu assumer certaines responsabilités en début de saison 2020, notamment du côté du Tour de la Provence. “J’ai essayé de jouer au mieux mon rôle, face à un beau plateau. J’ai fait de bons résultats en début de saison, mais je n’ai fait que 11e du Tour de la Provence en Classe 1. Il ne faut pas que je brûle les étapes”. Chacun de ces trois coureurs a du mal à se projeter sur l’avenir, d’autant qu’il reste quelques incertitudes quant à l’effectif 2021 de l’équipe. “Je ne connais pas exactement la situation pour l’année prochaine. Pour Romain (Bardet), ça ne reste que des rumeurs pour l’instant, on n’a pas eu la confirmation officielle de son départ. Mais c’est vrai que l’équipe est en train de se tourner un peu plus vers les Classiques. Cette situation va me laisser quelques opportunités mais encore une fois, il faut aussi que je me laisse le temps”, tient à ajouter celui qui avait également terminé 6e de l’Étoile de Bessèges ou 21e de Paris-Nice en début d’année.

RESPONSABILITÉS ET PRESSION POUR GRANDIR 

L’ancien lauréat de la Classique des Alpes Juniors se dit tout de même prêt à prendre ses responsabilités dans un avenir proche.
“J’en ai même besoin, comme j’ai aussi besoin d’un peu de pression pour grandir. Évidemment que j’assume, et je suis content que l’équipe s’oriente vers les jeunes pour l’an prochain. Ça va être bien, mais je ne peux pas m’attendre à terminer dans les dix premiers du Tour de France l’an prochain. C’est ce que j’ai envie de faire à terme, je veux me concentrer sur les classements généraux, mais il y a encore des étapes à passer d’ici-là”.

Plus jeune qu’Aurélien Paret-Peintre, Clément Champoussin devrait avoir plus de temps avant de se voir confier des responsabilités. Et pour le moment, il ne cherche pas trop à savoir quelle tournure finale va prendre le mercato de sa formation. “Pour l’instant, je n’ai pas encore fait mes preuves chez les pros, je n’y ai jamais marché. Ce n’est pas parce que des leaders partent que je vais me dire que je serai leader dans deux-trois ans. Il faut d’abord que je fasse mes preuves et je ne me prends pas trop la tête”.

En lien avec cet article : AG2R La Mondiale veut « des jeunes qui bousculent la hiérarchie » (lire ici). 

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