Le « grand moment » de Bourg et de Thomas Champion

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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Les apparences sont trompeuses. Christian Milesi a l’air tranquille ce jeudi à dix minutes du départ de la 3e étape du Tour de Savoie Mont-Blanc. Le directeur sportif de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme attend le coup de feu attablé au bar Le California, qui n’a pas grand chose d’américain, dans les rues de Saint-Michel-de-Maurienne. Mais avec deux demi-étapes dans la journée, il n’a guère le temps de souffler depuis le matin. Et surtout, la tension est palpable alors que son coureur, Thomas Champion, a récupéré le maillot jaune à Valfréjus, à l’issue de la 2e étape. “Je suis plus stressé que d'habitude, sourit le DS bressan. On connaît tout du Tour de Savoie Mont-Blanc. Nous avons repéré les étapes. On connaît l'organisation, les parcours… On n'a pas l'habitude de gérer un maillot de leader à ce niveau-là. L'étape de cet après-midi nous facilite la vie par le peu d'aspect tactique qu’il y a, avec deux montées et 37 kilomètres de course. Mais c'est un stress pour le coureur, l'équipe et moi-même. Ce maillot, on a envie de le sauver…”.

Au même moment, le jeune leader de l’épreuve de Classe 2 reconnaît “une excitation”. Malgré une avance de 2’55’’ sur le premier favori, l’Américain Gavin Mannion, le clan bressan sait que la tâche s’annonce ardue. L’objectif est clair : conserver le maillot de leader une étape supplémentaire. “On va rester cohérent avec les objectifs de départ de Thomas qui n'était pas de viser un Top 5 au général. Cette échappée le premier jour l'a remobilisé pour le général. Il était venu pour se découvrir en montagne et essayer de briller sur une étape. Cette échappée imprévisible le place au général. L'objectif était de prendre le maillot pour le plaisir de le prendre. Pour la défense, il faut rester cohérent avec nos moyens”. Malgré le stress, au moment de monter dans sa voiture, Christian Milesi veut surtout que son équipe savoure l’instant. “Pour Thomas, c'est un grand moment. Pour le club également. Ça arrive alors que ce n'était pas forcément prévu”.

PAS DE REGRETS

A 17h, les fauves sont lâchés. La voiture de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme récupère un nombre impressionnant de coureurs sur le pare brise. Après huit kilomètres de course, sur les pentes du col de Beaune, Christian Milesi juge la situation idéale. Les équipes des favoris assurent un gros tempo et personne n’attaque. “On est bien”. La seconde sélection imaginée avant le sommet du col n’arrivera pas. A la bascule, ils sont 35 dans le groupe de tête dont les six Bressans. Le stress semble parti. "C’est possible qu’il le garde. En tout cas, ce n’est que du plaisir, c’est au-delà de ce qu’on espérait. Je ne suis pas tendu, il faut en profiter”. Au fil de la montée du Télégraphe, qui mène à Valmeinier, le peloton perd du monde mais Thomas Champion résiste. Il lâche prise à six kilomètres du but. Le garçon ne semble pas au bout de ses forces. Le premier écart l’annonce à 40’’. Mais son directeur sporti y croit encore. “La fin est un peu moins difficile”. Son coureur espère toujours conserver son bien. “A quatre kilomètres, on m'a dit que j'étais à 2'. Je me suis dit pourquoi pas... J'ai tout mis. Mais on ne peut rien faire face à Pierre Rolland”. Le coureur de B&B Hôtels-Vital Concept a dominé l’étape. Le maillot jaune a franchi la ligne en 20e position, à 4’35" de l’Orléanais (voir classement). “Je n’ai pas de regrets”, promet Thomas Champion au moment de redescendre à vélo à Saint-Michel-de-Maurienne.

Même si courir en jaune “n'aura pas duré longtemps, juste 37 kilomètres”, Thomas Champion vient de se révéler à l’occasion des deux premières journées du Tour de Savoie Mont-Blanc. Une épreuve que découvre l’ancien vététiste, passé par le Vendée U. “Ce qu’il a fait va orienter ses futures années. On souhaite construire avec lui. Il est encore largement perfectible. Ça ne fait que quelques mois qu'il monte des cols à l'entraînement, avant c'était un coureur de l'Ouest”, dit son directeur sportif. Alors qu’il reste deux étapes, Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme, qui est en tête du classement par équipes, a encore de belles choses à faire. “Nous avons deux gars qui jouent le Top 10 du général, Stuart Balfour et Aurélien Doléatto. Nous sommes en phase avec nos ambitions”. 

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