L’Occitanie à l’heure du bal masqué

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Cette fois-ci, c’est fait ! La saison professionnelle a bel et bien repris ses droits sur le sol français, ce samedi 1er août, à l’occasion du départ de la Route d’Occitanie. La première étape a vu cinq coureurs, parmi lesquels le régional Lilian Calmejane (Total Direct Energie), passer une bonne partie de la course en éclaireurs. Le peloton est ensuite revenu et une chute massive a mis la pagaille dans le dernier kilomètre, envoyant notamment au sol Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), sans gravité. Dans les rues de Cazouls-lès-Béziers, ce sont deux vieilles connaissances, les pistards Bryan Coquard (B&B Hôtels-Vital Concept) et Elia Viviani (Cofidis) qui se sont joués la gagne au lancé de vélo, la victoire revenant finalement au Français devant le Champion d'Europe italien (voir classements). Malgré l’intérêt sportif de cette étape tracée entre Aveyron et Hérault, c’est pourtant l’aspect sanitaire qui a pris le pas pour cette reprise. Cette première course par étapes en France représente en effet le premier test grandeur nature sur la route du Tour de France. “C’est important d’être très prudent mais si chacun respecte les consignes, il n’y a pas de raison que ça se passe mal. Je pense que l’on est presque plus en sécurité ici, en compétition, dans de telles conditions et après avoir effectué des tests, qu’en restant chez soi”, lâchait Marc Madiot en fin de matinée sur le parking équipes.

L’inquiétude est tout de même palpable au sein du peloton. Bien que les athlètes et les staff soient heureux de pouvoir enfin reprendre après plus de quatre mois de coupure forcée, chacun a conscience que la crise sanitaire pourrait une nouvelle fois évoluer défavorablement dans les semaines à venir et compromettre le bon déroulement des futures compétitions (lire ici). Dans ces conditions, le port du masque a été rendu obligatoire pour tous les coureurs, tous les directeurs sportifs, assistants, membres de l’organisation, bénévoles et spectateurs dans les zones de départ et d’arrivée. Warren Barguil, Thibaut Pinot, Egan Bernal, Christopher Froome et tous les coureurs de cette Route d’Occitanie ont donc porté un masque de leur descente du bus jusqu’à la ligne de départ, en passant par le podium de signatures. Certains athlètes, à l’image de Romain Bardet, portaient même d’ores-et-déjà le masque dans leur véhicule, au moment d’arriver à Saint-Affrique, la ville départ. Un véritable bal masqué, qui n’avait rien d’une mascarade. 

QUELQUES SELFIES, TOUT LE MONDE MASQUÉ

À plusieurs reprises, le speaker Daniel Mangeas - sur les consignes de différents membres de l’organisation - a rappelé au micro les consignes de base : port du masque, distanciation sociale, lavage des mains avec du gel hydroalcoolique - disponible notamment à l’entrée du village départ -, éternuements dans son coude… Et interdiction de faire signer des autographes aux coureurs ou de prendre des selfies avec ceux-ci. Bien que ces consignes semblent avoir très largement été respectées, certains jeunes fans ont tout de même tenté leur chance. Et parfois avec réussite, puisqu’une poignée d’entre eux a été aperçue en train de prendre la pose avec quelques-uns des plus grands noms de cette édition 2020, au pied des bus ou aux abords de la ligne de départ. Rien de bien méchant pour autant, alors que coureurs et supporters tentaient de rester à distance et que tous portaient un masque de protection au moment de ces rares selfies. “Je suis désolé, je ne peux vraiment pas prendre une photo avec toi sinon, je vais me faire détruire sur les réseaux sociaux”, s’excusait tout de même Lilian Calmejane auprès d’un jeune garçon après que celui-ci l'a approché. 

La promesse de mesures drastiques et la chaleur étouffante - près de 40°C au coeur de l’après-midi - n’a en tout cas pas découragé les spectateurs, qui n’attendaient qu’une chose : pouvoir enfin retrouver leurs chouchous. “Franchement, ça fait tellement de bien de revoir les coureurs et d’être au départ d’une course. Moi, ça me manquait trop. Je n’avais pas encore eu le temps de me rendre sur la moindre course cette année, avant cette histoire de Covid. Je savoure !”, explique avec bonheur une jeune fan auprès de DirectVelo. Alors que les personnes accréditées ont eu l’autorisation de se rendre sur le parking équipes, les supporters ont donc également pu approcher de près le peloton. Sur le bord de la route, bien sûr, mais également à l’occasion du podium de présentation, que les spectateurs pouvaient approcher de bien plus près que lors du dernier Paris-Nice, par exemple. “C’est bien, tout le monde y trouve son compte. On n’est pas déçu mais on ne met pas les coureurs en danger non plus”, résume Kévin, qui a fait une petite centaine de kilomètres avec son père pour assister à cette course de reprise.

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE

Les spectateurs s’adaptent, la presse aussi. Contrairement à ce qui se fait habituellement, seuls cinq photographes peuvent bénéficier d’une chasuble, qui permet d’avoir accès à la ligne d’arrivée ou à la ligne de départ. Pas de zone mixte à l’arrivée et seule une petite poignée de journalistes peut approcher les coureurs récompensés lors du podium protocolaire. Les coureurs présents sur le podium, justement, ne se voient pas remettre leur maillot face au public mais en coulisses. Dans le cas de Bryan Coquard, par exemple, c’est Frédéric Adam, attaché de presse et membre du staff de l’équipe B&B Hôtels-Vital Concept, qui l’a aidé à enfiler son maillot orange de leader du classement général puis celui du classement par points. Puis le « Coq » s'est présenté sur la scène entouré de l’organisateur Pierre Caubin et d’élus, sans échange de poignée de main. “Ce sont juste de nouvelles habitudes à prendre, on va tous s’y faire”, explique un bénévole présent sur la course.

Après une première journée en terres occitanes, tout le monde semble y voir un peu plus clair. La théorie a laissé place à la pratique et pour Pierre Caubin, organisateur de l’épreuve, le plus dur est peut-être passé. “Les derniers mois ont été compliqués mais on est un peu plus rassuré après cette première journée. Je tiens à remercier tous les bénévoles, sans qui cet événement ne pourrait pas avoir lieu”, a-t-il déclaré quelques minutes après la fin de l’étape.

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