Route d’Occitanie, le grand saut dans l'inconnu

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Ce samedi, la Route d’Occitanie va officiellement marquer la reprise de la saison cycliste professionnelle sur le sol français. 140 jours après la dernière étape de Paris-Nice, il s’agit avant tout d’une délivrance et d’un semblant de retour à la normale pour les coureurs. “J’imagine que le ressenti est le même pour tout le monde. Chaque coureur est content de reprendre la compétition. C’est comme une nouvelle saison qui débute, après beaucoup de temps passé à s’entraîner à la maison. On y est enfin ! Je suis hyper content”, se réjouit Fumiyuki Beppu auprès de DirectVelo. L’expérimenté coureur japonais résume en effet le sentiment général. Mais difficile malgré tout de ne penser qu’à l’aspect sportif et d’occulter une situation sanitaire chaque jour plus préoccupante. “Il y a encore des risques, c’est sûr. Je sens bien que la situation reste difficile dans le Monde. C’est important, je pense, pour le moral des gens, d’avoir ce type d’événements sportifs, mais je ne sais pas si ça va tenir jusqu’à la fin de saison. Je n’en suis pas sûr du tout alors je vais profiter de chaque course”, tempère l’athlète de Nippo Delko One Provence.

Mêmes inquiétudes et questionnements du côté d’Alan Riou. “C’est encore au centre des discussions, on en parle beaucoup. Si la saison devait encore être gâchée, ce serait super embêtant. On ne sait pas si ça va aller jusqu’au bout, même si on l’espère tous. Le médecin a posé des règles, tout le monde y fait attention. Mais on ne contrôle pas le reste. Quand on voit le nombre de courses qui sont annulées, on se dit qu’il faut en profiter”, synthétise le jeune coureur d’Arkéa-Samsic. Chez B&B Hôtels-Vital Concept aussi, la crise sanitaire inquiète. “Vu la situation générale actuelle, le sujet revient souvent sur la table. Beaucoup de choses sont mises en place pour que la saison puisse se tenir, mais il y a quand même des incertitudes. On nous répète de bien faire attention. Mais on peut aussi se retrouver dans une situation compliquée par manque de chance et sans rien à se voir reprocher. Je ne pense pas que grand-monde ait la certitude que la saison aille à son terme et se déroule comme prévu. Pour chaque course disputée, ce sera déjà ça de pris. Plus que jamais, on va prendre course par course”, préfère plaisanter Julien Morice, également préoccupé par les informations des derniers jours et pas franchement rassuré par la récente annonce de l’annulation du Tour de l’Avenir (lire ici).

« ON VA FAIRE AVEC »

Au départ de Saint-Affrique (Aveyron) ce samedi midi, les coureurs auront pour consigne de rester dans leur bulle. Impossible d’approcher de trop près des gens extérieurs à cette bulle. “Il y a pas mal de précautions à prendre. On se doit d’être sérieux et de respecter toutes les consignes, comme les gestes barrières. C’est ultra-important”, rappelle Alan Riou. Le Breton ne pourra pas signer d’autographes ou prendre de selfies avec des fans. Les échanges avec la presse devraient également être limités pour de nombreuses équipes. “C’est une situation assez dingue. On connaissait déjà les contrôles anti-dopage et maintenant, on a aussi les contrôles pour savoir si on a le virus, et il ne faut plus approcher personne... Bon, ça fait beaucoup, mais on va faire avec”, lâche Fumiyuki Beppu.

Entre leur descente du bus et leur arrivée sur la ligne de départ, l’ensemble des coureurs devra porter un masque de protection. Au préalable, tous les coureurs présents sur la course ont été testés au Covid-19. “Dans l’équipe, chacun s’est occupé de faire son test de son côté. Je me suis d’ailleurs fait une petite frayeur car le laboratoire dans lequel j’avais pris rendez-vous ne pouvait pas me garantir de me fournir un résultat avant 72h, et j’ai eu peur de ne pas pouvoir prouver que je n’avais pas le Covid à temps. Franchement, j’aurais eu les boules de devoir renoncer à l’Occitanie pour ça. Mais c’était la première fois, donc c’était spécial. C’est une habitude à prendre”, raconte Julien Morice. Ce dernier est tout de même persuadé qu’une fois le top départ donné, le sportif reprendra largement le dessus. “Entre la distanciation sociale et le port du masque, ça va créer une ambiance étrange mais une fois le départ lancé, on sera dans notre course. Tout le monde a envie de courir et c’est l’essentiel une fois sur le vélo”

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