Sandra Lévénez : « La marche est haute »

Crédit photo Olivia Nieto

Crédit photo Olivia Nieto

Sandra Lévénez s’est jetée dans le grand bain. Présente sur l'épreuve de reprise en Espagne la semaine passée (voir classement), elle a ainsi disputé sa première course sous les couleurs du Team Arkéa, elle qui participait déjà à plusieurs courses sur route ces dernières saisons mais qui ne s'était jamais consacrée à ce point au cyclisme. “Je suis plutôt mitigée quant à cette première sortie mais j’ai envie de dire que, justement, c’était la première. Il y a quand même de belles choses à retenir pour la suite. Au moins, la saison est lancée et le menu est alléchant pour les semaines à venir”, résume la Finistérienne auprès de DirectVelo. Entretien avec la grande spécialiste du duathlon, Championne du Monde de la discipline en titre, qui compte notamment deux titres mondiaux, quatre Championnats d’Europe ou encore neuf Championnats de France à son palmarès.  

DirectVelo : Comment as-tu vécu ta première expérience dans le peloton cette saison, sous tes nouvelles couleurs ?
Sandra Lévénez : Quand on voit le plateau qui était présent et les équipes engagées, on peut dire que c’était directement le grand bain. Je n’ai pas été très étonnée du niveau de la course. Sans surprise, j’ai vu que tout peut se jouer sur des détails. Il y a des moments clefs pendant la course et il ne faut pas se louper sur ces moments-là, notamment en terme de placement. Sinon, ça ne pardonne pas. Il faut courir au millimètre et je trouve ça intéressant. La marche est haute, j’en ai conscience, et je connais les exigences du métier. C’est un challenge qui me plaît. 

Sur quels aspects ta très grande expérience en duathlon peut-elle t’aider dans le monde du cyclisme ?
Il y a forcément des choses qui vont me servir, comme l’identification des moments clefs, l’adaptation, les réactions à mettre en place pour corriger des erreurs, la préparation des événements… Mais une fois en course, je vais clairement manquer d’expérience pendant un moment. Le Team Arkéa est composé de beaucoup de filles très jeunes, si je mets mes 41 ans à part (sourires). Nous allons pouvoir nous apporter mutuellement. Les filles ont plus d’expérience que moi en course. Même si elles sont jeunes, certaines sont dans le milieu depuis déjà “longtemps”. De mon côté, je ne sais pas du tout frotter pour l’instant, par exemple. Mais je peux leur apporter ma façon de voir les choses ou de gérer les événements. L’idée, c’est que l’on puisse hausser le niveau de l’équipe dans les prochaines semaines, en se tirant toutes vers le haut.

« J’AVAIS BESOIN DE CE DÉFI, ÇA ME REBOOSTE »

Tu as eu l’habitude de toujours jouer la gagne en duathlon. En cyclisme, tu vas probablement beaucoup plus subir et te retrouver moins souvent aux avant-postes. N’est-ce pas dur à accepter lors que l’on est double Championne du Monde dans sa discipline de prédilection ?
Depuis que j’ai postulé à ce projet chez Arkéa, je savais que je me mettais en difficulté, mais c’est ce qui me plaît dans cette démarche. J’espère pouvoir progresser rapidement. Dans un premier temps, peut-être que certains auront l’impression d’une régression mais ça ne me pose aucun souci. Je me suis préparée à cette situation. J’avais besoin de ce défi, ça me rebooste. C’est l’occasion de se renouveler et de partir sur autre chose. Cette situation me pousse à des réflexions profondes, à des remises en question… Et c’est ce que j’aime dans ce projet. Si je progresse, le plaisir n’en sera que décuplé. Alors oui, j’ai été en difficulté sur cette première course, mais je suis super motivée pour aller de l’avant.

Ta fin de saison s’articulera-t-elle uniquement autour du cyclisme avec le Team Arkéa, où disputeras-tu des compétitions en duathlon ?
Au niveau international, la saison de duathlon et de triathlon est pliée. Le Mondial aux Pays-Bas est annulé. Je vais donc me concentrer exclusivement sur le cyclisme, avec de belles courses comme le Tour de l’Ardèche. Je continue quand même de faire de la course à pied deux-trois fois par semaine, pour ne pas perdre la “mécanique”. Mais en terme de motivation, je m’amuse beaucoup plus sur le vélo en ce moment. Je préfère aller rouler car ce qui me motive, c’est de voir jusqu’où je peux aller sur le vélo et me découvrir de nouvelles limites.

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