Féminines : Une reprise entre bonheur et incompréhension

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

La saison des féminines a officiellement repris ce jeudi sur les routes de Navarre, en Espagne. L’occasion pour quelques-unes des meilleures athlètes et des plus grosses structures mondiales de reprendre, enfin, la compétition après des mois d’attente. La Néerlandaise Annemiek van Vleuten s’est ainsi imposée sur l’Emakumeen Nafarroako Klasikoa (voir classement). “Sur le coup, ça faisait presque bizarre de prendre le départ cet après-midi. On était toutes très excitées de reprendre, même si c’était stressant jusqu’au bout pour savoir si ça allait bien partir ou non. Ensuite, on peut dire que ça s’est bien passé dans l’ensemble. Il faut s’adapter aux nouvelles formalités, c’est tout”, synthétisait Audrey Cordon-Ragot auprès de DirectVelo une petite heure après l’arrivée. Même enthousiasme du côté de la Suissesse Elise Chabbey. “Franchement, c’était hyper cool de pouvoir enfin reprendre la saison ! Il était temps, je suis super contente de retrouver le peloton”, se réjouit celle qui avait déjà eu l’occasion de courir il y a quelques jours à l’occasion du Championnat de Suisse contre-la-montre, dont elle avait pris la 2e place.

« IL Y AVAIT JUSTE À APPLIQUER LES RÈGLES DE L’UCI »

Mais outre l’aspect purement sportif, c’est aussi l’organisation de l’épreuve et les mesures sanitaires qui ont attiré l’attention ce jeudi. Durant la matinée, un communiqué officiel des organisateurs annonçait que pas moins de onze équipes ne prendraient finalement pas le départ. Des équipes pour la plupart tout bonnement exclues puisqu’elles n’ont pas été en mesure de présenter - à temps - à l’organisation un test négatif au Covid-19 pour l’ensemble de leurs athlètes et staff. Une situation qui a grandement surpris Elise Chabbey. “Les règles étaient assez claires depuis un petit moment… Nous avions deux tests à passer récemment, le second trois jours avant la course. Il y avait juste à appliquer les règles de l’UCI pour ne pas prendre de risques. L’idée, c’était que l’on soit toutes et tous à la même enseigne. Certes, ça prend du temps et de l’énergie, mais c’était nécessaire pour que la course puisse se tenir et ce sera la même chose durant les prochaines semaines”, développe l’athlète de 27 ans, laquelle se dit surprise d’avoir vu autant d’équipes ne pas être dans les clous. “Personnellement, j’ai simplement fait ce qu’on m’a demandé de faire. J’ai envie d’être en sécurité et je ne trouve pas normal que certaines équipes ne jouent pas le jeu. Tout ça me surprend un peu. Je me demande si c’est un problème financier, car certaines équipes n’ont peut-être pas les moyens de réaliser tous ces tests...”

« PERSONNE NE DOIT NOUS METTRE EN DANGER »

Audrey Cordon-Ragot partage le point de vue de la sociétaire de la Paule Ka, nouveau nom de l’équipe Bigla-Katusha. “Visiblement, certaines équipes n’ont pas passé les tests : je ne vois pas comment c’est possible. Ils mettent en danger l’organisation, les coureurs, toute une région… Je n’ai pas trop compris, d’autant que même l’équipe régionale est concernée. C’est dommage car on se retrouve à quinze équipes au départ, mais j’espère que ça servira de leçon. Personne ne doit nous mettre en danger”. Pour sa part, la formation à licence polonaise CCC-Liv avait elle-même choisi de faire l’impasse dès la veille de la course. “Nous nous sommes imposés un protocole sanitaire très strict ces derniers mois. Tout ceci dans le but de minimiser les risques de contamination au Covid-19. Nous étions ravis de pouvoir enfin reprendre la compétition. Cependant, ce mercredi, nous avons considéré que les risques sanitaires étaient encore trop importants dans la région de Navarre pour prendre le départ”, a notamment déclaré le manager général de l’équipe, Eric van den Boom, via un communiqué. Ce sont donc uniquement quinze équipes, contre les 26 initialement prévues, qui se sont élancées de Pampelune en cours d’après-midi pour 118,3 kilomètres. “Ils ont peut-être pris une décision hâtive car ils ont eu peur de courir face à des filles positives au virus. Mais les organisateurs ont su réagir assez vite en excluant les équipes concernées. Peut-être que les CCC-Liv étaient à l’hôtel avec des équipes qui n’avaient pas passé les tests”, s’interroge la sociétaire de la Trek-Segafredo.

« CONTINUER DE VIVRE »

25e de l’épreuve, elle tient à souligner les efforts faits par l’UCI et les organisateurs espagnols pour relancer la saison féminine. “La CCC-Liv a peut-être été maladroite en agissant de la sorte car ça laissait entendre que les organisateurs étaient en tort, mais ils ont fait ce qu’ils ont pu. Pendant les prochains mois, personne ne doit oublier que les organisations sont dépendantes des protocoles à suivre, qui sont avant tout des conseils pour le bien de tous”. Parmi ces protocoles, justement, la plupart des concurrentes étaient masquées à la signature. “On a gardé le masque jusqu’au tout dernier moment puis on l’a donné aux soigneurs sur la ligne de départ”, précise Elise Chabbey. De son côté, Audrey Cordon-Ragot explique qu’il n’y avait aucun risque de contact avec des personnes extérieures à la « bulle course ». “Il n’y a pas de signatures d’autographes, pas de selfies… Après l’arrivée, on file directement à notre bus. On limite les contacts au maximum”. Il reste désormais à espérer que la situation ne s’empire pas à nouveau. “On sent que la propagation du virus repart à la hausse. Je comprends les inquiétudes”, regrette Elise Chabbey, isolée avec ses coéquipières dans une maison d’hôte Bed and Breakfast, loin de toute autre équipe. “Mais maintenant qu’on est ici, en Espagne, il faut en profiter pour courir et continuer de vivre. On ne peut pas passer notre temps à s’inquiéter, même s’il faut faire preuve de prudence”.

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Portrait de Elise CHABBEY
Portrait de Audrey CORDON RAGOT