Le Team INCA change de statut

Crédit photo DR

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Basé dans le Cantal, le Team INCA n’a pourtant pas beaucoup l’accent local. Plutôt un accent hispanophone de l’hémisphère sud. Colombiens, Péruviens, Argentins ou encore Mexicains et Boliviens par le passé, tous ont pu découvrir le savoir-faire de Jean-Jacques Goullieux et ses équipes. "Le projet a démarré il y a trois ans. A ce moment là, on faisait beaucoup rire car on n’avait pas d’équipe", se rappelle-t-il. Projet destiné aux Péruviens à l’origine "afin de les aider, car il n’y a pas de courses là-bas", celui-ci s’est étendu à tout le continent ensuite. D’abord réservé aux Espoirs, le projet a ensuite été étendu aux Juniors car "à 20 ans, ils sont déjà formatés, c’est difficile de les restructurer". Vient alors l’idée de créer un centre de formation pour la période 2020/2021, tout en conservant quelques espoirs en parallèle.

Pour ce faire, Jean-Jacques Goullieux fait jouer ses relations. Et retrouve un nom bien connu des pelotons professionnels. "On m’a conseillé de faire appel à Esteban Chaves et sa fondation". Si l’ancien vainqueur du Tour de Lombardie reconnaît qu’un départ vers l’Europe est souvent pour ses jeunes coureurs le grand saut dans l’inconnu et "que ça ne se passe pas toujours bien", celui-ci se réjouit de la collaboration avec le Cantalien et lui propose Jhon Jairo Alonso Ciprian. "Et vous avez vu ce que ça a donné", plaisante Jean-Jacques Goullieux. Etincelant sur la dernière Classique des Alpes juniors (lire ici), la machine INCA est lancée. "Pour 2020, nous collaborons avec trois de ses Juniors et deux de ses Espoirs, les autres coureurs sont issus d'autres fondations partenaires". Avec une base colombienne solide, le président du Team INCA a maintenant sa renommée là-bas. "Le Team fait beaucoup plus parler là-bas qu’en France. Jusqu’à présent on était la risée ici, maintenant des partenariats s’installent".

AG2R LA MONDIALE SÉDUITE

Les performances des Colombiens du Cantal remontent jusqu'aux oreilles de la formation AG2R La Mondiale, avec laquelle "des liens se tissent". Par le biais de son anti-chambre, Van Rysel, Jean-Jacques Goullieux entame une collaboration avec Louis Faure, comme entraîneur. "Van Rysel l’avait eu comme coureur, on s’est présenté mutuellement et il nous a plu. Et comme il prépare une licence de performance, le profil nous correspondait bien". Le jeune homme de 20 ans a un rôle prépondérant dans cette période à l’arrêt. "Les coureurs sont confinés dans leur pays, probablement pour un bout de temps encore, concède le fondateur de l’équipe. Louis les prenait en charge depuis octobre pour les faire venir en avril. En attendant, il continue à les préparer avec des blocs de travail".

De plus, la Colombie a d’ores et déjà annulé ses courses Juniors pour 2020, mais les espoirs conservent des chances de monter sur le vélo. "On a rien décidé pour la suite, peut-être qu’ils pourront courir chez eux. La difficulté c’est de trouver des équipes là-bas, ils sautent facilement d’une formation à l’autre. Alors nous étudions actuellement  la possibilité de les faire courir sous les couleurs du Team INCA. Sinon on se concentrera sur 2021", reconnaît Jean-Jacques Goullieux. Le programme en France était déjà calé pour 2020, avec des objectifs de victoires. Et les Mondiaux en point d’orgue. "La sélection colombienne m’avait donné le feu vert, ils me faisaient confiance. Et le profil en Suisse allait bien à nos coureurs", regrette-t-il. Avant d’assurer que ses coureurs ne feront pas le déplacement à Aigle.

DES NOMS À RETENIR

Les Espoirs pourraient bien côtoyer le sol français cette année, "s'ils peuvent être là pour trois mois, sinon ce n’est pas la peine". Et les incertitudes demeurent quant aux mesures de sécurité avec la crise sanitaire. "Ils vont sans doute respecter une quatorzaine, on ne sait pas si le lycée qui nous héberge rouvrira… ça peut bouger d’un mois à l’autre". Jean-Jacques Goullieux s’est déjà engagé à reprendre tous ses Juniors pour la saison prochaine, de quoi garder l’optimisme pour les prochains mois, et continuer à suivre leurs projets. "On a aussi un projet de formation avec eux. Par exemple, l’un des premiers Péruviens recruté sera notre kiné puisqu’il a terminé ses études, se réjouit le fondateur du Team INCA. L’idée c’est d’apprendre, rentrer chez eux, et retranscrire leur apprentissage, tout en renforçant nos liens avec les fondations et créer nos propres filiales".

Sur le vélo, Louis Faure assurera le travail pour développer les qualités des coureurs sud-américains. "Ils doivent apprendre à descendre, à frotter, car là-bas c’est tout à la pédale et c’est le premier en haut, remarque Jean-Jacques Goullieux. C’est l’objectif de travail de Jhon (Alonso Ciprian), car il a le potentiel pour être un grand". Et note que malgré le virage junior opéré par l’équipe, il ne se privera pas d’un pur talent de 18 ou 19 ans, "car il y a beaucoup de talents qu’on ne connaît pas". Comme Brayan Molano, vainqueur de la Vuelta del Futuro. Ou encore Eduard Sanchez, qui n’a encore jamais couru, mais que son président voit comme "une pépite qui sait tout faire". Jean-Jacques Goullieux et le Team INCA ont donc des atouts à faire valoir pour l'avenir.

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