La Mercan’Tour Classic en « prologue du Tour » ?

Crédit photo ASO / Fabien Boukla

Crédit photo ASO / Fabien Boukla

Après l’officialisation du nouveau calendrier international publié par l’UCI en début de semaine, une très grande majorité des organisateurs est désormais fixée sur son sort. Tous ou presque. Mais pas Christophe Menei. En effet, l’homme à la tête de la nouvelle Mercan’Tour Classic Alpes-Maritimes ne sait toujours pas si la première édition de sa course d’un jour aura lieu. Et pour cause : prévue le lundi 24 août prochain, la course ne pourra voir le jour que si les Championnats de France de Plumelec sont déplacés plus tard dans la saison par la FFC. En revanche, si la course a lieu comme espéré, le plateau pourrait être très alléchant. Explications et détails avec un organisateur toujours dans l’incertitude.

DirectVelo : Es-tu satisfait de la nouvelle place de ta course au calendrier ?
Christophe Menei : On s'est positionné sans savoir, pour l'instant, ce qu'il en sera exactement pour le Championnat de France. De toute façon, c'est la seule date que l'on pouvait poser, en cohérence avec un départ du Tour de France à proximité du lieu de notre épreuve. J'imagine que notre positionnement au calendrier peut intéresser des équipes du Tour, notamment d'un point de vue logistique. Maintenant, nous n'avons plus qu'à attendre la décision de la Fédération quant à l'organisation du Championnat national mais pour nous, c'est une super date.

« C’EST IMPENSABLE »

Que se passerait-il si le Championnat de France était maintenu au week-end du 23 août ?
C'est simple, on ne pourra pas faire notre course. Toutes les équipes françaises et tous les coureurs français seraient pris par le Championnat la veille de notre course, à Plumelec, c'est-à-dire à l'autre bout du pays. Au niveau logistique, comment les équipes pourraient-elles être chez nous le lendemain matin ? Et, sportivement parlant, comment des coureurs pourraient-ils venir sur notre course après avoir disputé une course de 250 kilomètres la veille ? J'en ai parlé avec des coureurs et c'est impensable. On est donc obligé d'attendre la décision concernant le Championnat pour savoir si notre épreuve aura lieu. C'est comme ça. Il va falloir être patient et faire preuve de philosophie. Maintenant, on ne va pas cacher que l'on espère que le Championnat de France n'aura pas lieu à cette date, c'est évident. Ce serait une très bonne nouvelle pour nous, même si on ne peut jamais réellement se satisfaire de "l'annulation" d'une course. Si ça se passe mal pour nous, il faudra faire avec et se concentrer sur 2021. Quoi qu'il en soit, pour l'instant, je reste positif.

À moindre échelle, la présence d'autres Championnats nationaux à ces mêmes dates pourrait aussi être un problème...
C'est vrai mais mis à part le Championnat d'Espagne, je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de "grands" Championnats le 23. Le Championnat d'Italie devrait être décalé et c'est intéressant pour nous car nos amis italiens seront sans doute intéressés par notre course. On devrait pouvoir inviter des ProTeams italiennes qui seront en pleine préparation du Tour d'Italie.

Proposer la course un jour plus tard, soit le mardi 25 août, n'était-il pas envisageable ?
C'est compliqué car on se rapprocherait vraiment du Tour. Le lundi, c'est bon, mais le mardi, à quatre jours du Tour... Je ne crois pas que les coureurs seraient encore prêts à venir. On se serait aussi retrouvés le même jour que Plouay (la Bretagne Classic, NDLR). Certes, ce ne serait pas le même type et le même front de coureurs, mais il y aurait quand même la concurrence télévisuelle. Pour notre première édition, on préfère mettre toutes les chances de notre côté pour être visibles.

« ON POURRAIT DEVENIR LA DERNIÈRE COURSE DE PRÉPARATION »

Et à cinq jours du Tour, les coureurs seraient-ils intéressés de courir ?
Oui, je le crois. Cinq jours, c'est suffisant. Il y aura une envie de courir et de se tester. Il y a beaucoup de grands coureurs, de leaders d'équipes, qui habitent à Nice ou à Monaco. Ils connaissent bien le coin et ils devraient être intéressés par notre course, en guise d'ultime test pour le Tour.

Le plateau serait alors potentiellement royal...
C'est une situation quasi inespérée pour nous. C'est assez paradoxal de dire ça étant donné la situation actuelle, avec tant de choses négatives et compliquées y compris au niveau du calendrier cycliste... Mais effectivement, on pourrait devenir la dernière course de préparation avant le Tour !

D'autant que cette année, le parcours du Tour de France sera particulièrement escarpé dès les toutes premières étapes...
C'est ça ! Le Tour va partir en montagne. La première étape sera déjà compliquée. Quant à la deuxième... Ce sera pratiquement de la haute-montagne. D'ailleurs, nous allons prendre les mêmes routes sur notre épreuve, mais dans l'autre sens. C'est particulièrement intéressant pour les coureurs.

« ON NE POUVAIT PAS ESPÉRER MIEUX »

Entre une possible annulation ou un plateau presque digne d'une épreuve WorldTour, c'est en quelque sorte tout ou rien pour cette première édition !
C'est un peu ça, oui (rires). C'est un sacré baptême du feu. On aurait aimé lancer l'aventure de façon plus tranquille mais bon, on est directement dans le vif du sujet et il faut faire avec. Dans tous les cas, 2021 devrait être plus simple et plus calme... On a bien bossé avec la Ligue, le ROCC, et on est content de la façon dont tout le monde a travaillé pour trouver la meilleure solution possible.

Début août, plusieurs courses françaises montagneuses - la Route d'Occitanie, le Mont Ventoux Dénivelé Challenge, le Tour de l'Ain et le Tour de Savoie Mont Blanc - vont s'enchaîner. Tu évites également ce "bouchon"-là...
C'est pour ça que nous n'avons pas à nous plaindre et que je trouve que tout se goupille bien. Le Critérium du Dauphiné va se terminer une semaine avant notre course donc les coureurs pourront enchaîner entre le Dauphiné et le Tour. Histoire de peaufiner les derniers réglages. On ne pouvait pas espérer mieux. Médiatiquement, ça peut être top. Par contre, ça va nous mettre la pression (rires).

Parce qu'il y aura de grosses attentes...
Notre course pourrait être une sorte de prologue du Tour de France (sourires). Enfin... Un prologue spécial, sur 190 kilomètres et avec 4000 mètres de dénivelé. Mais si certains favoris du Tour viennent chez nous, leur comportement à quelques jours du Tour serait surveillé et analysé aux quatre coins du globe. Donc, forcément, ça nous mettrait de la pression dans l'espoir que tout se déroule bien. Pour une première, ça nous promet de drôles d'émotions !

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