Samuel Dumoulin : « C’était assez bizarre »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Samuel Dumoulin n’a eu que quelques semaines pour se faire à son nouveau métier. Après 18 années d’une longue et riche carrière chez les pros débutée en 2002, le Chambérien avait décidé de raccrocher en fin d’exercice 2019 pour devenir directeur sportif. Chose faite au sein de la ProTeam bretonne B&B Hôtels-Vital Concept. Mais cette expérience a rapidement été interrompue, la faute à l’actuelle pandémie de coronavirus. DirectVelo a pris des nouvelles de l’homme aux 36 victoires chez les pros. 

DirectVelo : Comment as-tu vécu la récente période de confinement ?
Samuel Dumoulin : Globalement, ça a été. C’est quand même particulier, forcément, surtout que j’avais déjà connu une période creuse l’an passé puisque je n’avais plus couru après le Championnat de France. J’ai déjà eu pas mal de temps sans activité à ce moment-là. Entre temps, je me suis retrouvé sur un rythme “costaud” depuis décembre avec B&B Hôtels-Vital Concept. Alors, être une nouvelle fois à l’arrêt, dès le mois de mars, c’est étrange.

« TROUVER DE NOUVELLES CLEFS ET DES FAÇONS DE FONCTIONNER »

Comment t’es-tu occupé pendant les deux derniers mois ?
J’ai eu le temps de bosser sur des dossiers pour mon diplôme d’état. J’ai eu le temps de réfléchir, d’analyser, d’imaginer la suite… Je me suis replongé dans tous mes vieux albums, ceux de ma carrière de cycliste, où je notais tout. J’ai pu analyser tout ce que j’avais fait, mon évolution... Pas tellement d’un point de vue physique mais plutôt psychologique. Je voulais trouver des parallèles avec mon nouveau métier de directeur sportif pour voir comment m’y prendre avec les coureurs. L’idée était de récolter un maximum d’informations pour pouvoir, le Jour-J, trouver les bons mots.

Qu’est-il écrit dans ces albums ?
Il y a des notations sur mes sensations physiques lors des courses mais aussi sur la façon dont je me sentais mentalement. J’ai pu mesurer mon évolution tout au long de ma carrière en comprenant ce qui a bien ou moins bien marché dans les choses que j’ai pu mettre en place. Je pense aussi à la façon dont j’abordais les événements, émotionnellement. Faire cette analyse est important pour trouver de nouvelles clefs et des façons de fonctionner. Cela dit, l’entraînement est encore mieux calibré maintenant, avec un travail très spécifique et personnalisé. Mais, encore une fois, je cherchais surtout l’aspect psychologique de tout ça. Je voulais comprendre comment j’ai évolué pour savoir comment ils peuvent eux-mêmes évoluer.

Tu as tout juste eu le temps de te remettre dedans lors des courses de février, puis tout s’est arrêté d’un coup après Paris-Nice…
J’ai connu une période intense pendant trois mois, entre décembre et début mars. Disons qu’à partir des premiers stages de pré-saison, ça s’était bien emballé. Puis les courses se sont bien enchaînées. Mais c’est vrai qu’entre la seconde partie d’année 2019 et ces deux mois de confinement, ça fait beaucoup. Une chose est sûre ; ça ne me fait pas regretter d’avoir arrêté ma carrière l’an passé (sourires). Si je m’étais lancé dans une année de plus pour ça… J’aurais fait avec mais ça aurait sûrement été plus compliqué.

« JE NE SUIS PAS HYPER CONFIANT »

As-tu pu, déjà, tirer quelques premiers enseignements de tes premières courses en tant que directeur sportif ?
C’était assez bizarre. Il va me falloir un peu de temps pour prendre mes marques et mes automatismes mais j’imagine que c’est normal. Je suis bien entouré dans l’équipe. J’ai fait les premières courses avec Didier (Rous) puis j’ai enchaîné avec Gilles (Pauchard). Puis nous étions trois lors de Paris-Nice. J’ai pris toute la dimension de ce nouveau rôle petit à petit mais je n’ai certainement pas fini d’apprendre. Avec cette saison 2020 tronquée, je me dis qu’il va me falloir deux bonnes saisons pour totalement prendre mes marques et me faire à ce nouveau métier.

Es-tu toujours en contact régulier avec le staff de l’équipe B&B Hôtels-Vital Concept depuis le début de cette trêve forcée ?
Nous avons un fonctionnement classique. Il y a forcément moins de choses à dire et à faire pour l’instant. On reste tout de même en contact, bien sûr. Avec les coureurs, ce n’est pas toujours évident de trouver les mots lors d’une situation aussi figée, où les gars étaient coincés sur les home-trainers pendant deux mois… Nous avons quand même essayé de faire vivre l’équipe et de s’assurer que personne ne reste isolé. Je dirais même que, paradoxalement, nous avons pu nous rapprocher pendant cette période. Il y a eu plusieurs échanges avec l’ensemble du staff et j’ai vraiment apprécié ces moments. Au final, quand on est à bloc durant la saison, c’est rare de partager ces moments-là.

Comment imagines-tu la fin de saison ?
Franchement, moyennement… Je ne suis pas hyper confiant. L’UCI a mis un calendrier en place, forcément, car il fallait le faire au cas où. Mais est-ce que l’on va vraiment courir ? Au moment où il y a eu l’annonce des dates du Tour de France, tout le monde s’est enthousiasmé. Depuis, ça s’est déjà tassé. Tout le monde doute, c’est normal. On a tous conscience que ce n’est pas encore fini et qu’il pourrait y avoir une deuxième vague. On attend, et on espère.

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