Vincent Terrier : « Des choses à remettre en place »

Crédit photo Philippe Pradier

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Depuis ce lundi, la France est déconfinée et les coureurs peuvent retourner s'entraîner à l'extérieur. Pendant les huit semaines de confinement, Vincent Terrier a continué de suivre les coureurs qu'il entraîne, d'Axel Domont à Alexis Renard, en passant par Rémy Rochas, Marlène Petit ou encore Clément Carisey. Celui qui est également directeur sportif à l'EC Saint-Étienne Loire revient pour DirectVelo sur cette période et évoque cette nouvelle phase avec la reprise des entraînements à l'air libre.

DirectVelo : Comment as-tu géré la période de confinement avec les coureurs que tu entraînes ?
Vincent Terrier : Nous avons essayé de faire autre chose. D'abord, il ne fallait pas trop se précipiter car on ne connaissait pas la durée du confinement. Nous avons commencé par une coupure. Ensuite, nous sommes repartis sur de l'entraînement d'entretien. On n'a rien cherché d'extravagant comme on était toujours dans l'incertitude. Il ne fallait pas lancer des challenges fous sur home-trainer, on ne voulait pas tomber dans ce jeu-là. Ce fut donc du travail avec des volumes raisonnables. Enfin, quand on a eu des dates d'un potentiel déconfinement, on est un peu retourné sur une logique de planification d'entraînement. Pour la plupart, ils ont coupé une nouvelle fois en fin de confinement. 

Comment as-tu utilisé les plateformes virtuelles ?
J'avais mis en place trois séances publiques en ligne par semaine. Les coureurs que j'entraine y avaient accès. On a essayé de maintenir ça pour garder un peu de motivation et travailler du qualitatif. On a pu apprendre plein de choses aux gens qui s'y connaissaient moins pour, par exemple, mesurer son effort et être bien posé sur le vélo. Les pros sont venus essayer une ou deux fois pour s'amuser. Ils avaient, eux, plus des consignes individuelles. L'idée pendant le confinement était de varier les exercices. On leur a proposé plein de choses. Les séances en visioconférence en faisaient partie. Par ailleurs, j'en faisais aussi avec l'EC Saint-Étienne Loire. 

« LE GROS DU TRAVAIL SUR JUIN ET JUILLET »

D'une manière générale, dans quel état de forme se trouvent les coureurs que tu accompagnes ?
Dans l'ensemble, ça va. Sur les premières sorties un peu longues, il va leur manquer du jus sur la fin. On est assez satisfait de l'état de forme. On a préservé les qualités de force. On a travaillé sur du spécifique et de l'intensité. Ça maintient la forme, la condition est là. Sur les tests qu'on a pu faire, les athlètes ne sont pas en méforme. Avec cette période où ils vont pouvoir faire du volume en extérieur, ils vont vite redevenir compétitifs.

Qu'as-tu conseillé aux athlètes que tu entraînes pour ces prochains jours ?
Le retour à l'activité extérieure doit se faire de façon prudente. Ils ont fait beaucoup de home-trainer. La manière de pédaler et la posture sur le vélo ne sont pas les mêmes. On ne va pas se lancer sur des séances trop longues. Dans un premier temps, ce sera du travail qualitatif. On va augmenter progressivement les volumes. Les compétitions n'auront pas lieu avant le mois d'août, si on est optimiste. Le gros du travail se fera sur juin et juillet. Ensuite, il y a l'aspect sécurité. Que ce soit les cyclistes ou les automobilistes, on n'a plus eu l'habitude de cohabiter pendant deux mois. Il va falloir retrouver des automatismes. Sur le home-trainer, on est focalisé sur notre écran et sur notre compteur. Dehors, il y a plein d'infos périphériques à capter qu'on n'avait plus en intérieur. Il y a des choses à remettre en place.  

« LA PROGRESSIVITÉ EST PLUS QUE JAMAIS DE MISE »

Le risque du surentraînement existe-t-il ?
Si on fait n'importe quoi, il existe, bien sûr. Il existait déjà pendant le confinement. Des gens qui ne faisaient presque pas de sport se sont mis à faire des séances de deux-trois heures de home-trainer par jour. Ce n'est pas très raisonnable. C'est pareil en retournant dehors, il y a un sentiment de liberté. On peut avoir envie de faire de très longues sorties, mais ce n'est surtout pas ce qu'il faut faire. Il y a des règles d'entraînement qu'on doit respecter. La progressivité est plus que jamais de mise.

As-tu le même discours avec un pro, un amateur ou un cyclo ?
De manière générale, le discours est le même. C'est pareil pour tout le monde, on ne connaît pas la date de reprise. Après, forcément, on adapte un peu. Pour un pro qui joue un contrat, il y a un peu plus d'enjeu. On doit être vite dans les clous. De grosses courses vont arriver. On va se préparer sur des stages personnels en montagne ou en hypoxie. Mais ça reste difficile d'aller programmer des pics de forme maintenant sans vraiment connaître les dates de reprise des courses. Avec les amateurs, on s'est dit qu'on prendra ce qu'il y a à prendre. À l'EC Saint-Étienne Loire en tout cas, on a essayé de rassurer tout le monde en disant que l'année sportive ne remettrait pas en cause une place potentielle pour l'année prochaine. On ne peut pas juger sur les mois de courses restants. Même si les courses reprennent, il y a un peu moins d'enjeu.

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