LNC : « Ne perdre personne en route »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

L’annonce du report du Tour de France du 29 août au 20 septembre prochains permet au monde du vélo d’y voir un peu plus clair. Et permet à la Ligue Nationale de Cyclisme de travailler, notamment, sur le report ou le maintien des courses estivales. DirectVelo a fait le point avec Arnaud Platel, le directeur de la LNC.

DirectVelo : Comment la Ligue a-t-elle accueilli l’officialisation des nouvelles dates du Tour de France ?
Arnaud Platel : Comme une source d’espoir, celle d’avoir la possibilité d’avoir une vraie saison 2020. Le fait de retrouver des dates donne une autre dimension à notre travail. On peut donner des éléments à des organisateurs et mettre en place un calendrier de préparation au Tour de France. C’est à la fois de l’espoir et du travail supplémentaire. Les deux combinés nous permettent de ne pas perdre de temps dans nos journées (sourires).

Les manches de la Coupe de France prévues en septembre ont choisi de rester à leur date. Était-ce la meilleure solution ?
Est ce qu’il y a des bonnes et des mauvaises solutions ? Nous sommes dans une saison particulière où il n’y aura rien d’habituel. Sous réserve bien sûr de l’état sanitaire en France à ce moment-là, ça sera un gros soulagement pour tout le monde si des courses peuvent se tenir. Il y a des coureurs et des équipes qui auront besoin de disputer des épreuves. Nous avons discuté avec les équipes et on se rend compte qu’il y aura des beaux plateaux sur les épreuves qui se disputeront en parallèle du Tour (le Tour du Doubs, le Grand Prix de Fourmies et le Grand Prix d'Isbergues, NDLR). La plus grosse contrainte sera l’aspect médiatique. Nous allons compter sur l’ensemble des médias pour nous faire une petite place derrière l’ogre qui est le Tour de France. En tout cas, on aura de belles courses. 

« ÇA SE FAIT EN BONNE INTELLIGENCE »

C’est surtout l’avant-Tour de France qui doit demander beaucoup de travail…
Il y a un travail mené actuellement entre le président du Rassemblement des Organisateurs des Courses Cyclistes (ROCC), Thierry Gouvenou, et Alain Clouet, pour la LNC, sur le calendrier de préparation du Tour de France. Nous n'imaginons pas les coureurs disputer le Tour comme première épreuve, et le Championnat de France ne leur suffira pas. On essaie de trouver les meilleures dates et les meilleurs dispositifs pour les équipes. 

C’est-à-dire ?
On parle beaucoup des équipes qui vont disputer le Tour mais d’autres n’y seront pas. On a besoin dans notre pyramide de formation des équipes comme Nippo Delko One Provence, la Conti Groupama-FDJ, St-Michel-Auber 93 et Natura4Ever Roubaix-Lille Métropole. Il faut trouver l’organisation pour leur permettre de revenir et faire courir leurs coureurs. Il faut essayer de trouver un bon maillage financier pour ça aussi. Il ne serait pas intelligent d’alterner une course dans le Nord et une dans le Sud. Il faut uniformiser le calendrier. Ça ne peut se faire qu’avec l’accord des organisateurs. Aujourd’hui, tout le monde semble disposé à travailler dans le sens de l'intérêt général. Ça se fait en bonne intelligence. 

À ce jour, il n’y a pas de courses pros, en France, avant le 31 juillet. Allez-vous chercher à en placer ?
Il ne faut pas avoir trop d’avance par rapport au Tour de France. L’état sanitaire est clair. Il n’y aura pas de courses UCI jusqu’au 1er juillet et pas de WorldTour jusqu’au 1er août. Il ne faut pas se précipiter et se dire qu’on sera les premiers. Il faut mettre en place le calendrier des courses mais les coureurs doivent pouvoir s’entraîner en amont. J’espère qu’ils pourront revenir sur la route courant mai. Pour autant, encore une fois, tout est lié à l’état sanitaire. Les chiffres actuels sont encourageants, avec une baisse des cas graves. Mais il y a encore beaucoup de décès dans les hôpitaux. 

« ON DOIT IMAGINER PLUSIEURS SITUATIONS »

Oui car aujourd’hui, rien ne certifie que la saison repartira...
Nous sommes sur l’option optimiste, en partant sur une limitation des effets du virus dans le futur. On doit imaginer plusieurs situations et y apporter des solutions médicales. Tout ce travail-là est en cours. Le ministère des sports a mis en place un groupe de travail, avec le médecin référent de chaque sport. Nous avons nommé Eric Meinadier. Tout d’abord car c’est le médecin fédéral, et aussi car il était en première ligne sur le Covid. Il est urgentiste. Il était en charge de l'accueil des patients malades du coronavirus. Il est bien au fait de la situation… Il y a des experts internationaux également. C’est à eux de travailler et de mettre en place toutes les procédures. Nous, on les fera appliquer. 

Pour revenir au calendrier, peut-on imaginer par exemple la tenue du Dauphiné pendant une Route d’Occitanie, ou du Mont Ventoux Dénivelé Challenge pendant le Tour du Limousin ?
Pour rappel, il y avait des doublons dans le calendrier initial, comme les Boucles de la Mayenne et le Dauphiné. Mais notre volonté est de les limiter au maximum. On veut permettre à toutes les équipes de courir. Si on met deux courses en même temps, je ne suis pas sûr que ce soit tenable pour nos équipes de troisième division. Il ne faut pas mettre en place un calendrier dément où toutes les équipes françaises ne pourraient pas suivre. Il faut garder de la cohérence. Par exemple, placer la Route d’Occitanie près du Mont Ventoux Dénivelé Challenge peut être intéressant.

Quand allez-vous finaliser ce nouveau calendrier ?
On ne veut pas trop traîner. On veut avoir durant le mois de mai une vision un peu plus claire. On a aujourd’hui les dates du Tour de France, des Championnats nationaux et du Mondial. Il faut que les dates des épreuves WorldTour se mettent un peu plus en place avec, pour la France, le Dauphiné et la Bretagne Classic. Autour de ça, on espère mettre en place un calendrier fort et intelligent. 

« EN RESSORTIR PLUS FORT »

Quelles sont aujourd’hui les courses pros françaises, hors WorldTour, qui veulent un report ?
Celles du mois de juin (Mont Ventoux Dénivelé Challenge et la Route d’Occitanie, NDLR), les Boucles de la Mayenne et Paris-Camembert. Nous travaillons aussi avec l’organisation du Mercan’tour Classic Alpes-Maritimes. Si on lui trouve une place, l'organisateur serait partant. Il y a des discussions avec les différents organisateurs. On n’est pas là pour leur imposer des choses. Il faut travailler en bonne intelligence et que tout le monde s’y retrouve. Il faut que ceux qui souhaitent aujourd’hui organiser puissent le faire ensuite, aussi bien au niveau administratif que financier. Ça sera pour eux une petite bataille à mener, en plus de celle menée chaque année. 

Il est trop tôt pour faire un premier bilan...
La difficulté est que personne ne peut faire un bilan de l’incidence du Covid-19 car nous n’en sommes pas encore sortis. Espérons qu’il y ait une reprise pour finaliser les conséquences financières et se reconstruire derrière. Nous sommes toujours dans l'expectative. Il y a une opportunité de sortie, on croise tous les doigts pour que ce soit la bonne. Faisons les choses intelligemment jusqu’à ce moment là pour que ce soit le cas. Il ne faut perdre personne en route. On travaille avec tout le monde. Le calendrier français doit en ressortir plus fort si c’est possible. Il faut trouver des solutions dès 2020 pour que 2021 soit une belle année de vélo. 

Mots-clés