Calendrier féminin : Sauver les Classiques en priorité

Crédit photo ASO / Thomas Maheux

Crédit photo ASO / Thomas Maheux

Nul ne sait encore, à l’instant-T, à quoi ressemblera le calendrier de la fin de saison. Quand les courses pourront-elles réellement reprendre ? Combien de temps pourra durer cette dernière partie de saison ? Combien de courses pourront être maintenues ? Combien seront finalement reportées ? Les interrogations sont nombreuses et l’UCI ainsi que la FFC, notamment, travaillent actuellement d’arrache pied pour tenter de trouver les meilleures solutions possibles. “Nous les avons au téléphone pratiquement tous les jours et les plans changent sans arrêt car il faut sans cesse s’adapter aux dernières nouvelles qui tombent. Ils font vraiment un boulot considérable pour tenter de satisfaire tout le monde. Ce n’est pas une position facile pour tous ceux qui travaillent dans les instances”, tient à rappeler Stephen Delcourt auprès de DirectVelo.

PROFITER DU CYCLISME MASCULIN

Le manager de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope, qui fait partie des huit formations féminines du WorldTour, a été régulièrement sondé dans la construction du calendrier cycliste de l’été et de l’automne prochain. Alors que chez les hommes, la priorité absolue a été donnée à la bonne tenue du Tour de France, puis dans un second temps à l’organisation des deux autres Grands Tours - Giro et Vuelta - ainsi que des grandes Classiques d’un jour, qu’en est-il chez les féminines ? “Je suis persuadé que beaucoup de choses vont reposer sur les courses masculines. C’est le cyclisme masculin qui va sauver le vélo, et donc aussi le cyclisme féminin. Dans notre équipe, nous sommes prêts à enchaîner trois-quatre mois de compétitions avec constamment deux fronts, ce qui pourrait nous faire entre 60 et 70 jours de course. Il ne faudra pas faire les difficiles où se plaindre de reprendre sur telle ou telle course. Tout sera bon à prendre. Nous devons tous faire des efforts”. Il cible tout de même des épreuves qui lui semblent essentielles. “La priorité sera les courses d’un jour qui ont un pendant masculin : Strade Bianche, Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège… Si on peut ajouter des courses comme La Panne ou Gand-Wevelgem, tant mieux”. Stephen Delcourt a plus de mal à imaginer le report du Tour d’Italie féminin. “Sportivement, c’est une priorité mais économiquement, ça ne l’est pas. Mais sait-on jamais : pourquoi pas au mois d’octobre, entre les autres dates italiennes déjà prévues au calendrier. En tout cas, il faudra prendre tout ce qu’il y aura à prendre. Soyons tous solidaires”.

De son côté, le manager de la formation UCI Charente-Maritime, Jean-Christophe Barbotin, n’a pas tout à faire les mêmes préoccupations. Et pour cause ; sa formation ne fait pas partie des meilleures mondiales et il n’envisage pas vraiment une participation à la plupart des grandes Classiques, au cas où celles-ci seraient reportées. “De toute façon, pourquoi irait-on sur ces courses-là, surtout si c’est dès la reprise ? Pour faire dix kilomètres dans le peloton ? Il faut être raisonnable”. Ce dernier mise plutôt sur une reprise en France, sur des épreuves d’un moindre niveau. “L’idéal pour nous serait de reprendre sur le Tour de Charente-Maritime, à domicile, fin juillet. C’est une course plate, pas trop exigeante, avec également un chrono. Ce serait top pour une reprise. Puis on pourrait enchaîner avec le KBE par exemple”. Il est aussi envisagé que les filles disputent quelques courses en 3e catégorie avec les garçons histoire de retrouver le coup de pédale sans faire de trop longs déplacements. “Si on a la chance de monter en puissance sur ce type de courses, ce serait ensuite super de pouvoir disputer le GP de Plouay, le Tour de l’Ardèche, le Championnat de France… Ce serait un calendrier cohérent pour nous”. Sans pousser des reports trop loin dans le calendrier. “Jusqu’au changement d’heure fin octobre, ce sera très bien. Mais je ne vois pas l’intérêt de repousser des courses en novembre pour ma part”.

REPRENDRE AVEC DES COURSES D’UN MOINDRE NIVEAU

La bonne tenue de plusieurs manches de la Coupe de France est également souhaitée par Jean-Christophe Barbotin. Il est rejoint dans ses propos par Juliette Labous. L’athlète du Team Sunweb envisage de faire sa reprise sur ce type de courses. “Ce serait bien de commencer avec des manches de Coupe de France car ça permettrait de se remettre dans le bain petit à petit avant de retourner sur les grosses courses UCI”. Qui restent bien évidemment sa priorité absolue. “J’aimerais qu’ils mettent les Ardennaises comme la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège, sans oublier les Strade Bianche. Ce serait bien de pouvoir disputer le Giro également, même si ce ne sera pas aux dates prévues. Les Championnats d’Europe et du Monde seraient importants également. Pour le Championnat de France, je ne me fais pas trop d’inquiétudes, j’imagine que ce ne sera pas le plus compliqué à organiser”, synthétise la jeune femme au moment d’évoquer ses souhaits quant à la fin de saison.

Les Classiques, voilà donc ce qui semble être la priorité pour beaucoup, puisque c’est également les premiers mots qui sont venus à la bouche d’Aude Biannic (Movistar) lorsque DirectVelo l’a interrogée sur la question. “Pour moi, la priorité doit être donnée aux Monuments comme le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège ou l’Amstel Gold Race. Si ces courses sont reportées chez les hommes, il faut espérer qu’elles aient aussi lieu chez les femmes aux mêmes dates. Ce sont des courses médiatisées et leur présence est essentielle pour sauver ce qui peut l’être dans le cyclisme féminin. C’est vraiment la priorité”.

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