Redoublement des jeunes : « Oui, mais sur du long terme »

Crédit photo Jo Groenevinger

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La semaine dernière, le directeur technique italien Davide Cassani a avancé l'idée de geler les catégories de jeunes pendant un an. Sa proposition est de garder chez les Cadets, en 2021, les coureurs nés en 2004 et 2005, comme cette année. Idem en Juniors avec les coureurs de 2002 et 2003 et les Espoirs avec les natifs de 1998, 1999, 2000 et 2001. Les coureurs nés en 1998 auraient donc droit à cinq années Espoirs (lire ici). Selon le sélectionneur de l'équipe de France Espoirs Pierre-Yves Chatelon, les actuels Juniors 2 et les Espoirs 4 sont les plus touchés par les annulations de courses. "Les Espoirs 4 qui ont tardé à confirmer ou qui ont fait des études jusqu'à récemment sont lésés par la situation actuelle. Les Juniors sont eux dans une période charnière. Quand tu n'as pas de compétition, ça peut freiner ta progression même si je n'ai pas de données scientifiques", soulignait-il à DirectVelo (lire ici). Ce point de vue est partagé par le directeur sportif d'Home Solution-Soenens, Kevin Hulsmans. "Les Espoirs 4 qui veulent décrocher un contrat pro n'ont pas la possibilité de prouver quoi que ce soit. Les Juniors 2 sont dans le même cas. Et donc, si les choses restent en état, il faudra regarder ce qu'ils ont fait en Junior 1".

UNE CATÉGORIE U24 VOIRE UNE U25 BIEN RÉGLEMENTÉE

À moins que la saison 2020 reprenne assez tôt. "Il faut vraiment espérer qu'on ait un semblant de saison, genre trois mois pour vraiment avoir le temps de se faire une idée sur le niveau des coureurs", souhaite le directeur sportif de Lotto-Soudal Development, Kurt Van de Wouwer. Mais avec quelles courses ? "Il ne faut pas croire que tout va repartir d'un coup. Beaucoup d'organisations seront en difficulté car tu n'as pas la possibilité de négocier avec les communes et les sponsors. Va-t-on autoriser les courses à huis clos ? Dans ce cas, comment un organisateur pourra-t-il faire des rentrées sans buvette ?", s'interroge Kevin Hulsmans.

En tout cas, l'idée de Davide Cassani intéresse le directeur sportif de Wallonie-Bruxelles Christophe Detilloux. "Cela peut provoquer quelque chose de positif. Quelle est la situation actuelle ? Quand tu as 22 ans et que tu n'es pas pro, tu dois limite arrêter le vélo. C'est un peu trop réducteur. Il y en a qui explosent sur le tard comme Oliver Naesen. Certains sont barrés trop vite ou d'autres ont fait des études pendant des années", analyse-t-il. Le Wallon se montre donc favorable à l'idée de rallonger la catégorie jusqu'à 24 voire 25 ans mais tout en laissant le pouvoir de décision aux équipes. "Oui, il faut qu'on puisse juger par nous-mêmes. Est-ce que le coureur en vaut la peine ? Quelle est son histoire ? Comment a-t-il progressé ? Mais pas parce qu'il n'est plus Espoir. Christophe Detilloux veut que l'UCI encadre bien ce changement s'il a lieu. "Qu'on ne recommence pas à tomber dans les règlements à la belge comme avec la TopCompétition U25, qui n'était pas reconnue officiellement par l'UCI et qui du coup n'était pas respectée par les équipes qui alignaient des trentenaires à leur guise". Par contre, il ne veut pas toucher aux autres catégories. "Pour les Juniors, cela ne servirait à rien. Ils s'endorment déjà assez quand on voit le retard que nos Belges ont par rapport aux autres nations. Il est temps de commencer le vélo sérieusement à 18 ans".

UNE DÉCISION POUR LE LONG TERME

Kurt Van de Wouwer n'est pas convaincu par cette proposition. "Je pense qu'il y a encore suffisamment d'épreuves de Classe 2 où les jeunes veulent se montrer". En année normale, le Tour de Bretagne, le Rhône-Alpes Isère Tour, le Tour de Savoie Mont-Blanc, le Tour du Jura, la Ronde de l'Oise, le Circuit des Ardennes, la Flèche Ardennaise, le Grand Prix Criquielion, pour ne citer qu'elles, sont autant de chances pour les meilleurs Espoirs belges de s'illustrer au niveau UCI. "Sauf que là, tu affrontes souvent des coureurs de 30 ans et ce n'est pas toujours évident pour eux de se distinguer. À la limite, quand tu as 22 ans et que tu n'es pas capable de battre un coureur de 24 ans, c'est que tu n'as le niveau pour être pro. Mais quand tu n'arrives pas à prendre la mesure d'un sportif de 30 ans, est-ce la même chose ? À mes yeux, non", argumente Christophe Detilloux.

À l'instar de Christophe Detilloux, Kevin Hulsmans voit d'un bon oeil la proposition d'avoir une cinquième année Espoir en 2021. Toutefois, les deux aimeraient voir une décision sur le long terme de la part de l'UCI. "Si c'est pour le faire seulement une année, cela ne servirait à rien car ce serait juste déplacer le problème ailleurs. Les Juniors qui passeraient Espoir en 2022 n'auraient finalement que trois années chez les Espoirs", commente Kevin Hulsmans. "Soit on le fait de manière permanente, soit on ne le fait pas du tout", ajoute Christophe Detilloux. La réflexion "intéressante" de Davide Cassani ne résoudra pas tous les problèmes. "On pourra faire ce qu'on veut, il y aura des coureurs lésés par la situation. La réflexion doit se porter vers la solution la moins pire et sur le long terme", termine Kevin Hulsmans.

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