Dimitri Bussard : « Pas le moment de les chambrer »

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Dimitri Bussard vit actuellement un “semi-confinement” en Suisse. “Par exemple, les restaurants et les cinémas sont fermés. Il y a des mesures strictes dans les magasins alimentaires, avec une limitation du nombre de clients à l’intérieur. Les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits, rapporte à DirectVelo le coureur licencié à Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme. Plus que des interdictions, en Suisse, il y a surtout un appel à la population de limiter les rencontres”. Ce qui signifie que le résident de Gimel (Canton de Vaud) peut sortir s'entraîner sur la route à l’inverse de ses coéquipiers français. 

DirectVelo : En Suisse, il est donc possible de faire du vélo en extérieur...
Dimitri Bussard : Il est autorisé de faire une activité à l’extérieur, tout en respectant une distanciation sociale. A l’inverse de la France, il n’y a pas besoin d’une attestation quand on sort. Il ne faut pas sortir en groupe. Côté vélo, je roule à la campagne, dans le massif du Jura. Je vois beaucoup de personnes faire des activités sportives, notamment en forêt. De ce que je vois, globalement, les mesures sont plutôt bien respectées. Je ne vois jamais de groupe de plus de cinq personnes, seulement des familles allant se balader ou quelques personnes faire du sport. D’ailleurs, j’ai lu dans les journaux que les autorités suisses étaient contentes du comportement de la population.

« JE ROULE UN PEU TOUS LES JOURS »

On ignore quand la saison repartira. Avec quelles ambitions roules-tu actuellement ?
Au mieux, la saison reprendra en juin. Je roule donc différemment que d’ordinaire. Par exemple, je n’ai pas envie d’aller chuter bêtement. Chez nous, les hôpitaux ne sont pas surchargés. Si ça devait arriver, la question de pratiquer une activité à l’extérieur se posera forcément. Actuellement, je m’entraîne “au plaisir”. J’aime être dehors et me défouler. Je n’ai pas perdu la motivation de faire du vélo car il n’y a plus de courses.

A quoi ressemblent tes sorties actuellement ?
Christian Milesi continue de me suivre. Je travaille ma force sur les efforts longs, en fin d’entraînement. Je simule donc les efforts en fin de course. Je roule un peu tous les jours car j’ai du temps. Je m’entraîne à l’envie. J’ai une trame mais sans me prendre la tête. C’est compliqué de faire un plan très précis, on ne sait pas quand les courses vont reprendre…

« JE FAIS ENCORE PLUS ATTENTION »

Tes coéquipiers français doivent t’envier…
J’évite de trop m’étaler auprès d’eux même si c’est autorisé en Suisse et qu’on voit énormément de gens dehors, même plus que d’habitude. Mais ce n’est surtout pas le moment de chambrer les copains. Je les plains. Ce n’est pas facile d’être enfermé chez soi et se contenter de home-trainer. J’ai la chance que les autorités suisses aient choisi cette politique-là. On n’a pas envie de la gâcher, en faisant n’importe quoi à l’extérieur. Un cycliste doit adapter sa vitesse à sa capacité. J’évite les grands axes ou certains cols très fréquentés car les motards sortent avec l’arrivée du soleil, notamment le week-end. Je prends surtout les petites routes, et je fais encore plus attention dans les descentes et endroits techniques.

Prends-tu cela comme un avantage par rapport à tes adversaires ?
Je roule pour le plaisir comme je le disais. II y aura un délais entre le déconfinement et les premières courses. Les autres pourront refaire de l’endurance. Je ne me fais pas trop de soucis pour eux. Ils font actuellement du travail qualitatif sur home-trainer. C’est juste l’endurance qui va leur manquer. J’ai vu sur les plateformes que les gars “pédalaient”, quand je vois les watts… Ça va vite revenir. De mon côté, je vais être mobilisé par la protection civile au moins une semaine fin avril en tant qu'aide au commandement. Ce n’est pas dit que je puisse m’entraîner pendant cette période-là.

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