Hinault 74 : Un 3e caté au Puy-de-Dôme

Crédit photo DirectVelo

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Le début de saison 1974 est perturbé  en Bretagne par l'épizootie de fièvre aphteuse qui d'abat sur les Côtes du Nord et l'Ille-et-Vilaine. Des dizaines de milliers de bêtes (porcs et bovins) sont abattues - et indemnisées- en mars. Dans les zones touchées, les marchés sont interdits, les églises fermées, les rassemblements de plus de 70 personnes interdits, les rotoluves fleurissent sur les routes et la soude utilisée pour désinfecter double de prix dans certaines drogueries à Rennes. Des vaccins sont livrés par avion depuis Lyon. Un week-end il est même interdit aux habitants des Côtes du Nord de quitter leur département.

DES TRACTEURS BARRENT LES ROUTES

En mars, une course est organisée à Plessala (Côtes du Nord) mais des tracteurs barrent la route pour empêcher les voitures des coureurs et des spectateurs de venir. Le 15 avril, la traditionnelle course du Lundi de Pâques à Saint Pern, à la limite Ille-et-Vilaine et Côtes d'Armor est annulée par décision préfectorale. De plus, le samedi 6 avril est décrété journée de deuil national à la suite de la mort du Président de la République Georges Pompidou.

C'est dans ce contexte que le jeune Bernard Hinault d'Yffiniac (Côtes du Nord) reprend la compétition en 4e catégorie après avoir passé douze mois dans les chars du 21e régiment d'infanterie de marine et pris dix kilos. Le Champion de France Juniors 1972 retrouve le CO Briochin de son mentor Robert Leroux. Le 31 mars il ouvre son compteur à Saint-Perreux à côté de Redon. Le 14 avril, il remet ça à Laniscat, toujours en "3 et 4".

Avec le groupe sportif amateur Juaneda, dirigé par André Le Guilloux, il part disputer le Circuit Franco-Belge du 2 au 5 mai. Il n'y était pas prévu mais sa grande forme change les plans. Déboussolé le premier jour, il se classe 2e du contre-la-montre la veille de l'arrivée. Révélation de l'épreuve, un Belge veut même l'inviter deux mois chez lui pour qu'il s'habitue à courir avec les Flahutes.

UNE DISPENSE POUR LA ROUTE DE FRANCE

Du 14 au 18 mai a lieu la Route de France. Inventée en 1951 par Jean Leulliot c'est la course par étape nationale de référence pour les amateurs. Mais avec le retard à l'allumage de la saison, Bernard Hinault est toujours en 3e caté alors que la course est réservée aux 1ère et 2e catégories. Le comité Bretagne rédige une attestation affirmant que le coureur a ses points pour monter en 2. Après la Route de France, Bernard Hinault oublie l'attestation et va courir - et gagner - deux courses en 3 et 4. Les coureurs battus portent réclamation et obtiendront son déclassement.

Le futur Blaireau porte encore le maillot bleu et jaune Juaneda. Il est encadré par Dédé Le Guilloux et Joseph Groussard, ancien vainqueur de Milan-San Remo. Signe ou pas, il porte le dossard 74, comme le millésime. Il attaque dès le premier jour et ramène le peloton sur les échappés dans le dernier kilomètre.

Le lendemain, à midi, se dresse un drôle de plat de résistance pour les coureurs, le Puy-de-Dôme. C'est une montée sèche. L'étape est retransmise en direct par l'ORTF, avec Jean-Michel Leulliot aux commentaires. Le fils de Jean passera ensuite sur Antenne 2 puis TF1 et aura de multiples occasion de parler du coureur qu'il découvre. C'est lui qui décrit le style du jeune Hinault qui prend la tête du peloton.  "Un garçon surprenant qui n'est pas du tout taillé comme un grimpeur avec de grosses jambes". Le Breton grimpe en force. Quand il attaque, il a Jean Chassang, Francis Vincent, Bernard Vallet et Patrick Mauvilly dans la roue. Ils doivent le laisser partir.

PARTI TROP VITE DANS LE PUY-DE-DÔME

Il reste encore 3 kilomètres avant d'atteindre le sommet. Hinault coince à mi-chemin et se fait doubler par Henri Berthillot  (Roanne) puis par ceux qu'il avait déposés plus bas. 7e au sommet, il se reproche d'avoir attaqué trop tôt.

Dans la demi-étape de l'après-midi, il remet ça. Le Briochin se retrouve à l'avant avec Robert Alban et Hubert Arbes, son futur équipier chez les pros. Le trio est revu par le paquet. Mais la révélation du Puy-de-Dôme a encore plein de jus. Il va remettre ça le lendemain. Les suiveurs n'ont encore rien vu.

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