Vitesse par équipes : Qui après Grégory Baugé ?

Quand il va franchir la ligne au bout de ses 250 mètres départ arrêté, Grégory Baugé jettera son oeil de tigre vers le chronomètre. "Si c'est pas « ça », je serai déçu même si on fait un bon temps collectif, dit-il à DirectVelo. Descendre notre temps peut ou pas dépendre du démarreur mais moi je le vois comme ça. C'est ma manière de voir".

Le multiple Champion du Monde sera le lanceur de l'équipe de France de vitesse ce mercredi au Championnat du Monde. "Je suis là parce que j'ai des qualités pour. J'ai montré que je pouvais aider l'équipe. Il n'y a pas eu meilleur que moi à ce poste là. On m'aurait dit il faut que tu sois en 2 pour que l'équipe soit meilleure, je l'aurais fait aussi". Herman Terryn ajoute que "les circonstances de cette olympiade font qu'on est parti avec Grégory en 1". En 2017 et 2018, Benjamin Edelin et François Pervis occupaient le poste de démarreur dans les équipes médaillées au Championnat du Monde. Quentin Caleyron travaille aussi le poste de démarreur mais Grégory Baugé s'est révélé le plus rapide. Il a réalisé 17"3, l'an dernier à Pruszkow. Pour Berlin, il ne se fixe pas d'objectif de temps.

LE RELAYEUR, LA CLEF DE VOUTE

"C'est l'importance du poste 2 qui nous a guidés. Tous les postes sont importants mais il ne suffit pas d'avoir un bon coureur à ce poste pour faire des très bons temps. Dans les autres nations, il y a souvent de très bonnes individualités en 2 mais très peu arrivent à faire de très bons temps. Sébastien est 2e dans la hiérarchie mondiale sur le 2e tour., c'est pas anodin", indique l'entraîneur national. Sébastien Vigier a réussi 12"29 par deux fois à la manche de Coupe du Monde de Glasgow.

Le relayeur est en quelque sorte la clef de voute du trio. C'est lui qui met sur orbite le finisseur avec une longueur d'avance ou qui lui refile une patate chaude et un handicap de plusieurs centièmes. Quentin Lafargue insiste sur l'importance du relai entre le 2 et le 3. "Le temps du finisseur dépend aussi de la vitesse à laquelle il est lancé par le relayeur". Dans l'autre sens, un démarreur rapide n'est pas forcément synonyme de meilleur temps sur le deuxième tour. "si le départ est plus rapide, ce n'est pas sûr qu'on puisse suivre derrière. Il y a un compromis à trouver pour optimiser le deuxième tour", relativisait Sébastien Vigier au près de DirectVelo en novembre dernier.

GRÉGORY BAUGÉ : « FINIR EN BEAUTÉ À TOKYO »

Grégory Baugé commence à penser à sa succession au poste 1. "J'ai toujours ma place, c'est une fierté  mais d'un autre côté, je me dis j'ai 35 ans et il n'y a personne derrière. Ceux qui sont au-dessus de nous ne le voient pas. Mettons, je tombe gravement malade, en vue des Jeux on fait comment ? J'ai les pieds sur terre, personne n'est éternel. Il va falloir qu'ils trouvent d'autres coureurs pour continuer de décrocher d'autres grosses médailles pour l'équipe de France. C'est bien beau la vie de sportif de haut-niveau mais derrière il faut continuer à s'investir. Il faut laisser sa place. Je veux finir en beauté à Tokyo. Avec tous les hauts et les bas que j'ai eus dans ma carrière, il y a des choses qui usent", dit le sociétaire de l'US Créteil.

On l'a compris, après Tokyo, l'équipe de France devra trouver un nouveau démarreur titulaire. "Pour la prochaine olympiade on pense au démarreur", assure Herman Terryn qui a un premier nom en tête. "Sébastien (Vigier), quand on voit le niveau qu'il a, c'est peut être lui le prochain démarreur, mais ça peut être d'autres coureurs. Ce sera peut être l'opportunité qui fera qu'un Seb, éventuellement, passe en 1. On espère aussi trouver les jeunes qui fassent d'excellents démarreurs pour 2024". Le principal intéressé a déjà réussi des temps respectables quand il était dépanneur au poste de démarreur. A Minsk, au pied-levé, il a réussi 17"4 en octobre. Mais à l'époque, il ne semblait pas intéressé par le poste. "Je ne pense pas être capable de faire mieux que 17"4. Il y a une barrière physique par rapport à ceux qui réussissent 17"", déclarait-il à DirectVelo. En attendant, c'est lui qui recevra le relai de Grégory Baugé et qui devra le redonner dans les meilleures conditions à Quentin Lafargue ou Melvin Landerneau mercredi soir à Berlin.

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