Quarante secondes : c’est l’écart creusé par Nairo Quintana sur l’ensemble de ses rivaux à l’occasion de la courte et sèche montée du Col d’Eze, ce samedi. Vainqueur de la 2e étape du Tour des Alpes-Maritimes et du Var (voir classements), le Colombien confirme son excellente condition en ce début de saison. Car, au-delà de gagner, ce sont surtout les écarts qui impressionnent. Il y a une semaine, déjà, le grimpeur de poche avait repoussé son dauphin, Alexey Lutsenko, à 1’28” sur les pentes du Mont Ventoux-Chalet Reynard. Un véritable gouffre. “Nairo arrive de Colombie. Il a fait un très gros travail là-bas”, rappelle Yvon Ledanois pour DirectVelo. Le discours du directeur sportif d’Arkéa-Samsic n’est pas sans rappeler celui du manager du collectif breton, Emmanuel Hubert, impressionné par les performances à l’entraînement de son nouveau leader cet hiver (lire ici).

Equipier de luxe du Colombien, son compatriote Winner Anacona s’attendait à voir Nairo Quintana être très performant en cette saison 2020. “C’est un coureur qui a beaucoup de qualités et beaucoup de classe. Je ne suis pas surpris. Ces dernières années, les gens ont peut-être un petit peu oublié qui est Nairo Quintana mais il a toujours été un grand de ce sport. La vérité, c’est qu’il a certainement connu un petit creux par manque de motivation. Mais quand tu es présent dans la tête, les jambes suivent”. L’ancien coureur de la Lampre-Merida puis de la Movistar, 31 ans, sait que son leader a connu des moments difficiles ces dernières saisons. “C’est le genre de coureur qui a besoin de courir l’esprit libéré, avec tranquillité et paix. Si tout coule de source, les résultats ne peuvent que suivre. La classe, on ne la perd jamais. Il l’a toujours eue”.

« L’ÂGE N’EST PAS UN FREIN, C’EST LA MOTIVATION QUI L’EST »

Dayer Quintana, frère de Nairo, tient un discours sensiblement identique. “Je ne suis pas surpris car il est totalement impliqué dans ce nouveau projet”. Et lorsqu’on l’interroge sur les écarts creusés par son frère sur le Col d’Eze, il décide d’insister sur le nouvel état d’esprit du récent vainqueur du Tour de la Provence. Et fait même un parallèle avec son cas personnel. “Moi-même j’avais besoin de retrouver la motivation à travers un nouveau projet. Je le comprends parfaitement puisque j’ai vécu la même chose que lui. L’année dernière, nous n’étions pas dans la même situation. C’est un changement qui nous fait déjà beaucoup de bien”.

Cette situation de réussite ne peut que ravir Yvon Ledanois, lui aussi convaincu que son nouveau poulain s’offre une nouvelle jeunesse. “Il y a un élément essentiel pour un coureur cycliste, c’est d’être bien dans sa tête. Quand c’est le cas, on peut faire de belles choses, que l’on ait 25 ans ou que l’on soit plus vieux. Il y a qu’à voir ce que font des coureurs comme Philippe Gilbert ou Alejandro Valverde. L’âge n’est pas un frein. C’est la motivation qui l’est. À partir du moment où l’on a la motivation, il ne peut pas vous arriver grand-chose”. Ou alors, que du bon, et c’est actuellement le cas pour Nairo Quintana et la formation Arkéa-Samsic. “Aujourd’hui (samedi), ça s’est passé comme sur des roulettes”, résume et se réjouit Yvon Ledanois. Et il n’est pas impossible que le scénario se répète, une troisième fois, sur les routes du Faron ce dimanche.