Tour de la Provence : L’absence de chrono divise

Crédit photo William CANNARELLA / DirectVelo

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Les saisons passent et les profils des courses évoluent. Avant le début de saison en France, DirectVelo avait pris la température au coeur du peloton et au sein de différents comités d’organisations pour tenter d’analyser, et d’expliquer, le “durcissement” des épreuves de février sur le territoire hexagonal (lire ici). Si le nombre d’arrivées au sommet ou de difficultés est en augmentation, le nombre d’efforts chronométrés semble en revanche en chute libre depuis de nombreuses saisons. La semaine dernière, sur les routes du Tour de la Provence, quatre étapes en ligne ont été proposées aux coureurs engagés. Mais pas de contre-la-montre, alors qu’un chrono inaugural avait eu lieu l’an passé aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Une situation que regrette Rémi Cavagna, actif ce samedi durant l'étape du Ventoux. “C'est un peu dommage, je trouve. J'ai déjà couru au Tour de Valence où il n'y a plus de contre-la-montre alors qu'il y en avait un l'année dernière. C'est moins bien pour moi car j'adore ça. Forcément, ça enlève une chance de faire un résultat. Il y a de belles étapes et les organisateurs ont renforcé les parcours en mettant plus de montagne mais le chrono, c’est bien aussi”, résumait le rouleur de la Deceuninck-Quick Step auprès de DirectVelo, en marge de la course provençale.

Autre spécialiste de la discipline, Anthony Roux regrette également la disparition progressive des chronos. “C’est vrai sur le début de saison mais aussi tout le reste de l’année. Clairement, ça se perd. Cette année, il n’y aura pas de chrono par équipes sur les Grands Tours… On le bosse donc moins. C’est comme ça. On a beau dire ce qu’on veut, ce sont les organisateurs qui décident des parcours. Moi je trouve que le chrono, c’est beau, même s’il ne faut pas que ça non plus. Une fois dans l’année, une course qui se joue sur un chrono, ça peut aussi faire du bien”. De son côté, Julien Vermote tente d’expliquer le peu de chronos en février-mars : “Les chronos importants en début de saison sont à Paris-Nice et à Tirreno-Adriatico. Ensuite, c'est plutôt sur des Grands Tours ou des courses comme le Critérium du Dauphiné ou le Tour de Suisse. Mais en début d'année, je comprends que ce ne soit pas toujours facile à organiser. Beaucoup de coureurs se concentrent sur les Classiques du début de saison. Du coup, le chrono est plus important un peu plus tard dans l'année”. Le Belge de la Cofidis met également en avant le format des courses par étapes. “Ce n'est pas évident de proposer un chrono quand tu n’as que quatre jours de course comme au Tour de La Provence. Si tu mets un chrono dedans, il y a seulement trois étapes en ligne. Les organisateurs doivent faire des choix”.

DES AVIS QUI DIVERGENT SUIVANT… LES INTÉRÊTS DE CHACUN

Serge Pascal, à la tête du Tour des Alpes-Maritimes et du Var, explique que plusieurs équipes demandent à son comité d’organisation de ne pas proposer de contre-la-montre. Un discours confirmé par Cyril Dessel, directeur sportif d’AG2R La Mondiale. “Les organisateurs nous demandent s’ils peuvent apporter des modifications à leurs courses pour qu’elles soient encore plus intéressantes et spectaculaires, pour qu’elles génèrent un intérêt. De notre côté, on suggère des pistes. Pour les chronos, certains aiment bien, d’autres moins. Cela nécessite une organisation assez lourde en début de saison et de notre côté, nous ne sommes pas spécialement demandeurs”. Le 6e du Tour de France 2006 connaît l’importance d’enchaîner les efforts face à l’horloge pour y progresser mais il évoque également le besoin de faire des résultats. “Quand on connaît l’influence d’un contre-la-montre sur le classement général d’une course par étapes, on n’est pas spécialement demandeurs car ça peut nous mettre en difficulté. On est sur les courses pour performer. Du coup, l’absence de chrono à la Provence, par exemple, ne nous pose pas de problème”.

D'autres formations évoquent également le fait de “ne pas être encore au top” en terme de matériel au mois de février. Une situation confirmée par Anthony Roux, triple médaillé aux Championnats de France du contre-la-montre Élites par le passé. “C’est forcément compliqué pour certains. Maintenant, je trouve qu’il y a de grandes différences de matériel entre certaines équipes. Nous, on est au top au niveau du matos à la Groupama-FDJ alors on est content de faire des chronos, mais il est certain que ça n’arrange pas tout le monde. Aujourd’hui, les organisations sont plus à la recherche de chemins que de chronos et je trouve ça dommage…”. Chrono ou pas, le Tour de la Provence pourrait en tout cas tester une éventuelle nouvelle formule à cinq ou six journées de course (lire icien 2021. 

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