Paris-Roubaix Juniors 2020 : Le budget est presque bouclé

Crédit photo Christophe Dague - DirectVelo

Crédit photo Christophe Dague - DirectVelo

John Malaise a le sourire. A moins de deux mois du 18è Paris-Roubaix juniors (le 12 avril), l’organisateur de l’épreuve se déclare "beaucoup plus optimiste que l’an dernier",  puisque le budget pour l'organisation de cette épreuve n’est pas loin d’être bouclé. Contrairement à 2019, il n’y a donc pas de raison de sonner l’alarme. Mais si l’ancien directeur sportif de l’équipe Juniors du VC Roubaix-Lille Métropole est fier de la croissance de son "bébé", -"on est monté au fil des ans pour arriver là où on en est, qui l’eut cru ?"-, il a aussi de véritables inquiétudes pour la pérennité des courses cyclistes. Il se confie à DirectVelo.

DirectVelo : Il y a tout juste un an, en février 2019, Paris-Roubaix Juniors était en danger. Est-ce encore le cas cette année ?
John Malaise : Non, je ne pense pas. Même si nous n’avons pas complètement bouclé le budget, je suis beaucoup plus optimiste qu'en 2019. Et à l’instar de l’année dernière avec l’aide de John Degelkob, je dois cette confiance à un ancien vainqueur de Paris-Roubaix. Mathew Hayman (vainqueur en 2016, NDLR). Il nous a contactés pour proposer son soutien, avec l’aide d’un entrepreneur. Je ne peux pas encore donner le nom de ce dernier, puisque les négociations débutent, mais je suis très optimiste. Même si nous ne donnerons la réponse définitive que fin février, je considère que le Paris-Roubaix juniors aura bien lieu ce 12 avril 2020 !

Combien coûte l’organisation d’une telle épreuve ?
Un peu plus de 55 000 euros. Une grande partie de ce budget est consacré à la sécurité -signaleurs, police, gendarmerie-… Et en Coupe des Nations, nous devons aussi participer aux frais des équipes à hauteur de 500 euros auxquels il faut ajouter les hébergements d’une nuit. Il y aussi les locations de voitures, les ambulances, les médecins, l’animateur… Tout cela mis bout à bout, c’est une grosse somme ! Et encore, si nous devions rémunérer tous les bénévoles -une cinquantaine de personnes principalement du club de Roubaix- qui travaillent sur l’organisation et les personnes présentes le jour J, le coût serait le double ! Au niveau des ressources, les collectivités donnent 20 000 euros. Je dois aller chercher le reste.

PAS DE RÉPONSE D'ASO

As-tu un soutien de ASO ?
On leur a envoyé des courriers, mais nous n’avons pas reçu de réponse. Je ne crois pas beaucoup à cette piste. ASO participe déjà financièrement au Paris-Roubaix Espoirs et c’est compliqué cette année. Il a fallu prendre dans les réserves du VC Roubaix pour l’organiser. J’ai des doutes sur la possibilité de boucler leur budget en 2021. C’est une course en danger. C’est vraiment compliqué tout ça. Pas étonnant que plusieurs courses du calendrier disparaissent chaque année.

Beaucoup d’organisateurs communiquent sur leurs difficultés…
Oui, nous ne sommes pas les seuls, et c’est bien cela qui m’inquiète. Les organisateurs de courses cyclistes ont de plus en plus de mal à boucler leur budget. Le Tour du Pays de Vaud en Suisse, lui aussi en Coupe du Monde Juniors, a galéré de la même façon que nous l’année dernière. Je me pose énormément de questions : pourquoi est-ce si compliqué ? Les entreprises ont certainement moins d’intérêt à sponsoriser ces compétitions moins médiatisées. 

LE SECTEUR JOHN DEGENKOLB OUVRIRA LE BAL DES JUNIORS

John Degelkob, qui a « sauvé » Paris-Roubaix l’année dernière, aura bientôt un secteur pavé à son nom. Es-tu à l'origine de cette demande ?
Non, mais j'aurais pu ! C'est vraiment bien, d'autant que ce n'est pas n’importe quel secteur ! Il est le premier emprunté par la course Juniors (Les juniors parcourent les 85 derniers kilomètres de la course des professionnels, NDLR). L’initiative vient des communes d'Erre, Hornaing et Wandignies, et du président du VC Hornaing. L’agent de John Degelkob m’a invité à l’inauguration qui aura lieu lundi prochain (le 10 février).  Ils ont fait ça car John a gagné la course en 2015, il est très amoureux de cette épreuve et il a surtout sauvé la course des Juniors l’année dernière. Cela donne du baume au cœur !

Parle-nous un peu de l’épreuve de cette année...
Le parcours sera identique à l’an dernier : les juniors empruntent les 85 derniers kilomètres du circuit pro, avec 17 secteurs pavés. Le secteur qui a été ajouté chez les professionnels est bien avant, donc sans conséquence. Au niveau des équipes, il y aura les 19 équipes nationales voire 20 (la Slovénie n’a pas confirmé), soit 3 de plus que l’année dernière avec la Biélorussie, Hongrie et Irlande pour qui ce sera le premier Paris-Roubaix. C’est extra ! 

« ON NE PAYAIT MÊME PAS LA POLICE »

Tu as créé cette compétition en 2003. Imaginais-tu un tel succès 18 ans plus tard ?
Ah non ! Quand j’ai créé cette course (sous le nom « Le pavé de Roubaix », NDLR), j’étais DS de l’équipe Juniors du VC Roubaix (devenu en 2007 le VC Roubaix-Lille Métropole, NDLR). On  avait des belles épreuves en Belgique, des épreuves nationales et internationales aussi. Et rien en France au nord de Paris !  J’ai fait une réunion avec le Président du club de l’époque-Jean Charles Canonne-, et il m’a donné son accord à condition que je trouve l’argent.  

Cela coûtait aussi cher qu'aujourd'hui ?
À cette époque,  il y avait moins de frais. On ne payait même pas la police ! Et je travaillais avec pas mal d’entreprises qui ont bien voulu sponsoriser l’épreuve. Et c’est parti comme ça ! Pour l’anecdote, je n’étais pas certains d’avoir assez de monde au départ en 2003. C’est moi qui ai appelé les équipes et les coureurs pour qu’ils participent ! C’est Anthony Colin de l’ESEG Douai, qui a terminé premier. Dès l’année suivante, nous avons eu des inscriptions de plusieurs pays. Et c’est Geraint Thomas qui a gagné en 2004 !

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