Benoît Cosnefroy, les bonnes décisions au bon moment

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Benoît Cosnefroy a parfaitement débuté sa saison. Pour sa première course de l'année, le sociétaire d’AG2R La Mondiale s’est offert le Grand Prix La Marseillaise (voir classement). Ce dimanche, l’ancien Champion du Monde Espoirs a su faire preuve de finesse tactique pour devancer ses compagnons d’échappée dans la dernière ligne droite. Le Normand s’est confié à DirectVelo après l'arrivée. 

DirectVelo : Tu avais annoncé vouloir en claquer une dès le mois de février sur une épreuve de Classe 1, avant d'enchaîner les courses WorldTour à partir de Paris-Nice. C'est chose faite dès ta course de reprise !  
Benoît Cosnefroy : L’équipe était vraiment forte aujourd’hui (dimanche) quand on voit que Clément Venturini a gagné le sprint du peloton, les attaques à répétition de Quentin Jauregui et de François Bidard ou encore Harry Tanfield qui a roulé en tête de peloton. J’avais de bonnes jambes alors c’était la journée parfaite. Je suis très heureux de commencer la saison par une victoire et de conclure le super travail de l’équipe AG2R La Mondiale. Le Grand Prix La Marseillaise au palmarès, c’est quelque chose qui est impressionnant. Je veux remercier toute l’équipe parce qu’ils ont fait un super travail. J’ai gagné de façon offensive comme j’aime le faire. 

As-tu crains le retour du peloton dans le final ?
Je n’ai pas douté. J’étais sûr de mes jambes et j’étais sûr que mes coéquipiers avaient eux aussi des jambes pour conclure si le peloton revenait. Il y avait encore des hommes forts derrière au cas où. J’étais sûr de mon équipe et j’avais des cartouches. Au kilomètre, je me suis demandé comment j’allais manoeuvrer sur une arrivée plate et toute droite comme celle-ci. J’ai réussi à prendre les bonnes décisions au bon moment. C’est une surprise de commencer l’année comme ça. 

« TOUJOURS DIFFICILE DE SAVOIR OÙ L'ON EN EST »

Comment as-tu manoeuvré lors de ce fameux dernier kilomètre ?
Je savais que Valentin Madouas allait vite au sprint et le Belge (Tom Devriendt, NDLR) également. Je l’ai croisé à l’entraînement en Espagne, ce mois-ci (sourires). Je savais qu’il était fort donc je me méfiais plus de lui, surtout qu’il y avait une certaine forme de solidarité française avec Valentin Madouas. On se connaît très bien et on avait pris la décision de ne pas se rouler dessus vu qu’il y avait deux coureurs étrangers avec nous. Ça aurait été dommage de jouer l’un contre l’autre dans un tel final. Il me faisait peur, mais on avait fait une sorte de pacte, entre guillemets. En fait, c’était surtout le Belge qui me faisait peur.

Bien que tu sois plutôt surpris de gagner, ce parcours te correspondait à la perfection !
C’était clairement le parcours qui me correspondait le mieux ce mois-ci, mais c’était la première course de l’année. C’est toujours difficile de savoir où l’on en est. Je savais que j’avais bien travaillé cet hiver, mais je ne suis pas le seul à l’avoir fait. Je ne suis pas arrivé la fleur au fusil ce matin en me disant que j’allais casser la baraque. Je ne savais pas trop comment les jambes allaient répondre. C’était difficile de se mettre un objectif très élevé et de savoir où attaquer. J’ai pris du plaisir à attaquer dans la Route des Crêtes. Maintenant, je vais notamment faire le Tour du Haut-Var et ça ne sera pas du tout le même profil. Je pense que j’ai plus ma carte sur un Grand Prix La Marseillaise que sur le Tour du Haut-Var. Mais si je me retrouve en situation de gagner au Haut-Var, je ne vais pas m’en priver.

« IL Y A BEAUCOUP DE FEELING »

Quand tu te retrouves en situation de gagner, tu fais souvent mouche !
Je mets la balle au fond souvent, mais ce n’est pas évident. J’ai réussi à prendre les bonnes décisions au bon moment. Il y a beaucoup de feeling. Quand je suis devant, ça me rassure d’avoir une équipe derrière moi qui est solide. Je sais que si le peloton revient, on a Clément Venturini, Alexandre Geniez et Quentin Jauregui. Je sais qu'en cas de sprint, ça peut aller et que l’on sera en “position de gagne”. Je n’ai aucune pression et c’est peut-être ça qui me permet d’être détaché. Je peux prendre des décisions en une seconde pour aller chercher le résultat. Ça fonctionne pour l’instant. Depuis un an, quand je me retrouve en position de gagne, je me loupe rarement. Mais avant, je tiens à rappeler que j’ai terminé quatre ou cinq fois 2e d’un Championnat. Tout le monde me demandait pourquoi je faisais toujours 2e. Je ne le savais pas... Le vainqueur était toujours une demi-roue plus fort que moi. Aujourd’hui, au niveau physique, il n’y a rien qui me sépare du 2e et du 3e : il y a un demi-vélo. Sur cent cinquante kilomètres, ce n'est rien. Quand je faisais 2e, je pense que je prenais les bonnes décisions, mais ça ne payait pas. C’est le vélo. Ça ne s'explique pas, parfois.

Ces nombreuses médailles d’argent et autres places de 2 t’ont-elles aidé à progresser tactiquement ?
Chaque final aide à se construire. Quand j’ai terminé 2e du Championnat de France Amateurs derrière Valentin Madouas, cette arrivée m’a énormément appris. Je pense que ça m’a servi au Championnat du Monde pour battre (Lennard) Kämna. C’est de l’expérience qui s’accumule. J’arrive à prendre de meilleures décisions, mais c’est depuis les rangs Cadets que j’engrange des connaissances. Maintenant, ça commence à payer. Mais si ça se trouve, la semaine prochaine, je peux me retrouver dans la même situation, sur la même arrivée, et peut-être que je terminerai 3e. Si l’arrivée était en haut de la route des Crêtes, ça serait différent. Pour une arrivée plate, c’est plus fin. Les quatre, on était aussi forts les uns que les autres.  



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