Mondial : « Impossible de se mentir » à Dübendorf

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Pour les clichés sur la Suisse, il faudra repasser. Dübendorf n’est pas situé sur les bords d’un lac, et encore moins perché au milieu des montagnes. Si on aperçoit les Alpes enneigées au loin, quand on lève la tête, on voit surtout des avions et des hélicoptères qui décollent régulièrement. Le circuit du Championnat du Monde de cyclo-cross 2020 a été tracé en plein cœur de l’aérodrome militaire de la commune située dans la banlieue zurichoise. “Pour les photos, ça sera moins intéressant que l’an dernier à Bogense (Danemark) où il y avait la mer du Nord en toile de fond”, regrettait ce vendredi matin, pendant la reconnaissance, un photographe. “Ce qui compte, c’est que les coureurs puissent offrir du spectacle”, coupe François Trarieux, le sélectionneur de l'Équipe de France.

« PAS AUSSI ROULANT QUE SUR LE PROFIL »

Les informations sur le tracé ont été rares. L’endroit n’avait plus accueilli de cyclo-cross depuis plus de vingt ans. La vidéo du profil révélée il y a quelques jours a permis d’en savoir plus. “Mais ça ne sera pas aussi roulant que sur le profil”, observe François Trarieux. A l’issue de la reconnaissance, les coureurs interrogés étaient unanimes : le circuit ne va laisser aucun répit. “C’est un circuit tout plat mais ça tape beaucoup, car il y a plein de mottes d’herbe, rapporte Théo Thomas. Tu es secoué. Le champ n’est pas adapté pour un cyclo-cross. Tu es vite arrêté, tu ne prends jamais de vitesse. Normalement, sur un cyclo-cross, tu peux laisser couler dans les virages et t’amuser à prendre large”. Pour plusieurs observateurs, le circuit est "un mixte entre Bogense et celui du dernier Championnat d’Europe, à Silvelle".

La pluie tombée dans la nuit rend le terrain gras. "On disait que ça allait être roulant mais à des endroits, on commence à s’enfoncer. Et ils annoncent encore de la pluie d'ici les courses", indique Amandine Fouquenet. Selon Sven Nys, interrogé par Sporza, la météo fera la différence. "S'il y a de la boue, ce sera très spectaculaire", imagine l'ancien Champion du Monde. Les différentes buttes et les quatre passerelles sont sur toutes les lèvres. "Les passerelles feront la différence. Et les buttes vont se passer en courant à pied car elles sont trop raides et l’herbe n’est pas assez lisse", rapporte Théo Thomas. Pour François Trarieux, les buttes, en dévers, vont rendre "le parcours spectaculaire". Selon lui, il faudra courir devant pour éviter de perdre du temps. "On risque d’avoir des courses éclatées”.

« LE COEUR NE REDESCEND JAMAIS »

Pour Théo Thomas, il est "impossible de se mentir" sur ce circuit. "Tu es toujours en prise, tu n’arrêtes jamais de pédaler. Il faudra être fort. Même s’ils n’aiment pas le circuit et qu’ils ne prennent pas de plaisir, ceux qui auront de la force arriveront à exploiter leur puissance", pense l'Alsacien. Un sentiment partagé par Amandine Fouquenet. "Il n’y a aucun moment où on peut récupérer. Les passerelles sont dures. Le cœur ne redescend jamais, c'est intense". 

Le parcours plaît au sélectionneur des tricolores. "Clairement, ça change. Nous avons le droit à des parcours assez différents chaque année. Ils ont créé un circuit artificiel, à l’image de celui de Belvaux, au Luxembourg, en 2017", rappelle-t-il. Amandine Fouquenet regrette, elle, l'absence de sous-bois. Théo Thomas a lui bien du mal à s'emballer. "Quand tu fais Namur, Coxyde ou Berne, tu t’attends à mieux que ça au Mondial. On a l’impression d’être sur une course régionale car il n’y a pas d’effet de vitesse sur le circuit. Mais nous sommes obligés de faire avec. C’est pour tout le monde pareil”.

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Portrait de Amandine FOUQUENET
Portrait de Théo THOMAS