Bernard Mary : « Une aventure extraordinaire »

Crédit photo Aurélien Meazza

Crédit photo Aurélien Meazza

Depuis le samedi 23 novembre, Bernard Mary n’est plus le président du SCO Dijon. À la tête du club bourguignon pendant 27 ans, il a vécu de grandes années grâce aux Jérémie Dérangère, Olivier Grammaire, Jérémy Cabot et bien sûr son fils, Romain, sacré Champion de France Amateurs en 2000. “On est parti de rien, et on est arrivé au sommet”, apprécie-t-il. S’il laisse la présidence au profit de Régis Bouchesèche (lire ici), Bernard Mary ne quitte pas pour autant le navire dijonnais. Pour DirectVelo, le nouveau vice-président du SCOD revient sur son (long) mandat et explique pourquoi il sera encore là pendant quelques années.

DirectVelo : Qu'est-ce que ça te fait de laisser la présidence du SCO Dijon ?
Bernard Mary : C'est une vraie satisfaction. C'est un schéma que je m'étais déjà donné depuis quelques années. Je voulais trouver quelqu'un de bien pour le club. On ne peut pas donner la succession d'un club comme le nôtre à n'importe qui. J'ai trouvé en Régis Bouchesèche la personne qui avait vraiment le profil pour prendre la suite, sachant que j'ai l'intention de passer le relais dans les meilleures conditions possibles. Je vais le suivre pendant encore quelques années. Je ne veux pas lâcher le bateau. 

Depuis combien de temps réfléchissais-tu à ta succession ?
Depuis déjà deux-trois ans. J’ai fait ce choix pour plusieurs raisons. Déjà, il y a un peu de fatigue et d'usure. Je connais des présidents dans d'autres sports qui sont souvent des chefs d'entreprise. Ils ont leur réseau à eux. Pour ma part, je suis parti de rien il y a 27 ans. J'ai relevé une liquidation judiciaire de l'ancien club. C'était compliqué, on est parti de zéro. On a gravi les marches les unes après les autres sans se précipiter. Au final, ça s'est fait car on en avait envie, et on en est arrivé là. Par contre, la conjoncture actuelle n'est pas facile. Il faut pouvoir tenir les finances du club, c'est une entreprise en quelque sorte. Il faut être réaliste. Avec Régis, j'ai trouvé du sang neuf, un chef d'entreprise. David Burgi (directeur général de la société Chazal, NDLR) va également lui donner un coup de main. J'ai aussi mon fils, Romain, qui va peut-être un peu aider. Ils ont aujourd’hui la quarantaine. Je me suis retrouvé président du SCO Dijon à 43 ans. J'étais encore un peu coureur cycliste à l’époque. Finalement, je me suis mis là-dedans tout seul. Il n'y avait pas le choix, il n'y avait que moi ! C'était compliqué au début, ça s'est fait tout seul au fil des années. Je donne à Régis un club sain, sportivement et financièrement, même si c'est difficile sur ce dernier point. 

« CONTINUER CETTE MARCHE EN AVANT »

Comment Régis Bouchesèche a-t-il fait pour te séduire ?
Cela a été un concours de circonstances. Régis pratiquait le vélo et surtout du trail. Il était vraiment à bloc là-dedans. Un jour, il nous a dit qu'il avait un problème au coeur. Il fallait qu'il lève le pied. Pierre Lescure (dirigeant du SCO Dijon, NDLR) lui a demandé s’il était intéressé pour s'investir au SCO Dijon. Il a répondu "oui, pourquoi pas". Je connaissais bien sa famille, il a des proches qui ont été aussi présidents de clubs. Du coup, j'ai voulu aller plus loin, je lui ai dit que je cherchais un successeur. Il était intéressé également, et ça s'est fait comme ça. Comme on dit, dans la vie, il faut être avec la bonne personne au bon endroit et au bon moment. Je reste persuadé que ça va bien se passer. 

Tu es désormais vice-président. Était-ce une vraie volonté de ne pas couper le cordon ?
Oui. Je suis fait dans le même moule que d’autres présidents, comme Alain Mathieu du CC Nogent-sur-Oise. Le club est notre bébé. Il fallait quand même penser à l'avenir. Parfois, on remet à demain ce qu'on peut faire le jour même. Je pense qu'il fallait anticiper tout ça pour continuer cette marche en avant. Il n'y a pas de raisons pour que ça se passe mal. Régis est la personne en mesure de relever ce challenge. 

Que veux-tu et que peux-tu encore apporter au SCO Dijon ?
C'est à moi de bien passer le relais à Régis, et l'aider pendant quelques années pour lui transmettre mon savoir et la façon de gérer tout ça. Un club, une association, ça ne se gère pas tout à fait comme une entreprise car on a des bénévoles. On a une bonne osmose. C'est important pour fédérer les gens. Régis aura certainement de nouvelles idées. Je suis là pour l'aider afin d’encore avancer. Au minimum, il faut rester en DN1. La réforme va plutôt dans notre sens car Dijon est un club formateur. Je félicite toujours le travail de Denis Repérant. Il est à la fois un manager, un bénévole et un salarié. Il a la moëlle du vélo. Il est issu d'une famille de vélo. Il est une pièce incontournable. C'est important. Avec tout ça, on va continuer d'aller de l'avant.

Quel rôle aura David Burgi ?
Il encadrera surtout Denis et l'aidera pour trouver le budget qu'il faut en DN1. David est un garçon vraiment exceptionnel. Il m'a dit qu'il voulait rendre au club ce qu'on lui avait donné. Il n'a pourtant fait que deux ans au club. Peu d'anciens coureurs renvoient l'ascenseur. David a peut-être un peu plus de moyens que d'autres, mais il a autre chose à faire que de s'occuper du SCO Dijon. Le but n'est pas de lui dire “tu nous trouves de l'argent”. Il doit s'imprégner de ce que l'on fait et voir comment on peut se débrouiller pour faire encore mieux.

« HIROSHIMA, MA PLUS GRANDE FIERTÉ »

Quelle est ta plus grande fierté à la tête du club ?
Je retiens plein de moments. Il y a le titre de Champion de France de mon fils, en 2000. On est parti de rien, et on est arrivé au sommet, à gagner les plus belles courses en France avec des Jérémie Dérangère ou Olivier Grammaire. Ça a recommencé cette année avec Jérémy Cabot et les autres. Derrière, il y a de bons jeunes. Grâce au sénateur François Patriat, qui est un ami, j'ai rencontré plein de gens. Je n'aurais jamais pensé me retrouver sur l'épicentre à Hiroshima, avec le maire à déposer une gerbe. Il n'y a pas beaucoup de présidents de clubs cyclistes en France qui peuvent en dire autant. Ma plus grande fierté est peut-être Hiroshima...

Comment t’es-tu retrouvé à Hiroshima ?
On organise la cyclosportive Courir pour la Paix depuis un certain temps. Monsieur Sata (un homme d’affaires japonais très implanté en Bourgogne, NDLR) voulait faire la même chose à Hiroshima. Malheureusement, on n'a pas pu le faire là-bas en raison de la circulation. J'ai beaucoup donné au vélo, mais le vélo m'a beaucoup donné en retour également.

As-tu des regrets ?
Non, pas vraiment. On a monté les échelons les uns après les autres. Le petit regret est que mon fils aurait peut-être pu aller chez les professionnels après son titre de Champion de France. On sortait de l'affaire Festina. C'était compliqué. Il a eu peur de tomber là-dedans. Il est rentré dans la police. Il a bien fait je pense, il a une bonne place aujourd'hui. En 27 ans, j'ai en tout cas vécu une aventure extraordinaire.

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