Valentin Cosnier : « Il y a deux mois, je galérais »

Crédit photo William Cannarella

Crédit photo William Cannarella

Ce mardi après-midi, Valentin Cosnier, avant d'aller rouler, avait glissé dans sa poche une étoffe bien particulière. Au moment de retrouver ses compagnons d'entraînement, il déplie ce tissu aux trois couleurs brillantes : bleu-blanc-rouge. En effet, depuis dimanche, le fidèle sociétaire du C'Chartres Cyclisme est devenu Champion de France Masters 2 de cyclo-cross et il a tenu à le partager avec ses copains.

L'an dernier, il s'était classé 2e derrière Ludovic Renard. Mais cette année à Gouville, c'était l'heure de Valentin Cosnier (voir le classement). "Je n'ai jamais eu ces sensations, ou alors je ne m'en souviens plus", sourit celui dont le dernier titre remontait au Championnat de l'Orléanais en 2005. Ludovic Renard est lui aussi une vieille connaissance. "C'est un copain depuis l'école de cyclisme. Je dois avoir cinq ou six places de 2 derrière lui au Championnat régional", souligne le coureur.

« LE PODIUM, C'EST MOINS INTIME »

En Normandie, le circuit offrait des parties techniques et notamment "une grosse butte où il fallait choisir la bonne trajectoire", note le futur vainqueur. Avant d'aborder cet obstacle, Valentin Cosnier quitte le sillage de Ludovic Renard pour être libre de sa trace. "En haut, il y avait un écart. J'ai continué sur ma lancée. J'ai géré ma course en insistant dans les parties roulantes et en gérant les parties techniques car c'était très glissant dans les dévers".

A la fin du premier tour, il y a 17" entre les inséparables adversaires. Sur le circuit de l'Eure, le coureur de 37 ans tourne comme une horloge. "Les jambes répondaient bien, j'ai eu jusqu'à 35" d'avance". Et puis, d'un coup, le coureur du C'Chartres Cyclisme réalise qu'il est parti pour gagner le cham-pion-nat-de-Fran-ce. Son tout premier. "Putain ! je vais le faire", je me suis dit. L'émotion est montée sur le vélo. Je me suis dit "reste concentré !", surtout que Ludovic Renard, ce n'est pas n'importe qui", raconte-t-il. Reparti de l'avant, il n'a qu'une chose en tête, finir la course le plus vite possible. "J'ai même piqué un sprint, tout seul, à 500 mètres de l'arrivée", ajoute celui qui a aussi devancé tous les "p'tits jeunes" des Masters 1. A lui les fleurs, le maillot bleu-blanc-rouge et la Marseillaise. "Mais sur le podium, c'est moins intime".

LE CANNIBALE DU MOIS DE NOVEMBRE

Ce titre récompense un passionné de cyclo-cross et de vélo qui ne rate aucune saison dans les sous-bois. Son meilleur classement au Championnat de France Elites est une 14e place en 2017 à Lanarvilly et il a terminé 15e de la Coupe de France 2015. Et pourtant, il a bien failli ne pas chausser les boyaux à crampons cet hiver.

"Cet été, je suis resté deux mois sans faire de vélo après une opération d'un abcès à la selle, rappelle Valentin Cosnier. Quand j'ai repris le 2 septembre, je n'avais aucune sensation, je galérais sur le vélo. Moralement, c'était dur mais j'allais rouler car ça me faisait du bien". Au point d'accumuler 1000 bornes. "J'ai essayé de courir un cross début octobre à Castelsarrasin. C'était déjà une victoire. Je termine 5e mais complètement défoncé", se souvient-il. Dans les cyclo-cross du Sud-Ouest où il habite, la condition s'améliore et quand il part à la manche de Coupe de France Masters d'Andrézieux-Bouthéon c'est pour se qualifier pour le Championnat de France. "C'était un circuit que j'aime avec des dévers et sans grandes lignes droites". Ludovic Renard perce et son dauphin préféré s'impose pour la première fois de la saison. "Mais au pire, je faisais 2".

Depuis, le Poulidor du Championnat du Centre s'est transformé en Cannibale avec cinq victoires de suite. "Je suis invaincu en novembre", dit-il avec le sourire. Ce week-end, il sera en Belgique, à Mol, pour le Championnat du Monde. "On verra, c'est un circuit particulier sur le sable". Et pour faire le déplacement, il fera route avec Ludovic Renard. Inséparables.

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