Cecilie Uttrup Ludwig : « La FDJ, un projet sur le long terme »

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

C’est le gros coup de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope. Considérée comme l’un des grands espoirs du cyclisme féminin mondial, Cecilie Uttrup Ludwig portera les couleurs de la formation UCI française à partir de la saison prochaine. La Danoise de 24 ans - aujourd’hui installée à Gérone (Catalogne) - a notamment démontré toutes ses qualités lors du dernier printemps en terminant 3e du Tour des Flandres, de la Course by le Tour et du Trophée Alfredo Binda, 5e des Strade Bianche, 6e de l’Amstel Gold Race, 8e de la Flèche Wallonne ou 10e de Liège-Bastogne-Liège. DirectVelo fait le point avec la dernière lauréate du Grand Prix de Plumelec, qui se dit prête à passer un nouveau cap avec la structure française qui postule au label WorldTeam. 

DirectVelo : Tu as décidé de rejoindre la formation FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope. Pourquoi ce choix ?
Cecilie Uttrup Ludwig : J’étais en contact avec l’équipe depuis longtemps. J’ai très vite senti que Stephen (Delcourt, le manager général de l’équipe, NDLR) avait une grande confiance en moi, et ça signifie beaucoup. Il a toujours cru en mes capacités et m’a répété que j’avais potentiellement un grand avenir dans le milieu. Je pense que l’on a toutes et tous besoin de ça, de sentir que les gens qui nous entourent nous font pleinement confiance, afin d’exploiter la totalité de nos capacités. Ce qui me plaît aussi, c’est de savoir que l’équipe travaille vraiment main dans la main avec de nombreux partenaires, comme Shimano, pour toujours chercher à se perfectionner. Je pense au travail en soufflerie, entre autres. Je sais que je serai dans un bon environnement pour progresser. 

Que retiendras-tu de ta saison 2019, ta dernière avec l’équipe Bigla ?
J’ai beaucoup appris. Je pense avoir encore passé un cap. C’était une bonne saison, mais lorsque l’on est compétitrice, on en veut toujours plus, bien sûr. J’espère continuer de progresser et devenir meilleure à l’avenir. La FDJ sera l’équipe parfaite pour cela. Ils progressent. C’est super de voir que le sponsor a resigné pour une période de quatre ans. C’est un projet sur le long terme et c’est cool. Je sais qu’ils veulent devenir l’une des meilleures équipes au monde. Ils sont ambitieux, et je le suis avec eux. Tout ça me plaît. J’ai hâte de commencer.

« CETTE SITUATION ME DONNE ENCORE PLUS LA NIAQUE »

Cette année, après un printemps solide, tu as très peu couru en fin d’année, puisque tu ne comptes que cinq jours de course après le Tour d’Italie, pour un petit total de 34 jours de compétition en 2019. Que s’est-il passé ?
(Sourires). Pour être honnête, je ne peux pas vraiment détailler le pourquoi du comment. Je peux simplement dire que cette situation me donne encore plus la niaque et l’envie de courir l’année prochaine. J’ai hâte de rencontrer ma nouvelle équipe en décembre, pour partir sur autre chose. 

On imagine que tu auras de grandes responsabilités au sein de l’équipe…
Je sais que je serai sûrement protégée sur beaucoup de courses et c’est une superbe situation pour moi. Il ne faut pas oublier que je suis encore très jeune. Je sais que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Mais en même temps, j’ai déjà commencé à découvrir ce rôle de leader sur pas mal d’épreuves cette saison, avec la Bigla. Je me sens à l’aise dans cette situation. Je ne serai pas seule et l’important sera de bien travailler toutes ensembles.

« PARTICIPER AUX J.O SERA UN OBJECTIF PRIORITAIRE »

Dans l’équipe, tu vas retrouver plusieurs jeunes talents tricolores, comme Clara Copponi, Marie Le Net, Evita Muzic ou Jade Wiel...
Je connais l’équipe, j’ai suivi les performances de toutes ces filles lors des derniers mois de compétition. Franchement, c’est vraiment cool de travailler avec ces jeunes talents, car je sais qu’elles sont super curieuses d’apprendre, pour progresser encore, et de partager leur propre expérience. On veut toutes devenir meilleures, et j’aime ce type d’environnement, on va s'entraider.

As-tu d’ores-et-déjà défini les grands axes de ta saison 2020 ?
Ce sera une année olympique, donc c’est spécial. Participer aux J.O sera un objectif prioritaire pour moi, mais je ne serai pas focalisée que là-dessus, bien sûr. Je pense notamment aux Classiques du mois d’avril, que j’ai adorées cette année. Pour le reste, il y aura forcément quelques adaptations, mais j’imagine que mon calendrier sera sensiblement le même que celui que j’ai connu chez Bigla, avec une attention toute particulière pour les courses vallonnées et montagneuses.

« SOYEZ ET RESTEZ VOUS-MÊME »

En quelques mois, tu es devenue l’une des chouchous de nombreux suiveurs, de par ton attitude très souvent positive et joyeuse...
J’essaie simplement de rester moi-même. Mes proches ne sont pas surpris car ils savent que je suis folle (rires). J’aime rire de tout. Visiblement, ça plaît à certaines personnes, mais il y a aussi des gens qui me demandent si je joue un rôle en interview par exemple, devant les caméras… Mais sérieusement… La fille devant l’écran est celle que je suis au quotidien, c’est tout. D’ailleurs, c’est ce que j’essaie de dire et de transmettre aux filles plus jeunes dans le peloton : soyez et restez vous-même. C’est la clef. Bon, cela dit, rassurez-vous, il y a aussi des moments où je fais la tête, comme tout le monde (sourires). Le truc, c’est que les gens ne se rappellent que des bons moments, je crois… Les vidéos où je semble excentrique font le tour des réseaux sociaux alors que les autres moments passent vite aux oubliettes. Mais quand je n’ai pas de bonnes sensations, ou que j’ai fait une mauvaise course, je ne vais pas m’enthousiasmer de faire un Top 100…

De par ton tempérament et tes résultats prometteurs, tu sembles prendre place parmi les ambassadrices de la nouvelle génération. Te sens-tu prête à  assumer cette "responsabilité" dans les années à venir ? 
Tout ça me rend très fière. La chose qui me fait le plus plaisir, c’est quand des gens viennent me dire qu’ils ne connaissaient pas le cyclisme féminin mais que grâce à moi, ils ont découvert ce milieu et le trouvent intéressant. Je suis persuadée que regarder le cyclisme féminin est tout aussi intéressant que de regarder le cyclisme masculin. On a simplement moins de temps d’antenne, mais on peut y arriver. On est sur la bonne voie et si je contribue, à ma petite échelle, à tout ça, c’est cool. 

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