Les Néerlandaises sont-elles imprenables ?

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

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Cela devient désormais une habitude : le maillot orange des Néerlandaises a brillé bien plus que celui de toutes les autres nations, ce samedi, à l'occasion du Championnat du Monde Elites Femmes sur route, au Yorkshire. Au cours de cette édition 2019, Annemiek van Vleuten a survolé la concurrence en réalisant un numéro en solitaire de cent kilomètres (voir classement). Invraisemblable. Derrière elle, c'est sa compatriote Anna van der Breggen, tenante du titre, qui a permis à la formation batave de réaliser le doublé, après une course une nouvelle fois totalement maîtrisée. Plus de cinq minutes derrière la lauréate, c'est ensuite Marianne Vos qui a réglé le sprint du peloton, pour la sixième place. Histoire de prouver, s'il en était besoin, que les Néerlandaises avaient encore d'autres cartes à jouer en cas de scénario différent en fin de course.

« ELLES ONT LA CULTURE DU VÉLO DEPUIS TOUTES PETITES »

Au Yorkshire, les suiveurs ont donc assisté à une véritable razzia de la part d'une nation qui, Championnat après Championnat, semble toujours plus au-dessus du lot. Et cela pourrait bien ne pas s'arrêter de si tôt, car si les meilleures Hollandaises du jour sont sans doute plus proches de la fin de leur carrière que du début, la relève pousse déjà, en témoigne la saison phénoménale de Lorena Wiebes, à 20 ans seulement
(voir sa fiche). Comment vit-on cette situation du côté des autres nations ? Je pense que c’est le sérieux qui paye pour les Néerlandaises. Elles font tout au millimètre. C’est ce qui leur permet de gagner et d’être fortes, analyse Juliette Labous, habituelle membre d’une formation néerlandaise, Sunweb, auprès de DirectVelo. La Franc-Comtoise se montre admirative des Bataves. Elles ont la culture du vélo depuis toutes petites. Elles savent comment faire. C’est assez impressionnant”.

« JE NE CROIS PAS QUE L’ON SOIT MOINS PROFESSIONNELLES »

Avant le départ de ce Mondial, nombreuses étaient les concurrentes à espérer une mauvaise entente entre les Néerlandaises. Mais ces dernières ont toujours proclamé l’union sacrée. “Ce qui compte, c’est qu’une Néerlandaise soit Championne du Monde. Rien d’autre. Tout se passe bien dans le groupe. Avant la course, tout le monde échange : le staff, et chacune des athlètes. Chaque fille a son mot à dire sur la tactique”, explique Anna Van der Breggen. Parmi les adversaires les plus coriaces des Néerlandaises, Amanda Spratt a - une nouvelle fois - tout tenté. Mais l’Australienne a dû s’avouer vaincue, une fois de plus. Pas grand-monde ne s’attendait à ce que ça sorte aussi tôt, mais moi, je  connais Annemiek car c’est ma coéquipière à l’année, et je savais qu’elle pouvait faire ce genre de truc de fou. Pour le reste, qu’est-ce qu’on peut faire ?”, s’interroge-t-elle. Même constat pour Elisa Longo Borghini. “Honnêtement, je savais que c’était possible. Elle avait déjà fait un numéro à Liège-Bastogne-Liège, par exemple. Quand elle sort, elle sort bien et ensuite, c’est compliqué… Elles sont très fortes”. En conférence de presse, la nouvelle Championne du Monde a parlé de sa façon de s’entraîner, à la dure, avec les hommes ou via de gros camps d’entraînements qu’elle organise elle-même. Ce à quoi réagit Elisa Longo Borghini. “Je ne crois pas que l’on soit moins professionnelles qu’Annemiek… Elle est juste plus forte que nous, c’est tout”, admet l’Italienne, 5e ce samedi.

« J’AIMERAIS POUVOIR FAIRE ÇÀ »

Autre fille longtemps présente dans le groupe de contre, avant de craquer, Cecilie Uttrup Ludwig ne pouvait elle aussi que mesurer l’écart qui la sépare encore d’une Annemiek van Vleuten ou d’une Anna van der Breggen. “Elles étaient tellements fortes… Je vais retourner m’entraîner, car il y a encore du boulot”, s’amusait-elle avec son sourire habituel. À côté de son sujet ce samedi, Katarzyna Niewiadoma ne cesse d’être impressionnée par ses adversaires des Pays-Bas. “Je n’étais pas si surprise que ça sorte là, dans cette ascension… Pour le reste, que raconter ? C’est incroyable. J’aimerais pouvoir faire ça…”. Admiratives, sans être forcément défaitistes, les adversaires du clan « Orange » espèrent pouvoir inverser la tendance dans les prochains mois, à l’image d’Amanda Spratt. Avec une course précise en tête : les Jeux Olympiques de Tokyo. “Il n’y aura que quatre filles maximum par pays, alors ce ne sera pas la même course !”. Pas certain que la donne change pour autant. 

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