Thomas Voeckler : « Cohésion, solidarité et état d’esprit »

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

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Le Championnat du Monde 2019 au Yorkshire débute ce dimanche avec l’épreuve du relais mixte. Aude Biannic, Coralie Demay et Séverine Eraud seront accompagnées par Bruno Armirail, Jérôme Cousin et Romain Seigle. Comment Thomas Voeckler a-t-il construit son trio masculin pour cette épreuve ? Quelles ambitions pour Pierre Latour et Benjamin Thomas lors du contre-la-montre individuel de ce Mondial ? DirectVelo a fait le point avec le sélectionneur national de l'Équipe de France Élites, dans les rues d’Harrogate.

DirectVelo : Comment as-tu construit ton collectif pour le Mondial de relais mixte ?
Thomas Voeckler : Je n’ai pas voulu solliciter les coureurs qui disputeront la course en ligne dimanche prochain. Ils sont en plein bloc de travail en vue d’une course de pratiquement 300 kilomètres… Disputer un relais mixte serait incompatible avec cette préparation. Même chose pour les coureurs du contre-la-montre individuel. Il serait difficile d’être opérationnel sur les deux épreuves. En plus de tout ça, il y a encore de nombreuses courses qui se déroulent pour les équipes de marques, ce week-end. Il a fallu faire avec tout ça.

« IL FALLAIT DES GARÇONS QUI SORTENT DE LA VUELTA »

T’es-tu également adapté aux particularités du parcours ?
Bien sûr. Sur ce type de circuit, il faut des gars qui ont du punch peut-être plus que de gros spécialistes du contre-la-montre. C’est hyper technique, il y a énormément de changements de rythme, des trajectoires très compliquées. Ce n’est pas un chrono conventionnel. Il fallait donc construire une équipe avec toutes les contraintes que je viens de citer. Les gars sont super contents et motivés d’être là, c’est ce que je retiens.

La cohésion sera également l’une des clefs pour réussir un bon temps…
Du fait que l’on n’a pas non plus pu mettre en place de préparation, au Championnat d’Europe, je me suis aperçu qu’il était important de mettre ensemble des coureurs qui avaient déjà des automatismes. D’où l’idée d’avoir deux coureurs de la même formation qui ont déjà disputé des chronos par équipes ensemble. Il fallait des garçons qui sortent de la Vuelta avec une grosse motivation pour venir. C’est pour ça que Bruno Armirail et Romain Seigle sont ici. On a rajouté Jérôme Cousin qui est en forme et qui aime bien ce type d’efforts.

« EN INDIVIDUEL, UN PODIUM SERAIT UNE BELLE SURPRISE »

Bien que l’équipe ne soit pas la même et que le parcours soit très différent, y’a-t-il malgré tout des enseignements à tirer du Championnat d’Europe d’Alkmaar en vue de ce nouveau relais mixte d’Harrogate ?
C’est tellement différent, en distance et en terme de parcours, que l’on ne peut pas trop tirer d’enseignements. La seule chose dont il faut tenir compte, mais on le savait déjà avant le Championnat d’Europe, c’est que ce n’est pas véritablement un chrono par équipes. À trois, le coureur n’a pas du tout le même temps de récupération qu'au cours d'un chrono à sept ou huit. C’est une histoire de cohésion, peut-être de solidarité, et d’état d’esprit, car d’un point de vue technique, ça n’aura rien à voir avec les autres chronos. Ici, il faudra avoir la faculté de virer rapidement. La  vitesse en sortie de virage sera primordiale. Il faudra avoir du punch et choisir les bons braquets. Les filles et les garçons ont vu tout ça hier (vendredi) et aujourd’hui (samedi). On annonce des orages pendant la course. S’il se met à pleuvoir, il faudra être encore plus vigilants.

Projetons-nous également sur le prochain contre-la-montre individuel de mercredi. Que peuvent espérer Pierre Latour et Benjamin Thomas ?
Un Top 5. Ils sortent tous les deux de la Vuelta, même si Benjamin a dû abandonner (au terme de la 11e étape, NDLR) mais depuis, il a bien récupéré et il a pu bien se préparer avec de bonnes séances spécifiques. ll a prouvé au Championnat de France qu’il sait parfaitement gérer ce type d’effort. Pierre, pour sa part, est un coureur qui a une grosse caisse physique. Suite à ses pépins du début de saison, avec une Vuelta dans les jambes, ça peut être pas mal. Sortir de la Vuelta sera un avantage indéniable. C’est un chrono de plus de 50 kilomètres (52,5, NDLR) qui sera loin d’être plat. Sur le papier, ça lui convient à merveille. Pour ces deux coureurs, un Top 10 serait satisfaisant. En cas de Top 5, l’objectif serait plus que rempli. Mais on se souvient aussi de Jérôme Coppel qui avait réussi à décrocher une médaille de bronze alors qu’il n’était pas dans les favoris (à Richmond, en 2015, NDLR). Un podium serait une belle surprise. Nous n’avons pas les favoris pour le titre dans l'équipe, mais nous avons des outsiders qui savent depuis début juillet qu’ils feront ce Mondial.

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