Les Espoirs Femmes conquises par « leur course »

Crédit photo Olivia Nieto - DirectVelo

Crédit photo Olivia Nieto - DirectVelo

En 2019, l'heure est à la parité lors des Championnats de France de l'Avenir. Grâce à la création d'une nouvelle épreuve, les Espoirs Femmes ont eu l'opportunité de se disputer un titre entre elles, sans la présence et la fréquente domination de leurs aînées, les Élites. ''Ce Championnat de France Espoirs, c'est une très bonne chose pour le cyclisme féminin. Ça permet aux filles de pouvoir être Championne de France sur leur propre course'', apprécie Maïna Galand, auprès de DirectVelo, en marge de cette nouvelle épreuve. Au sein du peloton féminin, la majorité des concurrentes partage cet avis. Pour elles, la création de cette épreuve constitue une vitrine des plus intéressantes dans l'optique de promouvoir la discipline au féminin. ''Je pense que c'est une bonne chose. Les garçons y ont déjà droit'', confirme Jade Wiel.

Désormais, chaque saison, les meilleures Espoirs disposeront d'un rendez-vous commun pour se disputer la convoitée tunique bleu-blanc-rouge. Jusqu'à présent, seules les filles sélectionnées en Équipe de France Espoirs avaient l'opportunité de prendre le départ d'une course réservée aux Espoirs. Cette ouverture constitue un point positif. ''Il y aura plus de filles Espoirs qui vont continuer le vélo. Pour l'instant, il y a pas mal de filles qui arrêtent. Ça aide d'avoir un Championnat de France'', souligne l'habituelle sociétaire de la Breizh Ladies. De ce fait, les Espoirs féminines ont pu se disputer la victoire entre elles, sans subir la loi que leur dictait les Élites. ''Avec les Élites, les Espoirs ne gagnaient pas forcément la course. C'est quand même cool de lever les bras sur la ligne ! C'est incroyable, c'est trop bien. Être Championne de France, ça marque une vie'', continue Maïna Galand. À l'issue de cette grande première, c'est la Jurassienne Evita Muzic qui a eu le loisir de célébrer son succès sur la ligne d'arrivée.

ACTRICES... DE DEUX COURSES

En raison de ce nouveau format, l'habituelle manière de se disputer le maillot tricolore a totalement été remise en question. Ces dernières années, les Espoirs féminines bataillaient dans la plupart des cas derrière le sillage des Élites. Cette saison, ça n'a pas été le cas. ''Ça nous laisse plus de chance pour manœuvrer qu'avec les Élites'', reconnaît Jade Wiel, qui a pourtant décroché le titre Élites dès sa sortie des rangs Juniors, fin juin, à la Haye-Fouassière. Pour parvenir à se démarquer de leurs adversaires, les jeunes femmes doivent désormais établir une stratégie rodée. ''Il y a plus de tactique. Quand il y a les Élites, on ne pèse pas sur ce genre de course'', confie Justine Gegu, 11e de cette nouvelle épreuve. De son côté, l'ancienne tenante du titre, Gladys Verhulst estime que la bataille était plus tactique que jamais entre les concurrentes directes pour la victoire. ''C'est une course de marquage. La manière de courir est « bizarre »''. Néanmoins, en dépit du caractère singulier de l'exercice, la Normande, médaillée d'argent cette année, sait que l'absence des Élites ouvre le champ des possibilités. ''On subit moins la course. C'est à nous de la faire et de prendre des initiatives. Au France Élites, on ne le fait pas trop''.

Au départ de Beauvais, les différents comités régionaux ne disposaient pas des mêmes forces de frappe. Alors que les couleurs de la Bretagne étaient défendues par huit éléments, celles de la Normandie ne l'étaient que par la seule Gladys Verhulst. Ce déséquilibre a-t-il influencé sur la course ? ''J'étais toute seule, mais ça ne me faisait pas peur. J'ai toujours été plus ou moins à courir toute seule'', analyse la Normande. En surnombre, les Bretonnes ont échoué dans leur tentative de conquête du maillot bleu-blanc-rouge. Pourtant, en dépit de l'isolement de certaines concurrentes, les différences se sont créés naturellement, au fil des kilomètres. En fonction du niveau des unes et des autres. ''Les plus fortes étaient devant. Il y avait toutes les filles de l'Équipe de France. Elles sont dans un autre monde et un autre univers. Il y avait deux courses'', analyse Justine Gegu. Malgré l'hétérogénéité du peloton de cinquante-cinq éléments et les différences individuelles, l'expérience a été intéressante et bénéfique pour de nombreuses concurrentes. ''On voit la marche qu'il reste encore à franchir avec les filles de notre âge donc c'est enrichissant''.

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Portrait de Maïna GALAND
Portrait de Justine GEGU
Portrait de Gladys VERHULST WILD
Portrait de Jade WIEL