Théo Nonnez : « Le pire, c’est de ne pas comprendre »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Sale période pour Théo Nonnez. Auteur d’un début de saison plus qu’intéressant, le Francilien de 19 ans a depuis vécu plusieurs mois très difficiles, enchaînant les galères et traînant sa misère sur les courses. Diminué sur le Tour d’Italie Espoirs puis hors-délais au Tour du Val d’Aoste, le garçon se dit “touché mentalement”. Une situation qui a contraint le coureur de la Groupama-FDJ Continental a une coupure totale pendant quelques jours, histoire de “repartir à zéro”. Diminué physiquement depuis la Ronde de l’Isard, sans qu’il n’en connaisse ni n’en comprenne la raison, l’ancien Champion de France Juniors - qui a dû déclarer forfait pour le Tour de l’Avenir - espère désormais retrouver son niveau dans les prochaines semaines, afin d’éviter ce qu’il considérerait comme “une saison blanche”. Pour DirectVelo, Théo Nonnez fait le point sur sa situation avant de participer au Championnat de France Espoirs sur route, ce vendredi.

DirectVelo : Tu t’es fait discret pendant l’été. Où en es-tu avant le Championnat de France ?
Théo Nonnez : Je suis en recherche de sensations depuis quasiment trois mois, et je ne les trouve pas. Je suis tombé malade après la Ronde de l’Isard, qui reste mon dernier résultat significatif, et depuis, j’ai accumulé pas mal de fatigue. J’ai voulu continuer de courir car il y avait de grosses échéances comme le Tour d’Italie ou le Tour du Val d’Aoste. Mais je n’ai jamais récupéré. Sur des courses plus accessibles, ça aurait peut-être pu aller, mais là… En étant à 80% voire 70% sur des courses aussi dures, ça ne pardonne pas.

Tu as dû te poser beaucoup de questions…
Mentalement, ce n’était vraiment pas facile. Les mecs avec qui je bataillais à l’Isard m’ont mis hors-délais au Val d’Aoste. Dès le Giro, j’avais déjà pris un gros coup derrière la tête. Le pire, c’est de ne pas comprendre ce qu’il se passe. Je voulais m’entraîner mais je sentais que je n’étais pas à 100%. C’est le plus frustrant. J’avais plutôt fait un bon début de saison, et je pensais être bien parti. Six mois plus tard, j’ai l’impression de faire une saison blanche.

« J’AURAIS PRÉFÉRÉ ME CASSER QUELQUE CHOSE »

Il a donc fallu que tu te forces à couper ?
Je devais partir en stage avec l'Équipe de France pour préparer le Tour de l’Avenir, mais j’ai dû appeler Pierre-Yves (Chatelon) et lui expliquer que je n’allais pas venir. Je devais couper et me reposer. Depuis, je m'entraîne dur et j’arrive au Championnat de France motivé. Il reste encore de belles échéances, je ne perds pas le moral. Je n’avais jamais connu de période aussi compliquée, mais je suis persuadé que ça me servira pour la suite.

Tu évoques une maladie. Que s’est-il passé exactement ?
Après le Tour du Val d’Aoste, j’ai passé différents examens, des prises de sang et autres analyses d’urine. Le problème, c’est qu’il n’en est pas ressorti grand-chose. D’ailleurs, c’est là que j’ai pris un encore plus gros coup derrière la tête. Le fait de ne pas savoir ce que j’ai, c’est le plus frustrant. Ça peut sembler bête à dire mais j’aurais préféré me casser quelque chose. Au moins, tu es directement fixé, tu sais pour combien de temps tu en as et tu peux te fixer des objectifs précis pour un retour en forme. Là, je reste dans le flou.

« AUCUNE CORRÉLATION »

N’as-tu désormais pas peur que l’aspect mental joue aussi sur le physique ? Tu pourrais, prochainement, avoir de mauvaises sensations et considérer que c’est à cause de cette éventuelle “maladie”... Comment démêler le vrai du faux, l’aspect mental et le côté purement physique ?
Dans le sport de haut-niveau, le mental joue pratiquement autant que le physique. C’est limite du 50-50. Heureusement, je peux compter sur mon entourage, sur mes parents que je remercie pour leur soutien sans faille, sur le staff de l’équipe également. Il faut que j’arrive à faire le tri, mais je suis sûr que ça ira bientôt mieux. Je ne désespère pas, bien au contraire. Je sais même que je vais ressortir plus fort de tout ça. Je veux relativiser, ça me servira pour l’avenir.

Plusieurs coureurs de l’équipe Groupama-FDJ Continental ont connu des périodes difficiles cette saison, des moments de doute ou de moins bien, à l’image d’autres tricolores comme Alexys Brunel ou Simon Guglielmi. Comment l’expliques-tu ? Le calendrier ne serait-il pas trop chargé pour ce groupe relativement réduit ? 
Tout va bien dans l’équipe. Il faut le vivre de l’intérieur pour tout comprendre et tout réaliser. Tout est parfaitement mis en oeuvre pour que ça fonctionne. On a tous nos histoires personnelles. Simon a traversé une période difficile, effectivement, mais c’est bien revenu et on voit ce qu’il a fait récemment sur le Tour de l’Avenir avec ce maillot jaune. Alexys aussi a connu des moments difficiles, mais maintenant il est stagiaire dans l’équipe WorldTour et ça va aller de mieux en mieux pour lui, j’en suis sûr. Quant à moi, j’ai peut-être été trop demandeur, j’ai enchaîné beaucoup de courses. Mais on m’a toujours laissé le choix. Il ne faut voir aucune corrélation dans tous ça. L’équipe est toute neuve et on va s’améliorer dans le futur, mais le calendrier est bon et on n’est pas cramé.

« JE NE VEUX PAS FAIRE DEUX FOIS LA MÊME ERREUR »

On imagine donc que tes derniers entraînements ne peuvent pas te donner de véritables indications quant à ton état de forme actuelle ?
C’est ça, j’ai vraiment du mal à me jauger. J’ai couru à Montpinchon la dernière dernière, en Élites, et je n’étais pas super. Cela dit, je ne m’attendais pas à autre chose. J’ai encore du temps. Il me reste de belles courses et quelques semaines pour faire mes preuves.

Dans un scénario idéal, à quoi ressemblerait ta fin de saison ?
Ce ne sera que de l’adaptation. Il faudra voir au fil des courses et des sensations car je ne veux pas faire deux fois la même erreur. Mais si je peux m’aligner sur les plus grosses courses, alors il est prévu que j’enchaîne le Championnat de France, le Grand Prix de Wallonie, qui sera ma première et seule Classe 1 de la saison, le Tour de Lombardie ou encore Paris-Tours Espoirs. C’est un sacré programme. Et puis, je ne désespère pas de disputer le Mondial. Je l’ai dit à Pierre-Yves (Chatelon). Après ce qu’il s’est passé pour le Tour de l’Avenir, j’ai conscience que ce sera compliqué, mais je ne perds pas espoir. J’ai encore le temps de lui montrer que j’ai ma place. Je suis vraiment motivé. 

 

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