Remco Evenepoel : « J’ai décroché les étoiles pour Bjorg »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

D’exploit en exploit, Remco Evenepoel repousse sans cesse les limites. Éblouissant lauréat de la Clasica San Sebastian le week-end dernier, le Belge a remporté, ce jeudi, le Championnat d’Europe Élites du contre-la-montre (voir classement). Le tout alors qu’il sort tout juste des rangs Juniors. “Je pensais qu’il ferait peut-être un podium, mais gagner, avec une telle manière… Je suis vraiment surpris”, admettait Patrick Lefévère auprès de DirectVelo, dans la zone d’arrivée. Le manager de la Deceuninck-Quick Step précise que son jeune protégé a tout de même connu une période difficile, il y a trois mois. “Ça n’allait pas trop au Tour de Romandie. Mais on l’a rassuré. On lui a dit de prendre le temps de se soigner, de faire attention à son poids et de travailler en altitude”. Conseils payants.
Très ému de ce succès, quelques jours seulement après le décès de son compatriote Bjorg Lambrecht sur les routes du Tour de Pologne, Remco Evenepoel lui a rendu hommage sur le podium, puis au micro de DirectVelo. Entretien.

DirectVelo : Où vas-tu t’arrêter ?
Remco Evenepoel : C'est incroyable... Avec tout ce qu'il s'est passé la semaine dernière... C’est beaucoup d’émotions. D'abord, il y a eu cette victoire à San Sebastian. Et puis, bien sûr, cette terrible nouvelle avec la disparition de Bjorg (Lambrecht). Hier (mercredi), j'ai dit à la presse belge que je ferai tout pour remporter les étoiles de ce maillot de Champion d’Europe, pour la plus grosse étoile du ciel. Et je l’ai fait ! J’ai décroché les étoiles pour Bjorg. C'est incroyable.

Le fait de penser à lui t’a-t-il aidé durant ton effort ?
Disons que c’était une motivation supplémentaire, je voulais gagner pour lui. “Aider”... Je n’aime pas le mot. On ne peut pas dire que la mort d'un jeune garçon puisse “aider” à quelque performance que ce soit.

« MA FORCE, C’EST DE POUVOIR TOURNER LES JAMBES ASSEZ VITE »

Edoardo Affini nous expliquait que sur le papier, c’était un parcours qui ne t’avantageait pas, et qui devait plutôt convenir aux coureurs très puissants. Et pourtant…
Avant de venir, je pensais un Top 5 réalisable. Je pensais que les autres me prendraient plus de temps sur toutes ces portions plates grâce à leur puissance. Mais, j'ai travaillé ma position aérodynamique et ma technique sur le vélo de chrono. J'ai pris les bons risques dans les virages.

Tout le monde dit que le vent a joué un rôle crucial sur ce chrono…
J’avais fait une bonne reconnaissance et après deux tours du circuit, je savais comment prendre les virages. C'était suffisant pour cela. En fait, c'est le vent qui rendait le parcours technique, pas le parcours lui-même. Je suis petit et c'est un avantage avec le vent de face. Mais aujourd'hui, le vent était plutôt de côté. Donc, tout le monde a connu les mêmes difficultés.

Pour quel développement avais-tu opté ?
J'ai choisi le même développement qu'aux Championnats de Belgique. J'avais un 56. Alors qu'au Tour de Belgique, je poussais du 60. Ma force, c'est de pouvoir tourner les jambes assez vite. J'ai réussi à garder une cadence de 85-90 tours/minutes.

« JE N’AI PAS DE MOTS... »

Quand as-tu réalisé que tu étais en position de gagner ?
Au chrono intermédiaire. Mais bon, il y avait aussi beaucoup de coureurs qui devaient encore arriver. Sur cette courte distance, je crois qu'il faut d'abord se concentrer sur sa propre cadence et s'assurer que le “wattage” reste élevé.

Tu as changé ta position de contre-la-montre ces tous derniers jours…
Oui, je suis plus bas, et plus penché vers l’avant. Le front est plus haut, et je peux serrer mes épaules vers les oreilles. En fait, on a récemment essayé plusieurs positions, sur une piste, et on a trouvé ça pas mal. Je ne me suis inspiré de personne en particulier. Mais ça peut encore évoluer. On fera des tests en soufflerie dans quelques mois, ce n’est pas fini.

Pouvais-tu imaginer, ne serait-ce qu’un seul instant, une telle saison 2019 ?
Remporter le Tour de Belgique, c'était vraiment incroyable. Mais gagner à la Clasica San Sebastian puis ici encore, je n'ai pas de mots pour cela…

« AU MONDIAL, JE ME CONCENTRERAI SÛREMENT SUR LE CHRONO »

En début d’année, Patrick Lefévère faisait référence à ton poids. Depuis, tu sembles t’être à nouveau affûté…
Je pèse 62 kilos actuellement. C’est le poids que je faisais déjà l’an dernier au moment des Championnats du Monde Juniors.

Tes aptitudes contre-la-montre pourraient t’aider à jouer le classement général des Grands Tours, dans le futur !
Le chrono pourrait être mon point fort sur les courses par étapes. On sait aussi que les rouleurs légers grimpent bien. C'est donc dans ces deux axes que je dois me développer. Mon rêve, ça reste les Grands Tours.

Que peux-tu espérer du Mondial, désormais ?
Le parcours au Yorkshire me convient bien. Ce sera un chrono long et je me demande ce que je peux réaliser là-bas. J'espère pouvoir gérer ma forme pour arriver là-bas dans ma meilleure condition. Là-bas, je me concentrerai sûrement sur le chrono. La course en ligne sera assez longue. On devra décider au dernier moment. Je crois que si je fais un bon chrono, j'aurais bien droit à des vacances après ça… 

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Remco EVENEPOEL