Présente avec les favorites jusque dans le dernier kilomètre après avoir déjà passé une bonne partie de la course en échappée, Evita Muzic a réalisé une course pleine, vendredi dernier, à l’occasion de la Course by le Tour (voir classement). Et elle a profité du moment. “C’était l’une de mes meilleures courses, avec les Strade Bianche. Il y avait une ambiance de folie ! J’ai fait la course pour être dans l’échappée. Une fois devant, j’ai pris énormément de plaisir. Il y avait du beau monde avec moi devant, et on était encouragé par énormément de gens sur le bord de la route”, synthétise-t-elle auprès de DirectVelo.

Pour sa deuxième saison au niveau Élites, il ne s’agissait là que de sa deuxième échappée, après qu’elle ait déjà tenté sa chance l’an passé sur les routes allemandes du Thuringe. “Je savais que ça allait rentrer, mais j’espérais que ce soit le cas le plus tard possible, après un certain écrémage dans le peloton. Je ne voulais pas avoir fait tout ça pour rien. Quand Van Vleuten est revenue puis est passée à fond devant nous dans la bosse, je me suis dit que ça allait être compliqué sur la fin de course, mais j’ai quand même réussie à basculer avec les meilleures, se satisfait la sociétaire de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope. Il restait un peu plus d’un tour à tenir. Je me suis accrochée toute la fin de course. C’était sauve-qui-peut. J’étais la dernière FDJ devant, alors il fallait vraiment que je tienne. J’ai eu du mal dans la dernière bosse. J’ai lâché quelques mètres, mais je me suis arrachée pour rentrer dans la descente. Le final était super rapide. Avant le pied du dernier raidard, je me suis fait enfermer. C’est dommage car j’aurais aimé faire mieux”, admet celle qui se contente finalement d’une place aux portes du Top 20 à l’arrivée.

« JE ME DOUTAIS QUE LA MISE EN ROUTE ALLAIT ÊTRE DIFFICILE »

Une fois encore, la Franc-Comtoise a fait preuve de beaucoup de tempérament pour lutter jusqu’à la ligne d’arrivée. “Physiquement, il ne m’en restait plus beaucoup, mais sur 200 mètres, il ne faut plus se dire que l’on a mal. Il ne faut pas décrocher dans la tête. J’arrive à bien m’accrocher dans ces moments-là, c’est une force”. La jeune femme de 20 ans est d’autant plus satisfaite qu’elle a fait preuve de belles facultés de récupération, quelques jours seulement après avoir pu boucler son premier Tour d’Italie, à une honorable 26e place au classement général final. “J’avais des doutes en rentrant du Giro, car j’étais sortie de cette course fatiguée mentalement et physiquement. J’ai même été malade les jours suivants. Je ne savais pas trop comment ça allait se passer. Mais j’ai pris le temps de me reposer et finalement, j’ai vite retrouvé les bonnes jambes”.

Avec désormais quelques jours de recul, quelle expérience Evita Muzic gardera-t-elle de ce Tour d’Italie, sur dix jours de compétition ? “J’en tire un bon bilan. J’ai mieux terminé que je n’avais commencé. Je me doutais que la mise en route allait être difficile car je n’avais pas couru au niveau WorldTour depuis un bon moment. Le fait d’être de mieux en mieux m’a mise en confiance. J’ai pu m’affirmer et me conforter dans l’idée que je suis faite pour ces courses par étapes”.

« JE VEUX GAGNER EN EXPLOSIVITÉ »

Désireuse de poursuivre dans cette direction, l’ancienne Championne de France Juniors espère être la plus complète possible. Outre les courses par étapes, elle a réalisé vendredi dernier qu’elle pouvait aussi briller sur les courses d’un jour pour filles complètes. “Je ne dois pas me contenter de marcher dans les cols”. Mais alors, souhaite-t-elle travailler en particulier ses qualités de grimpeuse, ou de puncheuse ? “Il va justement falloir que je fasse le point avec mon entraîneur prochainement, après ma coupure. Je veux gagner en explosivité. Accompagner les meilleures, c’est bien… Mais le jour où ça arrivera, il faudra aussi être capable de pouvoir battre quelques filles au sprint, pour conclure”, lâche Evita Muzic, avec beaucoup de lucidité.

Consciente des progrès qu’il lui reste encore à accomplir, la grimpeuse n’en reste pas moins très ambitieuse. Et elle compte bien être du prochain voyage au Yorkshire, en septembre prochain. “Je pense avoir prouvé encore un peu plus que je faisais partie des meilleures françaises quand le circuit est escarpé. J’espère que cela va m’ouvrir des portes pour des sélections nationales. Je pense notamment au Championnat du Monde, ou plus dans l’avenir”.