Thomas Voeckler, 90 jours pour le Yorkshire

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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Dimanche, en marge des Championnats de France de cyclisme sur route à la Haye-Fouassière, Thomas Voeckler s’est présenté à la presse dans son nouveau costume de « manager »  - il ne faut plus dire « sélectionneur » - de l'Équipe de France professionnelle. L’occasion pour le désormais quadragénaire de faire un premier point, dans les grandes lignes, sur son nouveau rôle et sur les tâches qui l’attendent (lire son interview). La première grande échéance qui attend l’Alsacien - il y aura au préalable l'épreuve pré-Olympique (lire ici) - n’est autre que le Championnat du Monde au Yorkshire, en septembre prochain. Soit dans 90 jours, précisément. Suffisant pour construire un groupe autour de lui ? “Sans problème. Certains coureurs ont fait le Tour d’Italie, d’autres seront sur le Tour de France. Je sais que je ne vais pas aller déranger les coureurs pendant les journées de repos du Tour de France pour leur parler du Championnat du Monde, mais j’ai déjà une idée de la façon dont je vais procéder”, explique-t-il auprès de DirectVelo.

L’ancien quadruple vainqueur d’étape sur le Tour de France sera ambitieux sur les routes du prochain Mondial. “Bien entendu que ce ne sera pas une année blanche au Yorkshire. J’ai l’intention d’avoir un collectif qui soit opérationnel”. Et il se dit prêt à assumer, peu importe le résultat final. “Si jamais ça ne marche pas, qu’il n’y a pas un bon résultat au Yorkshire, je ne dirai jamais que je n’ai pas eu le temps de travailler. Je dois être capable d’emmener un collectif digne de ce nom au Yorkshire, en ayant à l’esprit que le profil de ce parcours sera diamétralement opposé à ce qui nous sera ensuite proposé en 2020, aux J.O, puis au Mondial, avec deux parcours hyper durs”.

« FAIRE DISPARAÎTRE LES TENSIONS »

Le Vendéen d’adoption n’oublie donc pas non plus de se projeter à plus long terme. Mais il tenait à prendre son poste le plus tôt possible, avant, notamment, les J.O de 2020. “C’était primordial pour moi d’être déjà dans la boucle en 2019. Aujourd’hui, les coureurs sont arrivés à un tel niveau, en terme de planification d’entraînements, que vous ne pouvez pas débarquer dans votre nouveau rôle en février 2020 pour demander à un coureur d’être bien aux Jeux Olympiques six mois plus tard. Si un coureur dispute le Tour d’Italie puis le Tour de France, pourra-t-il être en forme sur les Jeux Olympiques ? Le programme des leaders du cyclisme français ne se fait pas en février, mais dès le début de la préparation hivernale, en concertation avec le manager, les obligations des sponsors… Je tenais donc à prendre mes marques dès maintenant”.

Thomas Voeckler veut savoir où il va, où il peut aller, et avec qui. La grande majorité des coureurs professionnels français actuels, il les côtoyait déjà dans les pelotons, jusqu’en 2017. “Je considère comme un avantage d’avoir été coureur à leur côté, surtout à une période où je n’étais plus leur adversaire, puisque je n’avais plus le niveau pour l’être. J’étais devenu un capitaine de route”. La priorité du nouveau manager sera de construire un groupe, avec des coureurs “qui travaillent ensemble”. Ainsi, il ne sera pas question d’aligner ensemble des coureurs qui ne s’entendraient pas. “Toute proportion gardée avec le foot, Karim Benzema est l’un des meilleurs attaquants du Monde, et il n’a pas été retenu par Didier Deschamps pour la Coupe du Monde”, rappelle Voeckler. “Mon travail, c’est aussi de savoir s’il y a des tensions entre certains coureurs. S’ils s’apprécient tous, tant mieux. Mais il ne faut pas que ce soit en façade, il faut que ce soit la réalité. Et si jamais il y a des tensions entre certains, sachant que je ne suis pas aveugle et que je suis dans le truc depuis longtemps… Mon travail devient alors de savoir si ces tensions-là sont rattrapables. Si oui, je vais essayer de faire disparaître les tensions. Sinon, c’est là que le manager de l'Équipe de France doit savoir assumer ses choix. Je ne peux pas tenir le discours du mec qui veut avoir un collectif, et ensuite, mettre ensemble des coureurs qui ne peuvent pas se blairer”.

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