Coulisses : Guillonnet et Interpro à l’assaut du Mont Ventoux

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Invitée à participer à la première édition du Mont Ventoux Dénivelé Challenge, la formation Interpro avait à coeur de se montrer sur une épreuve qui, de surcroît, était retransmise à la télévision sur une chaîne gratuite. “Forcément, on est obligé de s’arracher et de faire plus que bonne figure sur ce type d’événement”, rappelle le manager de l’équipe, Damien Garcia, dans la zone de départ, à Vaison-la-Romaine. Au briefing, la consigne est claire : avoir un représentant dans l’échappée. Il est même envisagé que le co-leader de l’équipe, Adrien Guillonnet, prenne un coup si celui-ci compte au moins sept ou huit coureurs. “On ne sait jamais. Si l’échappée a cinq minutes d’avance au pied, ça peut vraiment être intéressant. Derrière, ils ne le connaissent pas et ne se méfieront pas de lui”. Auteur d’une dernière saison chez les Amateurs très régulière, au SCO Dijon, le 4e du Challenge BBB-DirectVelo 2018 est en effet encore méconnu des équipes professionnelles.

UN GRIMPEUR COLOMBIEN HORS DU COUP, PUIS HORS-DÉLAIS

Après une poignée de kilomètres, ce sont cinq coureurs qui se font la malle, sans le moindre représentant de l’équipe Continental. Premier coureur à venir récupérer des bidons sous la forte chaleur provençale - jusqu’à 32°C au pied du Ventoux -, Florian Hudry essuie une remarque de son manager. “Je ne suis pas content, c’est dommage de rater l’échappée. Qu’est-ce qu’on avait dit ?”. L’Américain Evan Clouse puis l’Espagnol Pablo Torres recevront le même message un peu plus tard dans la course. Pour combler ce manque de visibilité, Damien Garcia décide de faire rouler deux coureurs à la mi-course. L’occasion de montrer le maillot et de justifier la présence de l’équipe auprès du comité organisateur. Florian Hudry appuie ainsi de longs relais pendant plusieurs dizaines de kilomètres, tout comme son coéquipier espagnol David Casanovas. Gêné par un problème mécanique qui l’a forcé à descendre à la voiture plusieurs fois, Florian Hudry fait belle impression. “Je suis vraiment content de lui, il marche fort aujourd’hui (lundi)”, confirme Damien Garcia auprès de DirectVelo.

Le peloton se présente finalement au pied du Mont Ventoux à quelques encablures du quinté de tête. Les favoris sont prêts à en découdre. Une poignée de kilomètres plus tôt, Adrien Guillonnet est venu récupérer un dernier bidon auprès de sa voiture. L’occasion pour Damien Garcia de lui envoyer un maximum d’ondes positives. “Allez Adrien, tu as travaillé pour ça, c’est maintenant !”. Sous l’impulsion d’Alexis Vuillermoz (AG2R La Mondiale), le peloton explose dès les premières pentes du « Mont Chauve ». Stupeur chez Damien Garcia, qui distingue au loin la silhouette d’Hernan Aguirre. Le petit grimpeur colombien, très bon 2e sur les pentes du Genting Highlands, au dernier Tour de Langkawi, est lâché avant même de nombreux non-grimpeurs. La déception est immense. “Je n’y crois pas…”, souffle Garcia. Une fois revenu à la hauteur de son coureur, le Béarnais demande des explications, dans un espagnol impeccable. “Alors Herman, que se passe-t-il ? C’est ton terrain-là. Tu dois te faire mal !”. Mais le Colombien n’est pas dedans. Il terminera même hors-délais.

ADRIEN GUILLONNET RÉGALE PUIS CRAQUE

Ne reste alors plus qu’une cartouche, celle d’Adrien Guillonnet. Gros coup de stress lorsque le manager croit apercevoir au loin son second leader. Fausse alerte. Au fil de l’ascension, la voiture N°6 double l’ensemble des coureurs de la Groupama-FDJ ou de Vital Concept-B&B Hôtels, puis Alexis Vuillermoz, Darwin Atapuma, ou Joe Dombrowski, le leader d’EF Education First… “C’est génial, il est en train de faire un truc énorme !”, s’enthousiasme Damien Garcia. Lorsque ce dernier arrive enfin à hauteur de son coureur, il reste neuf kilomètres d’ascension, et Adrien Guillonnet est à une très belle quatrième position. Le grimpeur de 25 ans aperçoit encore Rein Taaramäe au loin, mais il finit par voir Julien El Farès le reprendre, et le déposer après une accélération. La scène se reproduira près de dix fois jusqu’au sommet. Tour à tour, Elie Gesbert, Javier Moreno ou encore Darwin Atapuma avalent le Français. J'ai baissé progressivement en intensité. Après le Chalet Reynard, j'ai vraiment explosé au niveau des jambes”, confiera le coureur après l’arrivée (lire son interview). Dans la voiture, Damien Garcia ne tient plus en place. “Allez, plus personne ne te reprend maintenant. Arrache tout, ne lâche rien”. La bave aux lèvres, dans un style de moins en moins académique, Adrien Guillonnet s’arrache jusqu’à la ligne, pour finalement échouer non loin du Top 10 (voir classement).

Une fois l’émotion passée et le pouls redescendu, Damien Garcia n’avait plus qu’à tirer un bilan positif de la journée de l’équipe. On a fait rouler deux jeunes coureurs pendant longtemps, jusqu’au pied du Mont Ventoux. Ensuite, Adrien a été exceptionnel. Il s’est accroché à Bardet, Herrada et Taaramäe… Il a longtemps été 4e dans la montée. Il a coincé dans le final mais ça reste anecdotique, car on peut dire qu’il s’est révélé sur cette course”. Damien Garcia s’apprête maintenant à emmener ses troupes sur la Route d’Occitanie, où Adrien Guillonnet aura l’occasion de se frotter à Nairo Quintana, Pavel Sivakov, Rigoberto Uran ou Alejandro Valverde dans les cols pyrénéens. “J’attends maintenant beaucoup de lui là-bas. Il faudra voir comment il se sent. A la base, il est offensif. On va essayer de le canaliser. En gérant son effort sur une étape de montagne, je suis sûr qu’il peut accompagner les meilleurs longtemps”.



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