Mont Ventoux : A quoi faut-il s’attendre ?

Crédit photo Wikipedia

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Personne n’a oublié cette image. Folle, insensée. Chris Froome courant à pied sur les pentes du Mont Ventoux après un accrochage, quelques hectomètres sous le Chalet-Reynard. C’était lors du Tour de France 2016, que le Britannique allait finalement remporter, malgré tout. Trois ans plus tard, revoilà le Ventoux à l’honneur, mais pas sur les routes de la Grande Boucle. Nicolas Garcera et toute son équipe d’organisation ont en effet décidé que la montagne provençale aurait désormais sa course d’un jour. Le programme ? 173 kilomètres au départ de Vaison-la-Romaine, cité bien connue pour ses vestiges romains. Six difficultés s’enchaîneront ensuite tout au long du parcours, parmi lesquelles le Col de l’Homme Mort, et ses 11,6 kilomètres à 4,9% de pente moyenne (sommet au Km 57). Et puis, enfin, le « Mont Chauve » et ses 21 kilomètres d’ascension en bouquet final.  

“Cette ascension mythique et légendaire, dans une aussi belle région, méritait une course comme celle-là. Cela permettra aussi à certains de découvrir un peu mieux les alentours du Mont Ventoux et notre belle région”. Julien El Farès est ravi. Le Manosquin du Team Delko Marseille Provence n’aurait raté cet événement pour rien au monde. Pas plus que Yoann Bagot, qui sera l’un des seuls coureurs à doubler le Critérium du Dauphiné - qu’il a abandonné ce samedi - et le « Mont Ventoux Dénivelé Challenge », pour son appellation officielle. “Le Ventoux, je l’ai fait un paquet de fois. J’aime bien m’entraîner dans le coin, c’est joli. J’ai demandé à l’équipe de doubler Dauphiné et Ventoux car je ne voulais pas louper ça, c’est spécial”, se réjouit l’homme de Salon-de-Provence.

UN PROBLÈME DE CALENDRIER

Il ne faut pas s’y tromper : cette nouvelle épreuve UCI est un véritable événement. A l'exception d'une épreuve autrichienne, la PRO Ötzlater 5500, disputée une seule fois en 2017, les grimpeurs attendaient de participer à une course d’un jour de ce type depuis quinze ans. Pour voir les grimpeurs se livrer bataille chaque année en montagne sur une course d’un jour, il fallait déjà jeter un oeil du côté de l’Hexagone, lors de la Classique des Alpes, dans les Massifs des Bauges et de la Chartreuse. La dernière édition s'est déroulée en 2004. L’Espagnol Oscar Pereiro - futur vainqueur du Tour de France deux ans plus tard - avait alors triomphé devant son compatriote Iban Mayo. Ce dernier avait ensuite enlevé le Critérium du Dauphiné dans la foulée, en remportant un contre-la-montre individuel sur les hauteurs du… Mont Ventoux. Recordman de l’ascension ce jour-là, il détient toujours le record de la montée.

Mais au contraire de la défunte Classique des Alpes professionnelle, ce Mont Ventoux Dénivelé Challenge se dispute au lendemain du Dauphiné. Une date qui ne semble pas franchement optimale, et qui a pour conséquence directe de ne voir que douze formations au départ ce lundi (voir ici). Un fait rarissime. “Le format est top. Le problème, c’est que la course est mal placée au calendrier, même si je sais que c’est compliqué pour les organisateurs. L’an prochain, il faudrait déplacer la date. En août, ce serait génial !”, propose Jérémy Maison. Le coureur de la formation Arkéa-Samsic "doublera" lui aussi Dauphiné et Mont Ventoux. “S’ils avaient mis la course deux-trois jours avant le Dauphiné, je pense qu’ils auraient eu tout le plateau du Dauphiné”, avance pour sa part Yoann Bagot.

L’INCONNU AUTOUR DE ROMAIN BARDET

Un peloton maigrichon de 80 coureurs va donc prendre le départ ce lundi midi. Hormis les structures françaises, une seule autre équipe du WorldTour, EF Education First, sera présente. Les grimpeurs tricolores Warren Barguil, Thibaut Pinot ou Pierre Rolland ne seront pas de la partie. En revanche, AG2R La Mondiale fera figure d’épouvantail avec un groupe très solide, autour de la principale tête d’affiche de cette première édition, en la personne de Romain Bardet. “On connaît l'attachement de Romain pour les lieux mythiques et l’histoire de son sport. Il voulait durcir son programme et il a insisté pour être présent au Ventoux”, explique Yves
Perret, attaché de presse d'AG2R La Mondiale qui a conduit, dimanche soir, l'Auvergnat de Champéry (Suisse) jusqu'au Vaucluse.

Mais alors, avec ce petit peloton, un parcours très vallonné et une arrivée en haut du Ventoux, à quel type de scénario peut-on s’attendre ? “Pour des équipes comme la nôtre, il ne faudra pas hésiter à essayer de prendre un coup d’avance”, avance Lucas De Rossi. Autre régional de l’épreuve, l’homme de Carry-le-Rouet a hâte d’y être. “Monter le Ventoux en course, pour un Provençal, c’est un rêve de gamin. Quand j’étais petit, je regardais les montées du Ventoux à la télé, et je trouvais ça énorme. Avoir la chance d’y être à mon tour, c’est formidable. C’est notre monument de Provence”. Son coéquipier du Team Delko, Julien El Farès, met en garde sur le profil général de l’épreuve. “Le parcours sera très exigeant avant même d’arriver au pied du Mont Ventoux, puisqu’on aura déjà eu pratiquement 3000 mètres de dénivelé positif avant, ce qui est énorme”. De là à espérer piéger Romain Bardet ? “On ne sait pas où il va en être au lendemain du Dauphiné. Mais s’il attaque le Ventoux avec quatre-cinq minutes de retard sur une échappée, ça ne l’empêchera pas forcément de gagner. Après une course comme celle-là, tu peux reprendre beaucoup de temps dans le Ventoux”.

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Portrait de Yoann BAGOT
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Portrait de Jérémy MAISON