Steve Chainel : « Ni aigri, ni déçu »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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Mardi dernier, la structure belge Corendon-Circus de Mathieu Van der Poel a officialisé le recrutement du jeune français Antoine Benoist (voir ici). Le Champion de France Espoirs de cyclo-cross en titre, médaillé de bronze au dernier Mondial, ne portera ainsi plus le maillot du Team Chazal-Canyon. Un coup dur pour le projet de Steve Chainel ? Ce dernier préfère tout de même voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, et se projette déjà vers l’avenir. DirectVelo fait le point avec l’athlète de 35 ans.

DirectVelo : La formation Corendon-Circus a officialisé cette semaine l’arrivée dans ses rangs du coureur phare de ton projet, Antoine Benoist. Comment prends-tu cette nouvelle ?
Steve Chainel : Je la prends très bien. On ne peut être que satisfait qu’un coureur comme Antoine s’épanouisse avec un statut professionnel que j’étais incapable de lui donner. Il aura, en plus, la chance de courir au côté de Mathieu Van der Poel, qui pourrait bien devenir l’un des plus grands champions que le cyclisme ait connu. D’un point de vue purement sportif, comme financier, nous pouvions difficilement concurrencer cette offre.

« JE NE VEUX PAS SERVIR UNIQUEMENT D'INTERMÉDIAIRE »

On sait que tu espérais voir ton projet prendre de l’ampleur saison après saison. Le départ de ce très grand espoir du cyclo-cross mondial ne marque-t-il pas un coup d’arrêt pour l’équipe Chazal-Canyon ?
Je comptais beaucoup sur lui, comme il comptait beaucoup sur moi, pour que l’on puisse créer une sorte de Corendon à la française, finalement. Mais je ne suis pas du tout aigri, ni déçu. Au contraire, je préfère me dire que l’on est dans le juste. Cela prouve que les jeunes qui passent par chez nous peuvent ensuite réussir à rejoindre le plus haut-niveau, puisque les meilleures formations belges viennent récupérer nos coureurs. A moi, désormais, de me bouger pour faire en sorte que l’on ne devienne pas l’Auber 93 (équipe dans laquelle il avait débuté sa carrière professionnelle sur route, NDLR) du cyclo-cross, et je le dis avec beaucoup de respect. Mais je ne veux pas que mes coureurs ne soient que de passage dans mon équipe. Je ne veux pas servir uniquement d’intermédiaire.

T’attendais-tu à ce départ ?
Pour être honnête, je l’avais imaginé et anticipé. Quand je démarchais de nouveaux partenaires ces derniers temps, je ne parlais pas trop d’Antoine (sourires). Il est quelqu’un de très exigeant, dans le bon sens du terme. Dès qu’il avait une interrogation, il fallait vite lui apporter des réponses… Sur le matériel, par exemple. On discutait très souvent de tout ça par le passé. Mais ces derniers mois, je le trouvais plutôt silencieux. Je savais également qu’il était parti en stage à Majorque, avec Loris Rouiller notamment (coureur de la Corendon-Circus, NDLR). Je me doutais qu’il se passait quelque chose. De toute façon, avec la saison de cross qu’il a fait l’hiver dernier, si personne ne l’appelait, c’est que les managers avaient de la merde dans les yeux.

« SI ON PEUT IMPULSER UN NOUVEAU DYNAMISME, C’EST PARFAIT »

A quoi ressemblera l’équipe l’hiver prochain ?
Nous serons cinq. Mickaël Crispin, Yann Gras et moi-même, seront toujours là. Nous allons également recruter une féminine, qui va passer des rangs Juniors à Espoirs. Et un coureur espoir. Nous avons récemment annoncé la signature d’un nouveau partenariat, avec la société 3G Immo. L’objectif à moyen et long terme reste le même : créer une structure la plus solide possible, jusqu’au niveau Continental. Je suis sûr qu’il y a encore de belles choses à faire, et que le cyclo-cross peut progresser. Je ne suis pas le seul à en avoir envie. Quand je vois qu’un garçon comme Arnaud Jouffroy revient dans le jeu, ça me fait plaisir (lire ici). Si on peut impulser un nouveau dynamisme, c’est parfait. 

En terme de résultats, les ambitions pourront-elles être les mêmes sans Antoine Benoist ?
Je compterai beaucoup sur Mickaël Crispin. Il sera Espoir 4. On lui a laissé trois ans pour s’épanouir, pour apprendre. Mais maintenant, il doit aller chercher des Top 5 en Coupe du Monde. J’espère qu’il va se bouger le cul. Je crois en lui, il peut le faire. Et puis, ce sera aussi à moi de refaire deux-trois Top 10 en Coupe du Monde si je le peux. Je roulerai dans l’optique d’aller chercher un nouveau titre de Champion de France. Je serai coureur à 100% dès le 1er septembre, puisque notre staff va se renforcer. Je n’aurai plus qu’à m’occuper du sportif et c’est tant mieux, car il est hors de question que je refasse un mois de janvier aussi pourri que l’an dernier. Pour le moment, je ne cours pas énormément sur la route car je dois gérer tous les à-côtés, sans oublier mon boulot à Eurosport, car c’est quand même mon seul revenu actuellement. Mais j’essaie toujours de caser un maximum d’entraînements dans cet emploi du temps et j’ai toujours autant l’envie de me faire mal.

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