Tom Pidcock, le phénomène impatient

Crédit photo Philippe Seys

Crédit photo Philippe Seys

Ce dimanche à Paris-Roubaix Espoirs, Tom Pidcock a donc ajouté une ligne à un palmarès déjà très fourni : Champion du Monde Juniors de contre-la-montre en 2017, double Champion d'Europe Espoirs de cyclo-cross, Champion du Monde Espoirs dans les labourés,  sans oublier son succès à Paris-Roubaix Juniors 2017, une étape au Triptyque des Monts et Châteaux, ... Bref, la liste est longue alors qu'il n'a encore que 19 ans. "Sans exagération, on peut parler d'un phénomène", constate son entraineur Kurt Bogaerts. 

L'ancien manager d'An Post-Chainreaction s'occupe du coureur du Team Wiggins-Le Col depuis octobre 2018. "Je le suis depuis longtemps. Je connais bien Andrew McQuaid, le directeur de Trinity Sports Management (NDLR : Trinity Sports Management est une agence dans la gestion du sport, le marketing et les événements représentant des sportifs du monde entier). C'est ainsi que la relation s'est établie." Dans un premier temps, une structure pour le cyclo-cross TP Racing a été mise en place. L'hiver prochain, il va chercher à passer un cap dans cette discipline. "Il va rouler avec les Elites. Nous verrons bien ce qu'il sera en mesure de faire contre le duo Wout van Aert-Mathieu Van der Poel. Je veux qu'il soit en forme pour la première manche du Superprestige."

PAS DE TOUR D'ITALIE ESPOIRS

Avant les labourés, le vainqueur de la Philippe Gilbert Juniors 2016 visera le titre mondial sur la route dans son jardin au Yorkshire. "Il vient de Leeds. Donc, ce rendez-vous sera important. Il sera engagé sur les deux fronts, le chrono et la course en ligne." Son programme est établi avec beaucoup de précision en vue de ce rendez-vous. C'est pourquoi il observe à présent une période de repos pendant trois semaines. Ce qui veut dire qu'il manquera le Tour d'Italie Espoirs. "Il aurait pu y briller. Physiquement, il est prêt. Quand je vois ce qu'il est capable de faire en altitude, j'aurais aimé voir son comportement dans un Grand Tour Espoirs. Cependant, il doit aussi se reposer mentalement. Il ne faut pas le cramer."

Par conséquent, Paris-Roubaix Espoirs était la dernière course de son printemps. Le Belge de 41 ans tire un bon bilan de cette période pour son poulain. "Sans cette chute dans la dernière ligne droite au Tour des Flandres, il aurait gagné. Il a mis un petit temps pour s'en remettre. Du coup, il n'était pas à 100% à Liège-Bastogne-Liège. Au Tour du Yorkshire, il était malade. Du coup, il s'est concentré sur Paris-Roubaix. Il voulait la gagner. C'est sa course préférée."

AUCUN POINT FAIBLE SAUF SON IMPATIENCE

Les sprints massifs, le contre-la-montre, les pavés, les monts ardennais, rien n'arrête le Britannique. A-t-il un point faible ? "Aucun. Il grimpe même mieux que Mathieu Van der Poel à mon sens même si j'ai entendu dire qu'il comptait perdre cinq kilos dans le futur. En ce qui concerne Pidcock, il est trop impatient. Il roule de manière fort nerveuse. Cela pourrait lui jouer des tours. Le plus important, c'est ce qu'il continue de progresser. Mais je n'ai jamais travaillé avec un athlète pareil." Kurt Bogaerts le compare un peu à l'Irlandais Edward Dunbar, pro au Team Inéos. "Ce petit gars avait aussi un sacré potentiel pour son gabarit mais Pidcock possède davantage de technique et d'explosivité. Je suis convaincu que l'Irlandais va faire carrière. Il vient de terminer 21e de son premier Tour d'Italie. C'est de bon augure."

Reste à savoir combien de temps l'Espoir 2 restera dans la catégorie des moins de 23 ans. "Nous n'avons pas fixé de date précise. Nous n'aurons aucun souci pour trouver une équipe. Il pourrait déjà gagner dans le WorldTour mais rien ne le garantit. C'est beaucoup moins évident. Je lui conseille d'ailleurs sans arrêt de s'éclater avant tout."

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