Romain Feillu à la croisée des chemins

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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Romain Feillu a de beaux restes. Ce dimanche, le sociétaire de la formation St-Michel-Auber 93 s'est mêlé à la lutte pour la victoire sur le Grand Prix de la Somme (1.2). Au cours de l'emballage final, il ne lui a pas manqué grand chose pour s'offrir un 21e succès chez les professionnels. Le sprinteur de 35 ans doit néanmoins se contenter de la deuxième place de l'épreuve. ''Je suis un petit peu déçu, mais j'aurais signé pour ça au départ. Je n'étais pas trop confiant'', confie-t-il à DirectVelo.

« J'Y PENSAIS DEPUIS QUELQUES ANNÉES »

Romain Feillu ne se ment pas. Il est sur le déclin. Moins rapide que pendant ses meilleures années, il préfère s'adapter et modifier ses tactiques de course. ''Aller prendre des risques, ça me branche moins. Avant je le faisais pour gagner, mais maintenant, c'est pour terminer dans le Top 10'', reconnaît celui qui a su profiter de sa grande expérience pour parvenir à tirer son épingle du jeu. Pour ce faire, le trentenaire a réussi à se faufiler dans le sillage de ses principaux adversaires. ''Je me suis placé dans les roues des Vital Concept-B&B Hôtels et des Total Direct Énergie. Lorrenzo Manzin a levé les bras et ne m'a pas vu remonter. Il ne me voyait pas, mais j'arrivais très vite. À dix mètres de la ligne, j'avais encore un vélo et demi de retard. J'ai jeté mon vélo et ça s'est joué à environ cinq centimètres''.

Romain Feillu se rassure donc au terme d'une période délicate. Depuis le début de sa dernière saison dans le peloton, l'ancien maillot jaune du Tour de France avait été contraint à de nombreuses reprises à l'abandon. ''Dernièrement, ce n'était pas forcément facile'', souffle-t-il. Et pour cause, il a débuté une formation dans l'optique d'assurer sa reconversion professionnelle. ''J'ai donc été beaucoup absent à cause de ma formation. J'ai débuté un DEJEPS (Diplôme d’État Jeunesse, Éducation Populaire et Sport). J'y pensais depuis quelques années. Je fais moins de courses''. Ces nouvelles obligations extra-sportives ne lui ont pas permis d'entamer la saison avec la condition physique qu'il espérait. ''Ce n'était pas évident cet hiver, mais là, c'est une période où j'ai plus de temps. Jusqu'à la fin mars, j'avais une semaine de présentiel à la formation par mois. Maintenant, ce n'est plus le cas. Désormais, je vais avoir quatre mois plus faciles''.

« JE ME SUIS RECENTRÉ SUR D'AUTRES CHOSES »

À terme, Romain Feillu envisage de rester au sein de la structure St-Michel-Auber 93. ''J'aime le vélo et l'immobilier. C'est vraiment ça qui me fait vibrer. J'aime les gens et je pense avoir un bon relationnel. J'ai envie de concilier tout ça. Pourquoi pas devenir chargé de relation avec les partenaires, le public et éventuellement organiser des stages d’entraînement pour compétiteurs''. L'ancien sociétaire de VacanSoleil est désormais à la croisée des chemins. S'il se montre encore performant sur le vélo, il n'a néanmoins plus que de moins en moins l'esprit de compétition. Au lieu de se concentrer sur ses performances, il préfère se tourner vers le partage et la formation des plus jeunes. ''Je prends encore du plaisir en course, mais je préfère désormais l’entraînement contrairement à mes débuts. J'ai peur de tomber depuis 2016 et une chute sur le Tour de la Somme. Je préfère passer du temps avec l'équipe et aider sur le plan humain en étant avenant. Je suis là pour participer, apporter mon expérience et non pour être leader'', sourit-il.

À l'heure de tirer un bilan après pas moins de quatorze saisons au sein du peloton professionnel, Romain Feillu sait qu'il aurait pu connaître une carrière davantage réussie encore. ''J'ai quelques regrets liés à mes problèmes au genou. Quand j'étais chez VacanSoleil, j'ai dû abandonner le Tour de France à cause de ça. Ce n'était pas parce que j'étais cramé, mais à cause de mon genou. Ça m'a détruit psychologiquement''. Suite à cette mésaventure, le Loir-et-Chérien a décidé de prendre du recul. Sur lui, mais aussi sa perception du cyclisme. ''Je me suis recentré sur d'autres choses de la vie. Avant je n'avais que le vélo dans ma vie. Puis j'ai eu mon couple, ma maison, des enfants et même des animaux. Maintenant, je regarde le vélo plus comme une passion. En début de carrière, je bataillais pour être au top, mais ce genou m’empêchait d'aller plus loin dans l’entraînement. À partir de 2015, j'ai connu pas mal de déceptions donc depuis, je fais au feeling. Je suis rentré dans un état d'esprit différent''. En 2020, Romain Feillu continuera à prendre du plaisir sur le vélo, mais sans compétition.

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