Paris-Roubaix Juniors en sursis

Crédit photo Christophe Dague - DirectVelo

Crédit photo Christophe Dague - DirectVelo

Sans John Degenkolb, Hugo Toumire ne serait jamais monté sur le podium du Paris-Roubaix Juniors. Puisque sans le coureur allemand, il n’y aurait tout simplement pas eu d’édition 2019 de la course pourtant mythique (lire ici). Et John Malaise, l’organisateur de la course, ne trouve pas de mots à la hauteur de sa reconnaissance pour le geste du professionnel de l'équipe Trek-Segafredo. "On revient de très loin ! Grâce à lui, on a pu réaliser notre 17e édition ! J’avais lancé un appel sur Facebook début février car je ne parvenais pas à boucler le budget. C’est arrivé à ses oreilles, et grâce à lui, on a pu sauver Paris-Roubaix Juniors cette année", déclare-t-il à DirectVélo.

Soucieux de cette situation précaire, le directeur de course a pour autant essayer de profiter de cette édition qui, à l’instar de l’année dernière, s’est déroulée sous un temps sec. "On n’a pas eu de pluie et c’est ce qui m’importe le plus avec les jeunes qui n’ont pas l’habitude de passer les pavés ! Du coup, tout s’est bien passée, malgré quelques accidents… comme dans tout Paris-Roubaix qui se respecte", sourit-il. Mais à peine l’édition 2019 terminée, ce sont déjà les questions de la pérennité de l’épreuve qui se posent. "Je suis très inquiet. A mon avis, ça ne va se reproduire tous les ans d’avoir un coureur qui fait une cagnotte pour nous aider !", souligne celui qui a nommé Trophée John Degenkolb le prix du meilleur coureur sur les pavés. Un trophée remporté cette année par l’américain Michael Garrison.

« J'AI BEAUCOUP DE CRAINTES »

"J’espère qu’il y aura une prise de conscience des difficultés -en raison notamment du manque de médiatisation- que nous rencontrons pour boucler le budget d’une épreuve Juniors. J’espère que d’autres partenaires entendront qu’on a besoin d’eux". Comme ASO ? "Oui, Ils ont, à mon avis, les moyens de nous aider. Je sais qu’ils le font déjà à un bon niveau pour l’édition Espoirs ". Au-délà d’ASO, c’est à toutes les entreprises privées qui aiment le vélo que le Nordiste veut lancer un appel. "Certains partenaires avec qui j’étais en lien par mon travail vont cesser leur partenariat puisque je suis à la retraite. Et le contexte économique n’est pas extraordinaire. C’est pour cette raison que j’ai donc beaucoup de craintes". Quasi indissociable de cette épreuve, le nordiste va donc s’attacher dès demain à trouver les financements pour l’édition 2020. "C’est la plus belle course au Monde. Il faut qu’elle ait lieu, d’autant qu’elle fait aussi partie de la formation des jeunes coureurs".

L’expérience montre qu’aucune course n’est éternelle, y compris les plus mythiques. On ne trouve pas "toujours" de solution, malgré la meilleure volonté du monde. John Malaise le sait, et c’est certainement pour cela qu’il n’arrive pas à savourer totalement l’instant. "Oui, c’est vrai que je suis entre deux sentiments. A la fois hyper heureux d’avoir pu organiser cette édition, mais aussi triste intérieurement de ne pas savoir de quoi sera fait l’avenir". A bon entendeur.

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